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1er et 3e lundis du mois de 9 h à 11 h (salle 11, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 6 novembre 2017 au 18 juin 2018. La séance du 7 mai est annulée
L’omniprésence des caméras au cœur des révoltes et des combats a engendré une somme considérable d’images et de sons captés par ceux-là même aux prises avec les événements. Partagées sur YouTube ou les réseaux sociaux, ces vidéos ne sont pas réductibles à leur fonction documentaire : elles s'inscrivent également dans l'expérience de la protestation, de la guerre ou de la violence extrême. Filmer ou se mettre en scène est aussi une manière d'être et d'agir. Au croisement de l'anthropologie visuelle et des sciences politiques, ce séminaire propose une réflexion sur les pratiques et les grammaires de la vidéo vernaculaire en situation de conflit. Dans quelle mesure ces vidéos fragiles, opaques et souvent anonymes peuvent-elles devenir un site d’enquête pour le chercheur ? Plus spécifiquement, nous explorerons les manières dont la vidéo peut façonner l’expérience vécue. Le cas syrien, paradigmatique d'un usage intense et massif de la vidéo depuis 2011 dans les différentes phases du soulèvement et de la guerre, constituera notre fil conducteur. Il sera mis en résonance avec d’autres recherches et d'autres terrains qui appréhendent ce type d’objets audiovisuels afin de mieux comprendre comment les contextes politiques, guerriers et culturels agissent sur les pratiques et les usages de la vidéo pour protester, combattre, témoigner et se souvenir.
Mots-clés : Anthropologie visuelle, Comparatisme, Émotions, Épistémologie, Globalisation, Guerre, Image, Médias, Mobilisation(s), Numérique, Réseaux sociaux, Révolutions, Témoignage, Violence, Visuel,
Aires culturelles : Arabe (monde), Contemporain (anthropologie du, monde), Transnational/transfrontières,
Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Intitulés généraux :
Réception :
sur rendez-vous.
Adresse(s) électronique(s) de contact : cecile.boex(at)ehess.fr
L’omniprésence des caméras au cœur des révoltes et des combats a engendré une somme considérable d’images et de sons captés par ceux-là même qu’ils sont aux prises avec les événements. Partagées sur YouTube ou les réseaux sociaux, ces vidéos ne sont pas réductibles à leur fonction documentaire : elles s’inscrivent également dans l’expérience de la protestation, de la guerre ou de la violence extrême. Filmer ou se mettre en scène est aussi une manière d’être et d’agir. Tout au long de ce séminaire, et ce à partir de différents corpus de vidéos, nous avons exploré les lexiques et les textures de ces formes audiovisuelles vernaculaires issues de situations de conflit. Qui les réalise et les met en ligne ? Dans quels buts ? Quels en sont les formes et les contenus ? Plus spécifiquement, nous avons mené une réflexion sur les manières dont la vidéo peut façonner l’expérience vécue en portant une attention particulière à la densité (matérielle, corporelle et émotionnelle) des images et des sons, toujours situés dans des lieux, des temporalités et des situations singulières. En effet, ces vidéos ne documentent pas seulement les événements : elles les façonnent, tout comme la perception qu’on peut en avoir. Elles ont donc des conséquences dans le réel, sur ceux qui font les vidéos, ou qui apparaissent à l’image et pour ceux qui les regardent. Nous avons été attentifs aux transactions entre le réel et sa médiation par la vidéo en revenant à la genèse de l’acte de filmer, de ce qu’il signifie et de ce qu’il provoque dans l’image mais aussi au-delà. Le cas syrien, paradigmatique d’un usage intense et massif de la vidéo depuis 2011 dans les différentes phases du soulèvement et de la guerre, a constitué notre fil conducteur.
En plus des aspects méthodologiques concernant les techniques de navigation sur YouTube, la collecte et la constitution de corpus sur un terrain numérique particulièrement instable, nous avons abordé la question de l’opacité, propre aux vidéos prises au cœur même de l’action ; laquelle souligne l’intensité du moment vécu mais aussi une tension contradictoire entre l’impulsion de l’acte de filmer et sa fragilité. Nous avons également analysé les indices de la professionnalisation de la prise d’image afin de voir comment l’usage réfléchi de la vidéo va venir réinterpréter et renouveler le répertoire de la manifestation tout comme les formes de l’engagement et du témoignage. Avec Kari Anden Papadopoulos (Université de Stockholm) et Dima Saber (Université de Birmingham), nous avons interrogé l’activisme par l’image, toujours en Syrie, du point de vue des Media Studies. Le mouvement étudiant du mois de mai a aussi été l’occasion d’organiser une séance alternative avec des étudiants syriens engagés dans le mouvement de révolte en Syrie pour parler du rôle que l’image y a joué et réfléchir à des formes d’usage commun. L’exposé de Giulia Galluccio (EHESS), nous a permis de mieux comprendre l’expérience combattante et les modalités de sa mise en scène au sein du groupe jihadiste Jabhat al Nusra. Enfin, dans une perspective comparative Agnès Devictor (Université Paris 1) est venue présenter sa recherche en cours sur les vidéos produites par les combattants afghans chiites présents en Syrie et en Irak, venant éclairer des formes de récits et de mises en scène spécifiques.
Publications
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 6 mai 2018.