Cet enseignant est référent pour cette UE
S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.
2e et 5e mercredis du mois de 15 h à 18 h (salle A07_51, 54 bd Raspail 75006 Paris), du 8 novembre 2017 au 11 avril 2018
Se développant en parallèle avec les Disability Studies, les Deaf Studies (expression apparue aux États-Unis au début des années 70) rassemblent des recherches du monde anglo-saxon ayant comme point commun le déplacement d'un paradigme ancré sur la vision médicale réparatrice de la surdité qui fait de l'« audisme » (Humphries, 1975), c’est à dire de la production de discriminations lorsque l’accès au monde sonore est établi comme norme dominante pour penser la condition des sourds, vers une approche sociologique et anthropologique où les sourds sont considérés comme une minorité linguistique et culturelle avec des caractéristiques spécifiques. Ces approches ont été diffusées en France à partir des années 1970 sous l'influence notamment du sociologue Bernard Mottez, mais ils n'ont pas connu la même fortune, pour des raisons tant de structuration du champ académique que de tensions théoriques et épistémologiques entre différentes traditions intellectuelles.
Ce séminaire est conçu comme un espace de partage entre chercheurs et jeunes chercheurs sourds et entendants à l’échelle nationale et internationale, nous permettant de poursuivre collectivement nos recherches suivant divers axes. Nous approfondirons ainsi cette année notre analyse de l'émergence des recherches sur les communautés sourdes et signantes en France depuis les années 1970 et de leur insertion dans le champ académique des sciences humaines et sociales (espace à part, ou apport de nouvelles thématiques et méthodologies, articulation avec des évolutions épistémologiques voire renouvellement de certaines disciplines). Nous étudierons également les tensions que ces recherches francophones peuvent présenter avec les travaux issus des traditions épistémologiques anglo-saxonnes et les conditions de la réception de ces derniers à travers les réseaux scientifiques aussi bien que profanes. Enfin, nous explorerons les enjeux méthodologiques, théoriques et politiques qui traversent ces recherches : organisation de ces champs d'études au sein des espaces académiques français, places respectives des chercheurs sourds et entendants, places des sourds dans les universités, relations aux communautés sourdes et signantes constitueront certains des points soumis à la discussion.
8 novembre : Introduction par Andrea Benvenuto
29 novembre : Les Deaf Studies à l’épreuve de l’anthropologie par Pierre Schmitt (EHESS)
13 décembre : Écrire l’histoire des sourds. Enjeux linguistiques et épistémologiques. Partie I
10 janvier : Écrire l’histoire des sourds. Enjeux linguistiques et épistémologiques. Partie II
31 janvier : Transformer le monde : pourquoi (et comment) théoriser la création en LS est un geste politique par Julie Chateauvert, docteure de l’UQAM, PHS-EHESS
14 février : Les recherches linguistiques sur les communautés sourdes et signantes
14 mars : Être ou ne pas être. Les études sourdes entre exigence académique et exigence politique avec Olivier Schetrit (CNRS - PHS/EHESS) et Marie-Thérèse L’Huillier (CNRS)
11 avril : Les Deaf Studies en question. D’une rive à l’autre de l’Atlantique
Mots-clés : Langue des signes, Mobilisation(s), Sourds,
Aires culturelles : Amérique du Nord, Amérique du Sud, Europe,
Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Philosophie et épistémologie
Intitulés généraux :
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous.
Réception :
sur rendez-vous.
Niveau requis :
pas de niveau requis.
Adresse(s) électronique(s) de contact : andrea.benvenuto(at)ehess.fr
Ce séminaire, conçu comme un espace de partage entre chercheurs et jeunes chercheurs sourds et entendants à l’échelle nationale et internationale, vise à approfondir, dans sa deuxième année, les enjeux méthodologiques, théoriques et politiques qui traversent le champ des Deaf Studies. Nous avons poursuivi l’étude des modalités que les recherches sur les communautés sourdes et signantes ont prises depuis les années 1970 en France, et de l’insertion de ces recherches dans le champ académique des sciences humaines et sociales (espace à part ou apport de nouvelles thématiques et méthodologies, voire renouvellement de certaines disciplines). Nous avons également étudié les tensions que les recherches francophones peuvent présenter avec les travaux issus des traditions épistémologiques anglo-saxonnes et les conditions de la réception de ces derniers à travers les réseaux scientifiques aussi bien que profanes.
Enfin, nous avons occupé une grande partie des séances à traiter des questions d’ordre méthodologique qui se posent quand la principale langue des populations concernées n’est pas partagée par les chercheurs. La traduction et l’interprétation sont rapidement posées comme des enjeux majeurs des Deaf Studies. Qui écrit l’histoire des sourds, dans quelle(s) langue(s) et pour quel(s) lecteur(s) ? Comment traiter les supports de diffusion des recherches quand, en général, ils privilégient la modalité écrite des langues orales, modalité qui n’est pas d’accès aisée, pour des raisons historiques, pour une grande majorité des sourds ? Quelles modalités de mise en récit et dans quelle ou quelles langues peut-on (se) raconter ? Le rapport à la connaissance, indissociable des contextes sociolinguistiques et politiques de production, et le rôle que les chercheurs sourds eux-mêmes occupent dans ce champ aujourd’hui, appellent une élaboration critique et créative des méthodes et des formes d’écritures innovantes susceptibles d’intéresser plus largement les sciences sociales
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 22 janvier 2018.