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Lundi de 17 h à 20 h (salle M. & D. Lombard, 96 bd Raspail 75006 Paris), du 13 novembre 2017 au 11 juin 2018. Cf. calendrier des séances ci-dessous. La séance du 14 mai se déroulera en salle 1 (105 bd Raspail 75006 Paris). La séance du 11 juin se déroulera en salle 9 (105 bd Raspail)
Arrivé à sa dixième édition, ce séminaire propose un panorama des études contemporaines les plus innovantes et les plus significatives dans le domaine des humanités numériques et de la sociologie des usages des technologies de l'information et de la communication. Chaque séance de l'enseignement accueille des chercheurs internationaux et des « grands témoins » pour donner un aperçu de leurs expériences, des processus qu'ils ont mis en place pour former leurs objets de recherche, des nouvelles méthodologies qu'ils ont mobilisé, des débats qui animent les disciplines lorsqu'elles se proposent d'expliquer les phénomènes liés au numérique.
Les usages actuels influencent non seulement les transformations des pratiques communicationnelles et productives, mais également l’émergence de nouvelles définitions de soi, de nouvelles subjectivités politiques, ainsi que de sociabilités inédites. Comment les modalités et les cadres analytiques de la recherche s'adaptent-ils pour prendre en compte les formes du vivre ensemble à l'heure de la connectivité généralisée ?
13 novembre 2017 : Antonio Casilli (ParisTech/EHESS), « Des intelligences pas si artificielles : plateformes, digital labor et la “tentation d'automatiser” »
4 décembre 2017 (amphithéâtre François-Furet, 105 bd Raspail 75006 Paris) : Bernie Hogan (Oxford Internet Institute), « Control, Privacy, Generativity: Big Data after the Ideology of Machine Learning »
This talk will unpack the three competing tensions for platforms in the age of big data. Users expect autonomy and privacy, platforms expect control and third parties expect privacy. It is not plausible to optimise for all three. Yet, in the absence of regulations for third parties and platforms, as well as public ignorance of important technical details, platforms will seek ever more control. The purpose of control is foster increasing strategies for predictability and monetization. What is lost when control is gained has been called "generativity" or the capacity to foster innovation and imagination through technology. Social network visualization will be presented as a case study in how both the user and third parties lose when we are left to view data solely through the eyes of the platform's preferred interface.
8 janvier 2018 : Olivier Ertzscheid (Université de Nantes - IUT La Roche-sur-Yon), « L'appétit des géants : les plateformes sont-elles des gouvernements comme les autres ? »
Les États-Unis viennent d’acter la fin du principe de neutralité du net ; certains des créateurs de Facebook traversent un syndrome de Frankenstein et parlent de leur créature comme d’un « monstre » ; de plus en plus d’ingénieurs de la Silicon Valley traversent une crise éthique qui les amène à critiquer le rôle des technologies qu’ils ont eux-mêmes construits. C'est aujourd'hui que la question posée depuis plus de 10 ans par Tim Berners Lee apparaît comme absolument cruciale d’un point de vue sociétal, économique mais aussi politique : quel est le rôle joué par les « jardins fermés » et les plateformes dans la normalisation d’usages de plus en plus contraints, aliénants et à rebours de la philosophie initiale du projet web ? Autour de l’ouvrage « L’appétit des géants », et au travers de quelques exemples touchant notamment aux questions de gouvernementalité algorithmique et de libertés numériques, nous nous interrogerons sur ce que les nouvelles formes de calcul et de computation à l’œuvre dans ces plateformes sont en capacité de produire ou d’induire comme nouvelles formes de compréhension du monde. Et peut-être (et cela semble inédit à l’échelle de l’épistémologie des sciences) de quelles formes de compréhension du monde ces nouvelles formes de calcul peuvent également nous priver.
L'enseignement est ouvert aux auditeurs libres. Pour s’inscrire, merci de renseigner le formulaire.
