baobab
Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

L’atelier se veut à la fois : 1) une initiation empirique aux méthodes quantitatives, à travers la constitution collective d’une base de données et son traitement par les étudiants sur des thèmes variés ; et 2) une introduction à la sociologie politique, en particulier à la sociologie des élites administratives, aux relations internationales et à la sociologie de l’action publique.

L’objet principal de l’atelier est de constituer une base de données à partir de L’annuaire diplomatique, qui recense depuis la fin du XIX^e siècle l’ensemble des carrières des diplomates, année après année, ainsi qu’un certain nombre de leurs propriétés (âge, diplômes, titres, etc.). Cet annuaire se trouve aux archives du ministère des Affaires étrangères à La Courneuve, où il est disponible en accès libre. Un travail similaire est effectué à partir de l’annuaire du ministère de l'Intérieur.

Ces données seront complétées par les données collectées par Elsa Favier sur les carrières des énarques à partir des archives de l'ENA sur les carrières des diplômées de l’ENA depuis les années 1970 et depuis 1946 à partir du site lesbiographies.com (géré par la société générale de presse).

Plusieurs séances seront organisées pour présenter ces deux annuaires, réfléchir aux variables pertinentes pour la base de données, puis mettre en place le cadre de saisie et la méthode d’échantillonnage, mais aussi initier les étudiants aux méthodes longitudinales et au traitement statistique des trajectoires d’un groupe professionnel.

Parallèlement, plusieurs séances servent d’introduction à la sociologie de l’administration, de la diplomatie et des relations internationales, dans la continuité du cours d’introduction lancé en 2016-2017 « Lectures en sociologie politique : Etat, administration et action publique ».

L’objectif de ces séances est d’amener les étudiants à comprendre l’apport d’une approche de sociologie des professions et des élites à un objet traditionnellement réservé à l’étude des relations internationales – la diplomatie – ou de l’action territoriale – la préfectorale.

Après un panorama de la discipline, on revient sur certaines thématiques et auteurs clés de l’an passé : la formation et les trajectoires de hauts-fonctionnaires en France (autour des travaux de Jean-Michel Eymeri, Françoise Dreyfus, Frédéric Sawicki et Pierre Mathiot, Sylvain Laurens), le genre dans la haute administration (Elsa Favier, Linda Clark et Catherine Marry, Alban Jacquemart, Sophie Pochic, Laure Béréni, Fanny Le Mancq, Anne Revillard), l’élaboration des grandes figures de serviteurs de l’État (Pierre Bourdieu et Rosine Christin, Brigitte Gaïti) ou les réformes néo-managériales de la bureaucratie  (Philippe Bezès, Julie Gervais).

Des travaux récents de sociologie et d’histoire de la diplomatie/des diplomates (David Ambrosetti, Florent Pouponneau, Yves Buchet de Neuilly, Marc Loriol, Julien Meimon, Marie-Christine Kessler, Christian Lequesne, Jérémie Cornut, Romain Lecler) et des préfets  (Pierre Karila-Cohen sur le XIX^e siècle, Jeanne Siwek-Poudeysseau sur la IV^ème République, Gildas Tanguy, François de Singly) sont également présentés et discutés. Ils sont complétés par une introduction aux grandes approches des relations internationales et de l’action territoriale.

Voici une liste des thématiques possibles sur laquelle les étudiants pourront travailler, seuls ou à plusieurs, dans le cadre de l’atelier :

• les carrières des femmes aux Affaires étrangères et en Préfectorale de la fin du XIX^e siècle à nos jours (entretiens possibles auprès des membres de l’association « Femmes et diplomatie » et « Femmes de l’intérieur ») ;
• les carrières diplomatiques dans les pays colonisés d’Afrique, du Proche-Orient et d’Asie avant et après les indépendances ;
• les carrières préfectorales dans les territoires et départements d’Outre-Mer ;
• l’évolution de la place des aristocrates au quai d’Orsay de la fin du XIX^e siècle à nos jours ;
• l’effet de la création d’une nouvelle filière de recrutement par le biais de l’ENA en 1945 sur les carrières administratives ;
• l’évolution du recrutement au sein de la diplomatie culturelle/économique ;
• l’évolution de long-terme du recrutement sur certains « gros » postes ou certains postes « sensibles » (New York, Washington, Moscou, Bruxelles, Pékin, etc. ; Paris, Marseille, Ajaccio, etc.) ;
• l’analyse de trajectoires individuelles de « grandes figures » de la diplomatie/préfectorale (grands préfets, grands négociateurs, diplomates-écrivains, etc.) ou de trajectoires de femmes (par exemple le cas emblématique de Suzie Borel), complétée par la consultation des archives diplomatiques à la Courneuve et des archives du ministère de l’Intérieur.

Cet atelier est fortement conseillé aux étudiants de sciences sociales qui voudraient se spécialiser en science politique. Il est également hautement recommandé aux étudiants qui envisagent une carrière dans l’administration et la fonction publique.

Le cours n’implique aucun prérequis mais nécessite une assiduité tout au long de l’année et un fort investissement individuel et collectif tout au long des 12 séances.

La remise d’un compte-rendu en fin d’année sur un thème de recherche mobilisant la base de donnée entraîne la validation.