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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Psychologie du social : champs d’application

  • Denise Jodelet, directrice d'études de l'EHESS (*) ( IIAC )
  • Nikos Kalampalikis, professeur à l'Université Lumière-Lyon 2 (TH) ( Hors EHESS )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

  • Saadi Lahlou, professeur, London School of Economics (TH) ( Hors EHESS )

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Samedi de 10 h à 13 h (salle 7, 105 bd Raspail 75006 Paris), les 13 janvier, 10 février, 10 mars, 7 avril et 5 mai 2018

La psychologie sociale occupe dans les sciences sociales une position particulière. Parce qu’elle fait le lien entre les phénomènes sociaux et la psyché du sujet et son expérience individuelle, médiatisés par les communications et transmissions sociales, elle apporte aux autres disciplines des méthodes et des théories souvent complémentaires, parfois dérangeantes. Actuellement, la question de la pensée sociale, abordée via l’approche des représentations sociales, qui mobilise une large communauté internationale, constitue un paradigme privilégié pour la psychologie sociale européenne. Ses thématiques touchant aux questions relatives au sens commun, aux croyances et à leurs rapports avec les pratiques et les savoirs savants, rencontrent aujourd’hui un intérêt nouveau dans la communauté scientifique plus large des sciences sociales. La montée en puissance d’internet accroît encore l’acuité de la question du rapport entre les états de choses et leurs représentations. L’objectif du séminaire de cette année sera de renouer avec cette psychologie sociale « sociétale » sous l’angle des champs d’application multiples (santé, éducation, travail, politique, art, etc.) grâce à des concepts et méthodes permettant de prendre en considération les dimensions psychologiques et émotionnelles des prises de position, comportements et fonctionnements sociaux et culturels.

13 janvier 2018 : Évolution des institutions psychiatriques et représentations sociales de la folie

S’appuyant sur des expériences innovatrices en matière de prise en charge psychologique et institutionnelle des personnes souffrant de troubles psychiques, le séminaire examinera le jeu des représentations sociales qui sous-tendent les transformations observées et, parfois, font obstacles à leurs effets positifs. Après une introduction de Denise Jodelet, sur l’apport des recherches sur les représentations sociales dans le champ de la santé mentale, deux chercheures Emmanuelle Jouet (Laboratoire de recherche EPS Maison Blanche ; Centre de Recherche Interuniversitaire Expérience Ressources Culturelles Education, Université de Paris 8) et Noémie Murekian (Universités de Cordoba et Buenos Aires, Argentine) mettront en regard les représentations sociales qui, au cours de ces dernières années, ont suscité, accompagné ou entravé, au niveau des milieux professionnel et public, en France et en Argentine, les transformations des politiques en matière de santé mentale.

10 février 2018 : Saadi Lahlou, « Apprentissage paradigmatique : la construction et l’enrichissement dans l’action des représentations sociales et individuelles »

La vie en société n’est possible que par le partage de conventions concernant les comportements et les objets : sinon ce serait la sauvagerie et le bazar, les collaborations étant difficiles ou impossibles. De fait, tout individu socialisé dispose d’un portfolio de représentations et compétences standardisées qui lui permettent de se comporter « correctement » dans sa société. L’inculcation de ces conventions fait dans toutes les sociétés humaines (contrairement aux autres primates) l’objet de procédures d’instruction systématique et délibérée des jeunes par les générations précédentes. Dans nos sociétés à large échelle, ce processus ("éducation") est obligatoire et prend une quinzaine d’années au moins. Cependant l’instruction formelle ne représente qu’une composante du processus d’acquisition des compétences ; il n’explique pas non plus la capacité d’adaptation créative dont font preuve les individus dans des situations concrètes sans cesse renouvelées de façon mineure (on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve) ou majeures (cas des situations « sans précédent »). Cette séance expliquera comment se fait concrètement, au-delà de l’éducation, l’acquisition des compétences flexibles qui peuvent être articulées dans différentes situations. On introduira la notion d’apprentissage paradigmatique, en s’appuyant notamment sur les notions d’embodiment, d’habitus, de typification, sur l’ancrage des représentations (Moscovici), les lois de l’effet et du renforcement (Thorndike), la notion de paradigme (Saussure), et d’installation (Lahlou). Le modèle est plus simple que suggéré par ce name-dropping et sera illustré par des exemples concrets.

