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Vendredi de 17 h à 19 h (salle 9, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 9 février 2018 au 25 mai 2018. La séance du 13 avril est annulée
Parce que la parole politique trouve peu de conditions d'expression en Russie même dans la première moitié du XIXe siècle, problème auquel est confronté Piotr Tchaadaev, et ce y compris le milieu du XIXe siècle, malgré les efforts de Nikolaï Nekrassov et de Vissarion Belinski pour créer des journaux indépendants, un espace politique, alternatif, nécessaire à l’expression des conceptions politiques diverses, tend à se développer à l'étranger. Paris joue un rôle déterminant, relayé par Londres et Bruxelles, formant une sorte de ville impériale hors frontière où la parole est plus libre. Les proscrits et exilés russes ont un rôle critique, catalytique, de mise en place de cet espace politique dont la colonne vertébrale est la revendication de l’émancipation des serfs (1861), plus que l’octroi d'une constitution qui fut le grand combat d’une large partie des décabristes (1825). La parole politique émancipatrice, qu'elle soit libérale ou socialiste, place la justice et la transformation de l’institution judiciaire au centre des réformes de l’État impérial. Mais, elle dépasse cette question au vu des résultats des réformes engagées par Alexandre II qui s'avèrent limités. Nicolas Tourgueneff, Alexandre Herzen, Pierre Dolgorouki, Ivan Tourgueniev inventent alors des stratégies intellectuelles nouvelles. Toutefois, chacun entretient un dialogue constant et direct avec Nicolas Ier, puis avec Alexandre II, puisque l’empereur, en tant qu’autocrate, détient tous les pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire. Resté en Russie, Nikolaï Tchernychevski exilé en Sibérie récuse cette position. Avec son ouvrage « Que faire ? », il introduit des idées marxistes qui s'enracinent. La non-violence théorisée et développée par Leon Tolstoï dépasse également la question du pouvoir du tsar et tend à former un courant d'idées qui seront reprises lors des luttes d'indépendance, en Inde, notamment. Il est ainsi possible d’avancer qu’une fraction de l’aristocratie et de la grande noblesse russe, confrontée au refus du tsar de faire évoluer l'organisation politique de la polis, dépasse ce refus en recherchant leur propre définition de la chose politique, et en fin de compte assure l'ouverture sur un ordre politique nouveau. Certes, certains proposent des réformes, dont quelques unes sont effectivement adoptées par Alexandre II et mises en œuvre entre 1861 et 1875. Elles le sont dans la mesure où elles rencontrent la volonté de l’empereur d’instaurer définitivement le capitalisme industriel. Mais, leur quête d’un nouvel ordre social les mène plus loin dans l’analyse du pouvoir. Dans cette réflexion, la justice sociale occupe une place centrale.
Mots-clés : Administration, Agriculture, Classes sociales, Démocratie, Développement, Empire, Gouvernance,
Aires culturelles : Russie,
Intitulés généraux :
Centre : CEMI - Centre d’études des modes d’industrialisation
Réception :
sur rendez-vous.
Niveau requis :
Licence.
Adresse(s) électronique(s) de contact : lebleux(at)ehess.fr
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