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Mercredi de 10 h à 13 h (Institut méditerranéen d'études avancées, Maison des astronomes, 2 place Le Verrier 13004 Marseille), les 22 novembre, 6 décembre 2017, 31 janvier, 21 février, 21 mars, 11 avril, 9 mai, dernière séance en juin (date à venir)
Ce séminaire transdisciplinaire s’intéresse aux perturbations productives que génèrent les collaborations entre les chercheurs en sciences humaines et les artistes dans le domaine du numérique.
Dans le domaine des sciences humaines et sociales, le recours aux pratiques numériques conduit à de nombreux bouleversements que ce soit dans la collecte, la production et le traitement de données, ainsi que l’élaboration de nouvelles formes de narration et d’édition. Le tournant numérique conduit les chercheurs à reconsidérer leurs méthodes, leurs catégories, leurs paradigmes, leurs orientations théoriques, leurs objets, leurs formes de labellisation et les cadres des champs disciplinaires.
Dans le domaine de l’art, le numérique ouvre également des champs de pratiques radicalement nouveaux. Il transforme la relation des artistes aux outils qu’ils utilisent et aux connaissances qu’ils convoquent, produisent ou questionnent. Il transforme le statut et les formes des œuvres. En introduisant de nouvelles modalités pour assurer leur circulation, il modifie également leur relation avec le public. Le numérique bouleverse la place de l’auteur qu’il place dans une relation dynamique par rapport aux flux d’information, de circulation des images, des sons et des formes.
Ce séminaire rassemblera des chercheurs en sciences humaines (sociologues, anthropologues, politologues, géographes, historiens, littéraires), en sciences dures (informaticiens, physiciens, mathématiciens, etc.), des artistes (designers, hackers, programmeurs, média tactique, etc.) ainsi que des professionnels (industriels, chargés de communication, etc.). Notre objectif est de favoriser des croisements, des emprunts et des déplacements qui seront propices à l’identification de nouvelles pistes de réflexion et de recherche, voire à la mise en œuvre d’expérimentations collaboratives.
Mercredi 22 novembre 2017 : De la cartographie alternative à la cybergraphie
Mercredi 31 janvier 2018 :
A partir d'extraits du film documentaire Sur les traces des atomistes (Pascal Cesaro et Pierre Fournier, 90mn, 2016) nous reviendrons sur notre usage d'images d'archives comme outil de recherche en sciences sociales. Nous présenterons comment à partir d'une archive audiovisuelle issue d'une série de fiction de la fin des années 1960 mettant en scène la vie de travailleurs d’un centre nucléaire en Provence on espère mieux comprendre ce que veut dire venir travailler dans cette industrie. Montrer des extraits de ce feuilleton à des gens vivant aujourd’hui près du même centre, permet-il de dépasser les représentations abstraites du débat public sur ce sujet polémique ou le silence derrière lequel se retranchent parfois les personnes vivant près des centres nucléaires ? Cf. http://lesa.univ-amu.fr/?q=node/287.
La question de l’indexicalité des images-médias est devenu centrale dans les méthodes de recherche en sciences humaines autant que pour les formes d’art politique ou engagé, portant particulièrement sur leur capacité de rendre compte fidèlement de la vie sociale. De ce fait, le problème de l’indexicalité des images s’avère doublement épistémologique et éthique. Renvoyant à un pari risqué, toujours instable, le concept d’indexicalité est aujourd’hui malmené par les changements technologiques, culturels, économiques et politiques : passage des médias ‘analogues’ aux médias ‘numériques’ (avec la mutabilité inhérente de ces derniers) ; passage de la surface du monde visuel vers le ‘big data’ (et donc vers les paradigmes algorithmiques du réel, non plus liés au champ visuel, mais à la statistique). Il y a néanmoins toujours plus d’images en circulation, davantage de visualisations algorithmiques (‘beautiful data’), qui accompagnent la transformation du champ visuel en base de données. Ma présentation cherchera à explorer cette charge de l’indexicalité dans la recherche interdisciplinaire et artistique, elle sera centrée plus précisément sur les projets médiatiques entourant la ‘crise migratoire’ (Forensic Architecture, the Visual Social Media Lab, UNITED, ainsi que d’autres tactiques visuelles). Cf. https://imera.univ-amu.fr/fr/resident/krista-lynes.