Saadi Lahlou est professeur à la London School of Economics and Political Science (Chair in Social Psychology, Department of Psychological and Behavioural Science), et chercheur associé au Centre Edgar Morin (EHESS-CNRS/ IIAC). Il a dirigé au Crédoc le départment Prospective de la Consommation, à EDF le groupe Prospective Sociale Interne puis le Laboratoire de Design Cognitif à EDF R&D, et à la London School of Economics l’Institute of Social Psychology. Lahlou a passé sa thèse avec Serge Moscovici et a longtemps suivi son séminaire dans cette même salle 7 au 105 Bd Raspail où a lieu le nôtre. Il a notamment écrit « Penser Manger » (PUF, 1998) ; son dernier ouvrage « Installation Theory : The Societal Construction and Regulation of Behaviour » est paru en 2017 chez Cambridge University Press. Cette session en donne un aperçu.

10 mars 2018 : Stigmatisation et obésité : quelques éléments de réflexion

Depuis les années 1980, on observe une augmentation spectaculaire des taux d'obésité dans le monde (OCDE, 2017) et dans les pays de l'union européenne (OMS, 2017). Aussi l'obésité peut-elle être regardée comme l'un des plus grands défis de santé publique du XXIe siècle. Certes elle affecte la qualité de vie et la santé des individus, mais aussi leur état psychologique, leur vie sociale et leur rapport au monde. Même si toutes les cultures n’ont pas la même lecture de la corpulence, force est de constater que dans les cultures occidentales et en France, l’obésité est posée comme « déviance », par rapport à la norme. Différentes études récentes que nous avons menées nous ont permis de mettre en évidence les représentations des personnes obèses vis-à-vis du regard porté sur elles (2016), les représentations et comportements des femmes obèses ou ex-obèses (suite à une opération) dans diverses situations de la vie sociale (2017) et, plus récemment, les effets complexes de la réduction du poids après chirurgie, sur l'estime de soi, la qualité de vie, la tendance à la comparaison physique et l'anxiété liée à l’apparence physique. Nous discutons de l’ensemble de ces résultats qui peuvent s’entendre dans le cadre des théories portant sur les représentations sociales et la stigmatisation.

7 avril 2018 : Dorra Ben Alaya (Université de Tunis-El-Manar, Tunisie), « Appréhender les problèmes sociétaux à la lumière des représentations sociales : deux exemples en contexte tunisien »

L’objectif poursuivi dans cette intervention est d’illustrer la portée du paradigme de la pensée et des représentations sociales dans l’appréhension de problèmes sociétaux, et par là-même, les possibilités d’intervention ainsi offertes. Ce cadre théorique permet de considérer la compréhension des « rationalités » qui fondent des conduites jugées « inciviles » par les autorités, voire par le sens commun lui-même en Tunisie, comme impérative pour leur donner tout leur sens. Il a impulsé une recherche sur le phénomène de l’extrémisme violent en général, et en Tunisie en particulier, à travers l’exploration de la pensée djihadiste non pas en tant que système isolé, mais dans ses rapports avec le sens commun. C’est dans une perspective qui considère la pensée sociale dans sa dimension constituée et constituante (Jodelet, 2015) que la pensée djihadiste est traitée ici. L’analyse de son contenu est accompagnée d’une lecture du sens qu’il véhicule, s’appuyant sur les processus menant à sa formation : l’objectivation et l’ancrage (Moscovici, 2013).

Dorra Ben Alaya est professeure à l’Université de Tunis-El-Manar, Tunisie, spécialiste du champ de la pensée sociale (société tunisienne, radicalisation, politiques publiques, épistémologie…)

Domaine de l'affiche : Psychologie et sciences cognitives

Intitulés généraux :

  • Denise Jodelet- Psychologie sociale
  • Renseignements :

    format du séminaire : 1 h de présentation, 1 h 30 de discussion.

    Niveau requis :

    master SHS et/ou Psychologie sociale.

    Site web : https://enseignements-2017.ehess.fr

    Adresse(s) électronique(s) de contact : nikos.kalampalikis(at)univ-lyon2.fr

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 5 juin 2018.

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