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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Emodities : comment les émotions sont devenues des marchandises

  • Eva Illouz, directrice d'études de l'EHESS ( CESSP )

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De 10 h à 16 h (salle 13, 105 bd Raspail 75006 Paris), les 25, 26 et 27 juin 2018 ; de 10 h à 13 h (salle 13, 105 bd Raspail 75006 Paris) et de 13 h à 18h (salle M. & D. Lombard, 96 bd Raspail 75006 Paris) le 28 juin 2018

La culture capitaliste de la seconde moitié du XXe siècle se caractérise par une double tendance, d’apparence contradictoire. D’une part, elle a fait de la rationalité un ressort majeur de l’action humaine. D’autre part, loin de se traduire par un affaiblissement des émotions, cette culture semble au contraire s’être accompagnée d’une intensification sans précédent de la vie émotionnelle – ce dont témoignent, par exemple, l’orientation de la vie personnelle vers la réalisation de projets émotionnels, la légitimité grandissante des actions fondées sur l’émotion pure, la recherche de l’intensité et de la clarté émotionnelles.

Dans la seconde moitié du XXe siècle, la vie amoureuse et l’épanouissement émotionnel sont devenus des objectifs et des préoccupations centraux de l’individu. Aussi apparaît-il important, étant donné la longue tradition philosophique et sociologique qui oppose rationalité et émotions, de montrer comment le capitalisme en est venu à attribuer à la vie émotionnelle un rôle central pour une individualité et une identité toujours plus rationnelles. 

Ce séminaire tendra à montrer que ces deux dimensions du capitalisme s’articulent autour la notion de marchandise emotionelle. Les émotions ne sont pas seulement un ingrédient dans le processus d’emballage des marchandises : elles sont elles-mêmes – de manière bien plus significative – des réelles marchandises produites par divers marches (de la psyche, du loisir, des cadeaux)Ces marchés produisent des émotions en utilisant les trois modèles culturels les plus importants du moi : a) un idéal d’authenticité émotionnelle et de libération ; b) un idéal d’intimité affective et d’expression émotionnelle ; c) un idéal de connaissance émotionnelle de soi et d’auto-perfectionnement nécessaire à la santé mentale.

Ce séminaire est accessible sur la plateforme d'enseignement de l'Environnement numérique de travail de l'EHESS :

Programme :

Lundi 25 juin 2018 de 10 h à 16 h (salle 13, 105 bd Raspail 75006 Paris) : Introduction - sentiments et capitalisme 

  • Eva Illouz - Présentation du programme et introduction
  • Eva Illouz, Myrtille Picaud et Noa Berger (EHESS) “Emodities 2.0 : La marchandisation des émotions sur Internet”
  • Emmanuel Coccia (EHESS) “L’émotion des choses. Une histoire iconographique du concept de lifestyle (et d'émodity)”

Mardi 26 juin 2018 de 10 h à 16 h (salle 13, 105 bd Raspail 75006 Paris) : Le marché émotionnel : Le concept de “Emodities” 

  • Eva Illouz, “The Emotional Market” 
  • Edgar Cabanas (Universidad Camilo José Cela) “Positive Psychology, The Happiness Industry, and the Construction of the Happy Self”
  • Yaara Benger-Alaluf (Max Planck Institut) “Holidaymaking as an Emotional Economy: A Historicized Sociology”

Mercredi 27 juin 2018 de 10 h à 16 h (salle 13, 105 bd Raspail 75006 Paris) : La marchandisation des émotions sur internet 

  • Amparo Lasén (Complutense University of Madrid), “Les matérialisations numériques des émotions”
  • Jakob Svensson (Uppsala University) “Power, Identity, and Feelings in Digital Late Modernity. The Rationality of Reflexive Emotion Displays Online” 
  • Camille Alloing (Université de Poitiers) et Julien Pierre (Audencia Business School), “Le Web affectif. Une économie numérique des émotions”

Jeudi 28 juin 2018 de 10 h à 16 h (de 10 h à 13 h en salle 13, 105 bd Raspail 75006 Paris et de 13 h à 16 h en salle M. & D. Lombard, 96 bd Raspail 75006 Paris) 

Réactions :

  • Céline Bessière (EHESS)
  • Myrtille Picaud (EHESS)
  • Présentations d’étudiants 

Aires culturelles : Amérique du Nord, Europe,

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire semestriel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Sociologie

Intitulés généraux :

  • Eva Illouz- Repenser l'histoire du capitalisme. Comment les émotions sont devenues des marchandises
  • Renseignements :

    par courriel.

    Direction de travaux d'étudiants :

    encadrement d'étudiants au niveau master et doctorat.

    Réception :

    sur rendez-vous.

    Niveau requis :

    ouvert aux étudiants en master, doctorat et auditeurs libres.

    Adresse(s) électronique(s) de contact : eva.illouz(at)ehess.fr

    Compte rendu

    La culture capitaliste de la seconde moitié du XXe siècle se caractérise par une double tendance, d’apparence contradictoire. D’une part, elle a fait de la rationalité un ressort majeur de l’action humaine. D’autre part, loin de se traduire par un affaiblissement des émotions, cette culture semble au contraire s’être accompagnée d’une intensification sans précédent de la vie émotionnelle – ce dont témoignent, par exemple, l’orientation de la vie personnelle vers la réalisation de projets émotionnels, la légitimité grandissante des actions fondées sur l’émotion pure, la recherche de l’intensité et de la clarté émotionnelles.
    Dans la seconde moitié du XXe siècle, la vie amoureuse et l’épanouissement émotionnel sont devenus des préoccupations et des objectifs centraux de l’individu. Aussi apparaît-il important, étant donné la longue tradition philosophique et sociologique qui oppose rationalité et émotions, de montrer comment le capitalisme en est venu à attribuer à la vie émotionnelle un rôle central pour une individualité et une identité toujours plus rationnelles.
    Le séminaire s’est attaché à montrer que ces deux dimensions du capitalisme s’articulent autour de la notion de marchandise émotionnelle. Les émotions ne sont pas seulement un ingrédient dans le processus d’emballage des marchandises : elles sont elles-mêmes – de manière bien plus significative – de réelles marchandises produites par divers marchés (de la psyché, du loisir, des cadeaux). Ces marchés produisent des émotions en utilisant les trois modèles culturels les plus importants du moi : a) un idéal d’authenticité émotionnelle et de libération ; b) un idéal d’intimité affective et d’expression émotionnelle ; c) un idéal de connaissance émotionnelle de soi et d’auto-perfectionnement nécessaire à la santé mentale. Le séminaire est ainsi revenu sur les liens entre sentiments et capitalisme, afin ensuite de développer l’analyse du marché émotionnel, par le biais d’enquêtes empiriques sur des objets différents, à travers le concept d’emodity. Finalement, la marchandisation des émotions sur internet a donné lieu à une exploration spécifique et le séminaire s’est finalement conclu par un retour critique sur les concepts étudiés.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 7 mai 2018.

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