Membre correspondant du Centre Norbert Elias depuis décembre 2016. Jeff Silva est un réalisateur américain, professeur et programmeur originaire de Boston. Associé depuis son origine au Laboratoire d'Ethnographie Sensoriel (SEL) à Harvard University, Jeff Daniel Silva y a contribué aux côtés du fondateur et directeur Lucien Taylor au développement d’un programme d'études et de méthodologie appuyé sur la réalisation filmique. Ses travaux - réalisations et recherches anthropologiques - s’attachent à documenter plutôt qu’a expliquer et utilisent pour cela l'ambiguïté et la connaissance implicite. A l’articulation du cinéma documentaire et expérimental, sa communication mobilisera des extraits commentés du film Linefork (2016) et questionnera la part d’intimité dans la relation qu’entretien le documentariste avec son sujet. Cf. ses films les plus récents "Linefork" (2016), "Ivan & Ivana" (2011) et "Balkan Rapsodies: 78 Measures of War" (2008) : http://www.jeffdanielsilva.com/main/cv.
23 mai : Cartographies entre crises et mouvements
A partir d’une série de terrains dans des zones frontalières fragiles en Afrique, la communication proposera une analyse critique du cadre conceptuel et pratique des politiques de sécurité en frontière et proposera un autre cadre analytique fondé sur une représentation de l’espace et de la circulation de la richesse qui tient compte des pratiques des groupes armés. Dans ce cadre, la communication montrera l’usage crucial de la cartographie et de la statistique à la condition d’une pensée sans l’Etat.
La projection de figurés sur un fond de carte, pour cartographier un mouvement, revêt des significations différentes qui, si elles dépendent de considérations éminemment graphiques, résultent avant tout du cadre théorique dans lequel elles s’inscrivent ; ce dernier caractérisant la manière dont l’espace (géographique, social, cognitif, etc.) des échanges est appréhendé.
Dans le contexte de l’analyse géographique, l’objectif de représenter le franchissement de limites de zones territoriales (de frontières nationales, par exemple) se voit en effet confronté à différents paramètres : l’échelle d’observation, les positions des lieux, a fortiori l’interprétation de leur espacement (éloignement, voisinage) ; l’implantation spatiale de ces lieux mis en interaction, formant le fond de carte. La représentation est également sensible, d’une part, à la manifestation d’éventuels effets-frontières bien connus (discontinuités, barrières, etc.) ; d’autre part, à un paradoxe lié à la possibilité d’un décalage entre l’information disponible, sa représentation cartographique, sa perception par un observateur statique et la demande sociale d’information visuelle sur le phénomène représenté. Ainsi, au-delà des aspects purement thématiques (flux commerciaux, flux démographiques, flux financiers), graphiques ou technologiques (support papier, numérique, interactif), à l’heure du « Tous Cartographes ! », c’est par le recours aux fondements théoriques de la notion de mouvement que nous proposons d’explorer les modalités de sa cartographie. L’introduction d’une distance cartographique permet en effet de résoudre ce paradoxe, tout en étendant les possibilités classiques de filtrage des flux, en mobilisant l’espace.
Mots-clés : Anthropologie, Anthropologie visuelle, Arts, Collectifs, Culture, Culture matérielle, Culture visuelle, Dynamiques sociales, Enquêtes, Esthétique, Ethnographie, Humanités numériques, Informatique et sciences sociales, Interactions, Numérique, Pragmatisme, Sociologie, Techniques,
Intitulés généraux :
Centre : CNE - Centre Norbert-Elias
Renseignements :
Partenariat :
Adresse(s) électronique(s) de contact : jean-paul.fourmentraux(at)ehess.fr
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 16 mai 2018.