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Mardi de 17 h à 20 h (salle 1, 105 bd Raspail 75006 Paris), les 13 février, 13 mars, 10 avril, 15 mai et 12 juin 2018. La séance du 13 février est avancée au 12 février (de 17 h à 20 h, salle 9, 105 bd Raspail 75006 Paris). La séance du 10 avril est reportée au 30 avril (même adresse, même horaire)
Guillaume Alberto (doctorant à l'Université Paris 1-Panthéon Sorbonne), Olivier Gaudin (docteur de l'EHESS) et Perrine Poupin (docteure de l'EHESS) participent à l'animation de cet atelier.
Selon la maxime pragmatiste formulée par Charles S. Peirce (1878-1879), le caractère opératoire d’un concept se mesure aux effets pratiques que son usage peut produire dans le réel. Tandis que John Dewey proposait d'étendre la méthode expérimentale et le modèle de l'enquête scientifique à « l'enquête sociale », nous souhaitons dans ce séminaire comprendre si la maxime pragmatiste peut être érigée en méthode, et s'appliquer à des expériences de recherche et d'enquête concrètes. Notre enquête sera historique et critique. Historique, elle portera de la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours et sur ceux qui ont fait sienne la maxime pragmatiste (en philosophie, sciences sociales, art, éducation, thérapie, etc.). Critique, elle cherchera à mettre en évidence la diversité des lectures politiques contradictoires des auteurs pragmatistes et de leurs traductions pratiques, passées et actuelles, et donc à restituer un pan d’histoire sociale du concept du pragmatisme, sans le réduire. Dans cette perspective, l'atelier permettra d'articuler le pragmatisme à des enjeux moraux et politiques, des conduites et des engagements en science et dans la vie sociale. Autrement dit, on abordera frontalement la question des communautés et des publics créés par ou avec des chercheurs. Comment s'engage-t-on par, pour et dans la recherche quand on est pragmatiste (ethnographie, enquête collective, recherche-action, communautés d’enquête, syndicalisme enseignant, engagement politique et associatif) ? À quelles communautés démocratiques, pratiques, académiques et extra-académiques participe-t-on et comment s'y engage-t-on pratiquement ? Quelle partition joue-t-on avec des acteurs qui se mobilisent, se constituent en publics, voire en experts ? Quels effets produisent de telles associations éducatives (si chères à Dewey) sur l'expérience du chercheur ? Au vu de ces engagements, nous interrogerons enfin le sort de l’ethos de la neutralité sociologique et politique, supposée prémunir l’activité scientifique du poids des considérations morales et politiques. Les chercheurs constituent-ils eux-mêmes des publics, avec des intérêts à défendre, des méthodes à promouvoir ? En quoi cette façon d'assumer d'enquêter par et avec des publics se distingue-t-elle d'autres façons, plus traditionnelles, de penser collectivement et de faire de la science et de la politique ?
Lundi 12 février : Chercher, enquêter, s’engager : à quoi peut (nous) servir le pragmatisme aujourd’hui ?
Mardi 13 mars : Du travail social à la théorie de l’enquête : le pragmatisme en action
Ces éléments de généalogie intellectuelle permettront d'ouvrir la discussion, en recontextualisant la formulation de la notion d'enquête. Sa diffusion dans le contexte américain pose notamment la question de la compatibilité entre ces différentes compréhensions, et des postures pratiques qu'elles inspirent. À partir de ces quelques repères et éléments de questionnement, on pourra donc se demander collectivement : quelle place ces différents sens de l'enquête peuvent-ils laisser à l'engagement ?
Bibliographie indicative (toutes ces références sont intégralement accessibles en ligne) :
Mardi 10 avril : Les enjeux politiques et sociaux de l'appropriation de l’enquête par le public
Mardi 15 mai : L’éducation comme la sage-femme de la démocratie
Mardi 12 juin : Pragmatisme et critique sociale : L'enquête comme expérience émancipatrice
Mots-clés : Philosophie, Politique, Pragmatisme, Sociologie,
Intitulés généraux :
Renseignements :
contacter les enseignants par courriel.
Adresse(s) électronique(s) de contact : celineveniat(at)gmail.com
Séminaire « Pragmatisme et engagement » - EHESS 2018
Séminaire mensuel (2e mardi du mois de février à juin 2018)
Présentation du séminaire
Ce séminaire est né dans la foulée de l'Ecole thématique « Pragmatisme et philosophie américaine » qui s'est tenue du 29 mai au 3 juin 2017 à Aussois. A la suite de cette rencontre, plusieurs doctorant.e.s et post-doctorant.e.s ont eu à cœur de poursuivre les réflexions entamées sur la question de l'engagement pragmatiste entendu à la fois comme engagement dans l'enquête et dans la vie de la cité.