12 février 2018 : Jean-Gabriel Ganascia (Université Pierre et Marie Curie), « Épistémologie de l'apprentissage machine »
L’écho grandissant que reçoivent les big data et l’apprentissage profond (Deep Learning) depuis quelques années masque mal leurs limitations. Si ces techniques apportent et apporteront beaucoup dans un grand nombre de secteur, par exemple dans le domaine médical, pour aider à diagnostiquer des maladies, ou dans le champs social, pour faire de la prédiction et rationaliser certains choix, elles reposent sur l’induction, c’est-à-dire sur le raisonnement qui va du particulier au général. En conséquence, elles sont soumises aux limitations logiques de toute induction, que nous tâcherons de rappeler ici. De plus, comme nous le montrerons, ces techniques permettent de détecter des corrélations qui ne correspondent pas toutes à des relations de causalités, et qui s’avèrent parfois trompeuses. Enfin, nous verrons que l’emploi abusif de procédures de décision fondées sur l’apprentissage machine peut avoir des effets prédateurs sur la société, car loin d’être objectifs, les choix reposent sur des implicites qui peuvent éventuellement avoir des effets discriminatoires.
12 mars 2018 : Yves Citton (Université Paris 8), « Penser les médias numériques : ouvrir les boîtes noires pour surprendre la médiarchie »
Nos prétendues « démocraties » méritent d’être envisagées comme des « médiarchies » où ces métamedia que sont nos ordinateurs nous plongent dans un monde de données en reconfigurations rapides et déconcertantes. Cette conférence sera l’occasion de mettre en discussion certaines questions très générales : quelles sont les propriétés centrales de ces métamedia ? en quoi l’ère des tablettes diffère-t-elle de celle du PC ou des premiers ordinateurs en timeshare ? en quoi les fantasmes sur l’Intelligence Artificielle et ses algorithmes négligent-ils les limites matérielles du hardware ? comment reformuler les discours actuels sur les « données » en termes de « prises », mais aussi de « sur-prises » ? en quoi l’économie de l’attention doit-elle se compléter par une politique de la distraction et par une éthique de la curiosité ? La présentation initiale aura pour fonction de préciser quelques-unes de ces questions, pour appeler des réponses qui ne peuvent être que collectives.
Mercredi 28 mars 2018 (amphithéâtre François-Furet) : Gabriella Coleman (anthropology professor at the Wolfe Chair in Scientific & Technological Literacy, McGill University, Montreal, Quebec), « HackAccess : How Anonymous reinvented the hack-leak combo »
In most of North America, Latin American and Europe, Anonymous, the protest collective most famous for its wily hacking sprees, is no longer an activist force of nature as they were during the height of their power between 2011-2015. This talk steps back to assess their historical legacy, honing in a specific tactic: the hack-leak combo, which they helped engender and stabilize. The hack-leak combo entails a computer infiltration for the purpose of acquiring and leaking documents meant for widespread public consumption. This talk will examine the analog and digital pre-history of this tactic, the material and historical conditions that help explain why it came into being largely between 2007 and 2012 and the its mutation in 2014 as nation-state hackers deployed what had originally been a tactic used exclusively by hacktivists.
9 avril 2018 :
This talk sets aside received wisdom and instead assesses real patterns of usage in India, China, South Africa, Saudi Arabia, Brazil, and elsewhere. Where Westerners fret that social media leaves us “alone together,” Himalayan teens grow more intimate by sharing a single computer with all of their passwords and profiles exposed to one another. In China, gaming factories break down boundaries of leisure and labor. And what to make of a YouTube fashion show from Riyadh? Notions of the global poor as virtuous utilitarians-who mainly go online to study, find work, check farm prices, and obtain health information-is false. It is time to unpack what leisure means for the vast global poor as they fast take to the digital life.
Du point de vue de l’Afrique urbaine populaire, le numérique amplifie un processus de ludification historique des milieux médiatiques locaux. Cette présentation, avec une visée à la fois descriptive et critique, se penchera sur quelques lieux et figures emblématiques de la vie sociale qui illustrent l’insécable intrication des logiques du jeu et celles des technologies : certaines cérémonies de réception domestique de la nouvelle télévision, les rituels de bricolage des actualités, ou encore les activités des pirates du câble appelés « réseaux men », le « jeu double » de ce que l’on appelle les débrouillards « branchés », les « cartes » des ambassadrices (petites ouvrières de Jumia, l’Amazon africain), etc.
