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Lundi de 13 h à 15 h (salle Alphonse-Dupront, 10 rue Monsieur-le-Prince 75006 Paris), du 30 octobre 2017 au 4 juin 2018
Peut-on parler d’un « droit pénal » ou d’un « droit criminel » romain antique ? Ces désignations courantes remontent aux efforts de classification conduits depuis le XIXe siècle par les juristes et les historiens pour mettre en ordre toutes les formes de répression judiciaire identifiables dans les sources normatives, littéraires ou de la pratique. Dans quelle mesure ces exposés modernes à caractère systémique et synchronique reposent-ils sur des catégories héritées de l’Antiquité ? Un premier élément de réponse peut être fourni par l’étude des traités de jurisprudence rédigés à l’époque impériale en cherchant à comprendre la logique qui a présidé initialement à leur rédaction et à la nécessité de leur diffusion. Seront également étudiés des documents resitués dans leur contexte historique et qui éclairent le déroulement de la procédure criminelle, depuis les discours cicéroniens (le pro Milone) jusqu’aux actes des martyrs chrétiens (Passio de Saint-Cyprien).
Lundi 12 février 2018 : Barbara Biscotti (Université de Milan-Bicocca, professeur invitée à l'EHESS), « La dictature entre religion et État »
Magistrature républicaine, la dictature à Rome représente un paradigme institutionnel très intéressant et surtout riche de développements qui ont traversé les époques jusqu’au temps présent. Dans une perspective de comparaison historique, il emporte de souligner le rapport entre la composante religieuse et la composante civile à la base de cette institution.
Mots-clés : Administration, Archives, Droit, normes et société, Histoire du droit, Politique,
Aires culturelles : Méditerranéens (mondes),
Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire annuel (48 h = 2 x 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire et civilisations de l'Europe - Monde méditerranéen
Intitulés généraux :
Réception :
sur rendez-vous par courriel.
Niveau requis :
master, thèse.
Adresse(s) électronique(s) de contact : yriviere(at)ehess.fr
L’étude des traités de jurisprudence conservés au Digeste s’est poursuivie cette année en portant une attention particulière au dossier du « témoignage » en matière de justice criminelle (Dig., 22, 5 ; 48, 18). Alors que le traité de Callistrate au commencement du IIIe siècle s’efforce, à l’appui de rescrits impériaux, d’envisager la fiabilité de la parole déposée devant le tribunal, celui d’Arcadius Charisius, à la fin du même siècle, est centré sur l’usage de la torture dans le souci « de mettre en pleine lumière la vérité » (illuminare veritatem). S’il est délicat de tirer une conclusion de la confrontation de ces textes fragmentaires (traduits et commentés durant le premier semestre), un tel changement de perspective pourrait trouver place dans l’affirmation de la procédure inquisitoriale entre ces deux dates qui encadrent la crise du troisième siècle et qui conduisent à une redéfinition de l’autorité de l’empereur face à ses sujets.
Le second semestre a principalement été consacré à la traduction et au commentaire du scholiaste du Pro Milone de Cicéron, Asconius. Le meurtre de Clodius par Milon en 52 av. J.-C. sur la voie appienne a inspiré le fameux discours de Cicéron. Cependant, le texte que nous avons aujourd’hui sous les yeux n’a jamais été prononcé tel quel et son argumentation même a été retravaillée a posteriori pour des raisons politiques. La compréhension de cet épisode a nécessité d’accomplir un premier parcours événementiel - le récit en sera renouvelé et approfondi dès cette année - de la décennie qui remonte au consulat de Cicéron et à la répression de la conjuration de Catilina (63 av. J.-C.) : ces années ont été marquées notamment par l’exil de l’orateur en 57 av. J.-C., à l’initiative de Clodius. Le grand intérêt du commentaire d’Asconius, rédigé un siècle plus tard à partir d’archives publiques, est de mettre en perspective le discours de Cicéron en nous rapprochant des faits qui ont précédé la poursuite pour « violence » (en particulier) et en détaillant les rouages procéduraux eux-mêmes. Ce dossier éclaire tout particulièrement le fonctionnement de la justice criminelle conduite devant des tribunaux de jurys (quaestiones) au dernier siècle de la République, qu’il s’agisse de tribunaux ordinaires (instaurés par une loi pour la répression d’un crime défini par la loi) ou extraordinaires (instaurés également par la loi, ils répriment des faits particuliers et leur auteur). Le contexte de l’année 53-52 av. J.-C., au cours de laquelle la question de la dictature (qu’il avait été envisagé d’attribuer à Pompée) est lancinante et où a été proclamé un senatus consultum ultimum, a permis de poursuivre l’étude de « l’exception » abordée, par ailleurs, à l’occasion de deux colloques interdisciplinaires co-organisés et où ont été données deux communications.
Publications
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 28 février 2018.