L'atelier qui en a résulté a débuté en février 2018. Il a été composé d'une séance introductive et de 4 séances thématiques. Sa fonction principale réside dans l'ouverture d'un espace d'échange pour une nouvelle génération de chercheurs/euses pragmatistes, permettant un enrichissement mutuel entre philosophes et sociologues et une réappropriation collective des textes fondateurs. Espace de réflexion collective, l'atelier a également accueilli divers doctorant.e.s extérieurs au cercle des organisateurs, de même que divers professeurs et auditeurs libres.
Organisateurs/trices du séminaire
Léa Eynaud, doctorante à l'EHESS (CEMS)
Joana Sisternas, doctorante à l'EHESS (CEMS)
Céline Véniat, doctorante à l'EHESS (CEMS)
Guillaume Alberto, professeur certifié de philosophie
Olivier Gaudin, docteur de l'EHESS (CEMS) et maître de conférence à l’ENT de Blois (INSA CVL)
Perrine Poupin, docteure de l'EHESS (CEMS), post-doctorante au CRI
Calendrier et résumés des séances
12 février 2018 - Séance 1
Chercher, enquêter, s’engager : à quoi peut (nous) servir le pragmatisme aujourd’hui ?
La séance introductive a été l’occasion de discuter de la manière dont nous définissons et mobilisons le pragmatisme dans nos enquêtes et dans nos engagements.
13 mars 2018 - Séance 2 : Du travail social à la théorie de l’enquête : le pragmatisme en action
Organisateur : Olivier Gaudin
La séance proposait une présentation historique et conceptuelle de la relation entre le pragmatisme et l'activité d'enquête. En décrivant le contexte de Chicago en 1900, nous avons exploré trois sources distinctes : le travail social (social survey, social work), ancré dans des situations et engagé dans le progressisme réformiste, auquel ont participé Mead et Dewey ; les modèles scientifiques pour la sociologie empirique (le fieldwork inspiré de l'investigation journalistique) ; la théorie de l'enquête (inquiry) élaborée par Peirce et Dewey à partir d'une critique de la tradition philosophique.
L’émergence de la notion d'enquête pose la question de la compatibilité entre ces compréhensions et leurs prolongements pratiques. Quelle place ces différents sens de l'enquête donnent-ils à l'engagement ?
10 avril - Séance 3 : Les enjeux politiques et sociaux de l'appropriation de l’enquête par le public
Organisateur : Guillaume Alberto
Comment faire naître dans le débat public un intérêt pour des problèmes qui concernent un groupe qui subit l'action néfaste d'autres groupes ? Ce qui motive la discussion sur les valeurs et actions publiques correspond souvent à une remise en cause de hiérarchies sociales jugées injustes, et de politiques renforçant ces injustices. De ce fait, le statu quo peut sembler une solution profitable aux groupes dominants. Comment, malgré tout, éveiller l'attention politique des citoyens, et stimuler l'enquête ? Ne faut-il pas penser, par-delà la seule délibération, un usage légitime de la force et de la lutte sociale ? Existe-t-il un usage de la force qui substituerait à la violence (définie par Dewey comme une énergie mal employée) des rapports sociaux mieux réglés, plus justes, diminuant la violence qui s'exerce contre les membres de la communauté politique ?
15 mai - Séance 4 : L’éducation comme la sage-femme de la démocratie
Organisatrice : Perrine Poupin
Cette séance a introduit les notions de John Dewey en matière d'éducation et la question pratique d'ordre pédagogique qu'il a posé concernant le rôle de l'enseignant dans l'éducation. L’objectif était de replacer ses propositions dans le contexte de l'époque et d’analyser leurs réceptions controversées, notamment par les éducateurs, jusqu'à aujourd'hui. La séance présente également différentes expérimentations auxquelles Dewey a pris part (comme la Lab School ou son action en faveur des syndicats enseignants) ou qu'il a inspirées. Le propos est ancré dans le contexte actuel de la mobilisation contre la loi ORE. Dewey permet de nourrir une réflexion sur les modes d'implication des enseignants dans les débats et l'action collective concernant l'éducation supérieure en France.
12 juin - Séance 5
S'engager avec et par le pragmatisme : l'enquête à l'épreuve de nos sensibilités politiques
Organisateurs/trices : Céline Véniat, Léa Eynaud, David Amalric
Cette séance s'est attachée à interroger la portée, le sens et les modalités d'une recherche engagée venant puiser dans l'héritage de la philosophie pragmatiste de John Dewey. Nous avons questionné d'abord la manière dont nous sommes arrivés à la sociologie pragmatiste en éclairant ce que nos choix d'objets, d'outils et d'approches doivent à une certaine sensibilité politique, plus qu'à un simple intérêt théorique ou scientifique. Dans un deuxième moment, nous avons tenté de "mettre au travail" les concepts pragmatistes à partir de nos terrains respectifs en nous concentrant en particulier sur la question des mobilisations et en croisant pour cela nos différents terrains d'enquête : la mobilisation des habitants d’un platz menacés d'expulsion (Céline), l'occupation d'un lycée dans une favela de Rio de Janeiro (David), et le militantisme autour des "communs" en France et en Allemagne (Léa).
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 10 avril 2018.