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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Anthropologie et historicité. Le sahel à l’envers

  • Jean-Loup Amselle, directeur d'études de l'EHESS (*) ( IMAF )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

  • Anne Doquet, chargée de recherche à l'IRD ( IMAF )
  • Alexis Roy, chargé de recherche au CNRS ( IMAF )

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

(bd Raspail 75006 Paris), Cf. calendrier des séances, horaires et salles ci-dessous

  • Vendredi 24 novembre 2017, de 15 h à 17 h : salle de réunion (IMAF, 2e étage, 96 bd Raspail)
  • Vendredi 15 décembre 2017, de 15 h à 17 h : salle de réunion (IMAF, 2e étage, 96 bd Raspail)
  • Vendredi 12 janvier 2018, de 15 h à 17 h : salle 1 (105 bd Raspail)
  • Vendredi 9 février 2018, de 15 h à 17 h : salle 3 (105 bd Raspail)
  • Vendredi 9 mars 2018, de 15 h à 17 h : salle 9 (105 bd Raspail)
  • Vendredi 13 avril 2018, de 13 h à 15 h : salle 4 (105 bd Raspail)

Dans ce séminaire, on s’efforcera de proposer des pays du Sahel contemporain (Sénégal, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad), une image différente de la doxa prévalente. Actuellement l’attention des médias est focalisée principalement sur le terrorisme et le djihadisme qui affectent toute cette zone. La réalité de ces pays est toutefois largement différente : il ne s’agit pas en effet d’opposer les méchants djihadistes « blancs » du Nord aux populations pacifiques « noires » du sud de ces pays mais de mettre au jour les relations entre les différentes régions de ces différents pays, ainsi que les causes politiques et économiques sous-jacentes à ces affrontements et que l’on ne saurait réduire à des conflits religieux entre un islam radical, salafiste ou wahhabite et un islam soufi et tolérant ou à de simples luttes ethniques. L’ensemble de ces pays est le théâtre de recompositions politiques qui, loin de refléter une résurgence de la « tradition » face à la globalisation, manifeste au contraire des contradictions entre différentes formes de contemporanéité : les sociétés sahéliennes constituent ainsi un sujet privilégié pour étudier les relations entre anthropologie et historicité.

Suivi et validation pour le master : Mensuel annuel/bimensuel semestriel (12 h = 3 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie

Intitulés généraux :

  • Jean-Loup Amselle- Anthropologie et historicité
  • Niveau requis :

    ouvert à tous.

    Adresse(s) électronique(s) de contact : amselle(at)ehess.fr, annedoquet(at)yahoo.fr

    Compte rendu

    Dans ce séminaire, on s’est efforcé de proposer des pays du Sahel contemporain (Sénégal, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad) une image différente de la doxa en vigueur. Actuellement l’attention des médias est focalisée principalement sur le terrorisme et le djihadisme qui affectent toute cette zone. La réalité de ces pays est toutefois différente : il ne s’agit pas d’opposer les méchants djihadistes « blancs » du nord aux populations pacifiques « noires » du sud mais de mettre au jour les relations entre les différentes régions de ces pays ainsi que les causes politiques et économiques sous-jacentes à ces affrontements et que l’on ne saurait réduire à des conflits religieux entre un islam radical, salafiste ou wahhabite et un islam soufi ou tolérant, ou encore à de simples luttes ethniques.
    L’ensemble de ces pays est le théâtre de recompositions politiques qui, loin de refléter une résurgence de la « tradition » face à la globalisation, manifestent au contraire des contradictions entre différentes formes de contemporanéité.
    Dans cette perspective, une présentation de la notion de « Sahel » a tout d’abord été faite dans son acception géographique et historique de façon à montrer qu’elle est une construction conceptuelle qui acquit surtout un sens dans le contexte des anciennes colonies françaises d’Afrique occidentale. Situé entre le Sahara et la Savane, entre le monde « blanc » et le monde « noir », le Sahel fut conçu comme un espace intermédiaire au sein duquel a fleuri un certain nombre d’États précoloniaux musulmans comme l’Empire peul du Macina ou celui d’El Hadj Omar, ce qui établit un lien avec la période actuelle dans la mesure où certains mouvements djihadistes, tel le Front de Libération du Macina se réclament de ces formations politiques anciennes. Dans cette optique Boukary Sangaré (Université de Leiden) est intervenu sur la situation des Peuls du centre du Mali. Depuis 2015, les épisodes violents se sont démultipliés dans la zone. Loin des lectures sécuritaires classiques, B. Sangaré a mis en avant les dynamiques sociopolitiques que traverse cet espace pour mieux déconstruire certaines représentations sur l’émergence de groupes armées djihadistes. Certains pasteurs transhumants auraient ainsi profité du désordre ambiant (absence de l’État et des forces de sécurité, règlements de compte) pour s’extraire de rapports de dépendance permettant l’accès aux pâturages et aux points d’eau. L’adhésion apparente aux thèses djihadistes constituerait en fait un moyen de contester les hiérarchies en présence, et de s’en extraire à des fins politiques, économiques et sociales plutôt que religieuses.
    De façon plus large, on a tenté lors de ce séminaire, de gommer l’opposition qui est établie à propos du Mali entre les conflits religieux du Nord et les contestations sociales du sud du pays puisqu’il est apparu que les soulèvements djihadistes avaient également une connotation sociale et politique, celle d’une mise en cause de l’État malien.
    Une attention particulière a été ainsi portée aux clivages ethniques également porteurs de conflits sociaux qui affectent actuellement le pays. L’affrontement entre Peuls et Dogons comporte également la suspicion pour ces derniers d’être des agents de l’armée malienne, suspicion qui doit être replacée dans le contexte d’une origine mandé qui leur est attribuée et qui traduit une opposition croissante entre un monde sudiste considéré comme mandé et un monde nordiste, terre d’élection des populations « blanches » (Touaregs, Maures) et « rouges » (Peuls). C’est en cela que l’attention portée par le pouvoir malien, mais aussi par d’autres voix ouest-africaines, à la Charte du Mandé est un facteur de division dans toute cette zone sahélienne.
    Enfin une réflexion a été élaborée par Vincent Bonnecase (CNRS) sur l’« invention » du Sahel en tant que zone à problème consécutivement aux grandes sécheresses qui affectent toute cette zone depuis plusieurs décennies et à la dramatisation médiatique qui en résulte.

    Publications

    • « L’excision et l’homosexualité. Enjeux politiques au Mali », Les Temps modernes, n° 698, 2018, p. 3-19.
    • « Au-delà et en deçà du postcolonialisme », Les Temps modernes, n° 699, 2018, p. 76-84.
    • Avec S. Bachir Diagne, En quête d’Afrique(s). Universalisme et pensée décoloniale, Paris, Albin Michel, 2018.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 20 octobre 2017.

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