14 mai 2018 (salle 1, 105 bd Raspail 75006 Paris) : Marie Bergström (INED), « Le « choix du conjoint » sous la loupe des rencontres en ligne »
En moins de quinze ans, l’usage de sites et d’applications de rencontres est devenue une pratique courante en France comme dans d’autres pays occidentaux. Ces services non seulement changent la manière de trouver des partenaires mais renouvellent notre savoir sur la rencontre. Les chercheurs en sciences sociales sont de plus en plus nombreux à mobilisent les données « massives » issues de ces plateformes pour étudier l’appariement des partenaires. Cette innovation méthodologique se solde souvent par des résultats inédits comme le montre la présentation. À partir d’un exemple concret, mobilisant les données d’une plateforme parmi les plus utilisées en France, on s’intéresse aux comportements de contact entre utilisateurs. Ce faisant, l’objectif n’est pas seulement de décrire les interactions (qui échange avec qui ?) et les logiques sociales et sexuées qui sous-tendent ce processus. La présentation montre, plus généralement, la manière dont les rencontres en ligne mettent au défi les théories habituelles du « choix » des partenaires.
11 juin 2018 : Juan Carlos De Martin (Nexa - Politecnico di Torino), « The historical mission of the university in the wake of the digital revolution »
Mots-clés : Communication, Humanités numériques, Information, Informatique et sciences sociales, Méthodes et techniques des sciences sociales,
Aires culturelles : Amérique du Nord, Europe, Transnational/transfrontières,
Intitulés généraux :
Centre : IIAC-CEM - Centre Edgar Morin
Renseignements :
le séminaire est ouvert aux auditeurs libres, mais il est demandé aux participants d’annoncer leur présence en écrivant à l'enseignant. Les annonces des séances sont diffusées sur le site web http://www.casilli.fr.
Direction de travaux d'étudiants :
les étudiant(e)s souhaitant valider leur participation au séminaire doivent participer aux séances et contribuer à des pages Wikipédia ayant trait aux sujets traités dans le séminaire (à concorder avec l'enseignant).
Réception :
sur rendez-vous uniquement.
Niveau requis :
Master.
Site web : http://www.casilli.fr
Adresse(s) électronique(s) de contact : antonio.casilli(at)ehess.fr
Arrivé à sa dixième édition, le séminaire a présenté pour cette année un programme riche de sujets de pointe et d’invités de renom international. Les étudiants, les chercheurs et les auditeurs libres ont pu échanger avec les intervenants au cours de conférences et présentations au format long (trois heures). Cette année, quatre séances sur neuf étaient en anglais.
Les sujets abordés cette année sont principalement l’histoire et la sociologie de l’intelligence artificielle (voir l’intervention de Jean-Gabriel Ganascia (UPMC) sur l’histoire de la recherche en intelligence artificielle, celle de Bernie Hogan (Oxford) sur big data et apprentissage machine, ou encore la séance inaugurale assurée par Antonio Casilli sur les mythes de l’automation actuelle) et le rôle des algorithmes dans l’économie de la connaissance (voir la séance avec Olivier Ertzscheid (Université de Nantes) sur la gouvernementalité algorithmique des plateformes, celle sur la notion de « médiarchie » d’Yves Citton (Université Paris 8), ou celle sur l’université à l’heure des algorithmes avec Juan Carlos De Martin, du Polytechnique de Turin).
D’autres thématiques traitées lors du séminaire sont la production multimédia en Asie et en Afrique (séminaire avec Payal Arora, Erasmus University Rotterdam) et Edgar C. Mbanza (Institut Mines Télécom), l’impact des applications de rencontres sur la constitution du couple (séance avec Marie Bergström, chercheuse INED), ou encore la séance exceptionnelle consacrée à l’anthropologie dumouvement Anonymous présentée par Gabriella Coleman, anthropologue à la McGill University de Montréal et lauréate du prix Diana Forsythe 2015 de l’American Anthropological Association.
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 23 mai 2018.