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Depuis l’enquête pionnière de Reinhart Koselleck, il est généralement admis que la notion de crise est un trait fondamental de la modernité et qu’elle est étroitement associée à l’émergence de la critique dans le monde occidental. La crise n’existe pas en tant que telle, elle est le produit d’un jugement critique sur l’histoire du présent. Au cours de la période récente, cependant, un mouvement inverse semble s’être produit avec une généralisation et même une banalisation du discours sur la crise que traverseraient les sociétés contemporaines, tandis que la critique paraissait sinon s’essouffler, comme ont pu l’affirmer certains, du moins perdre de sa légitimité et de sa force. Mais de quelle crise parle-t-on, et à quelle critique s’en prend-on ? C’est à ces questions que le séminaire s’efforcera de répondre en explorant à la fois les formes multiples de la crise (sociale, politique, morale, cognitive, etc.) et les expressions diverses de la critique (théorie critique, critique généalogique, etc.). Il s’agira à la fois de relire des textes et des auteurs et de revisiter des enquêtes et des travaux en puisant dans des sources au croisement de plusieurs disciplines. Les exposés seront complétés par des lectures commentées et des conférences invitées.
Lundi 8 janvier, de 9 h à 13 h : Critique de la crise (1). Généalogies
Étude de cas : ce que la crise fait à la démocratie
Textes de Reinhart Koselleck, Janet Roitman et Joseph Masco
Lundi 8 janvier, de 14 h à 18 h : Critique de la crise (2). Variétés
Étude de cas : économie morale, crise humanitaire
Textes de David Bond, Dimitrios Gkintidis et Andrew Lakoff
Mardi 9 janvier, de 9 h à 13 h : Constructions (1). Temporalités
Étude de cas : rendre visible, rendre invisible
Textes de Rebecca Bryant, Sarah Muir et Dipesh Chakrabarty
Mardi 9 janvier, de 14 h à 18 h : Constructions (2). Expériences
Étude de cas : épreuve épidémiologique, épreuve épistémologique
Textes de Matthew Desmond, Jaime Palomera et Jessica Winegar
Mercredi 10 janvier, de 9 h à 13 h : Crise de la critique (1). Formes
Étude de cas : critiquer, c’est différencier
Textes de Michel Foucault, Axel Honneth et Talal Asad
Mercredi 10 janvier, de 14 h à 18 h : Crise de la critique (2). Contestations
Étude de cas : le moment critique
Textes de Bruno Latour, Jacques Rancière, Wendy Brown
Mots-clés : Anthropologie sociale, Démocratie, Épistémologie, Histoire intellectuelle, Intellectuels, Migration(s), Morale, Philosophie, Politique,
Aires culturelles : Contemporain (anthropologie du, monde),
Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire semestriel (24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Intitulés généraux :
Renseignements :
Didier Fassin, Institute for Advanced Study, Einstein Drive, Princeton, NJ 08540. Contact : cchalfoun(at)ias.edu
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous.
Réception :
sur rendez-vous.
Site web : http://www.sss.ias.edu/faculty/fassin
Site web : http://iris.ehess.fr/index.php?131
Adresse(s) électronique(s) de contact : cchalfoun(at)ias.edu
Depuis l’enquête pionnière de Reinhart Koselleck, il est généralement admis que la notion de crise est un trait fondamental de la modernité et qu’elle est étroitement associée à l’émergence de la critique dans le monde occidental. La crise n’existe pas en tant que telle, elle est le produit d’un jugement critique sur l’histoire du présent. Au cours de la période récente, cependant, un mouvement inverse semble s’être produit avec une généralisation et même une banalisation du discours sur la crise que traverseraient les sociétés contemporaines, tandis que la critique paraissait sinon s’essouffler, comme ont pu l’affirmer certains, du moins perdre de sa force et de sa légitimité. Mais de quelle crise parle-t-on, et à quelle critique s’en prend-on ? C’est à ces questions que le séminaire s’est efforcé de répondre en explorant à la fois les formes multiples de la crise et les expressions diverses de la critique.
Le séminaire s’est d’abord attaché à discuter la généalogie de la notion de crise à partir d’une enquête philologique et historique. Il s’est ensuite orienté vers une discussion critique des questions de construction des crises, de diversité et de temporalité, de formes et d’expériences sur la base d’une série d’études de cas : surexposition de la crise des migrants et invisibilisation de la crise de l’institution punitive en Europe ; crise épidémiologique et crise épistémologique autour du sida en Afrique du Sud ; crise humanitaire et crise politique à la suite de glissements de terrain au Venezuela. Il a enfin discuté la crise de la critique dans les sciences sociales et les humanités, et les pistes en vue de son renouvellement.
Quatre interventions sont venues enrichir la compréhension des crises : Sophie Wahnich, directrice de recherche au CNRS, a discuté la crise de l’humanisme à la lumière des débats autour de la Révolution française depuis un demi-siècle ; Hamit Bozarslan, directeur d’études à l’EHESS, a traité de la crise révolutionnaire dans une perspective à la fois théorique et historique, en référence notamment aux printemps arabes ; Luc Boltanski, directeur d’études émérite à l’EHESS, est revenu sur l’opposition entre sociologie critique et sociologie pragmatique de la critique ; et Bernard Harcourt, professeur à l’université de Columbia et directeur d’études à l’EHESS, s’est intéressé aux transformations de la critique comme pratique.
Parallèlement à ce séminaire, le Summer Program in Social Science, destiné à une vingtaine de jeunes chercheurs d’Amérique latine, du Moyen Orient et d’Afrique, a focalisé une partie de son atelier sur une réflexion multi-située sur la question des crises.
Par ailleurs, un programme annuel conduit avec George Steinmetz, professeur à l’Université du Michigan, s’est déroulé à l’Institute for Advanced Study de Princeton sur le thème « The Social Sciences in a Changing World » dont l’objectif était d’ébaucher une science sociale des sciences sociales. Plusieurs conférences ont par ailleurs été données : la Chaire Henri Janne à l’Université Libre de Bruxelles a été l’occasion d’une discussion des enjeux d’une anthropologie morale critique ; la Lezione Magistralis à l’Université de Bologne a porté sur les formes de vie ; la Lemkin Lecture de l’Université Rutgers a abordé l’éthique du ressentiment ; une conférence au Collège de France a proposé une approche critique de la santé globale. Enfin, une invitation à l’Université normale de Pékin, à l’Université Tongji de Shanghai et à l’Université de science et de technologie de Chengdu a permis la présentation d’une série de travaux récents.
Publications
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 22 janvier 2018.