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Lundi et mardi (EHESS-Marseille, Centre de la Vieille-Charité, 2 rue de la Charité 13002 Marseille), les 16 et 17 octobre 2017 et les 3 et 4 avril 2018. Horaires précisés ultérieurement
Ce séminaire se focalise sur une partie de l’Afrique souvent négligée par les études africaines en France, et pourtant capitale pour comprendre les dynamiques du continent entier. Il vise à devenir un point de rencontre pour les étudiants et les chercheurs qui travaillent sur l’histoire sociale d’une Afrique s’étendant du Caire au Cap, une Afrique qui se noue au-delà des frontières nationales, à travers les circulations et les échanges multiformes des individus et des groupes dans un espace connecté avec la Méditerranéenne et l’Asie à travers la Mer Rouge et l’Océan Indien et au-delà avec les mondes atlantiques européens et américains.
L’Afrique de l’Est des XIXe-XXe siècles est un espace impérial extrêmement dense (entre empires ottoman, omanais, britannique, français, allemand, italien, et portugais), dont l’histoire est marquée par des tensions de nature économique et géopolitique mais aussi raciale et religieuse... Sans négliger le poids des questions politiques nationales et internationales et des systèmes impériaux, l’approche de ce séminaire reste avant tout sociale. Un large espace sera dédié aux questionnements méthodologiques dans l’écriture d’une histoire sociale s’appuyant sur des sources hétéroclites. Le point de départ, désormais consolidé, est que la construction des archives et la production de sources, ainsi que leur utilisation pour l’écriture de l’histoire, sont des actes chargés, intimement liés à un système de savoirs et de pouvoirs. Aussi, la cristallisation d’un récit "crédible" a souvent moins à voir avec ce qui s’est passé qu’avec l’« histoire de l’histoire », ou encore avec l’histoire de la mémoire. Par conséquent, ce séminaire propose de remettre en question les narrations par le haut en utilisant l’archive « contre elle-même », pour reprendre l’injonction d’Ann Laura Stoler. Le recours aux sources externes aux archives d’État (archives privées, collections de récits oraux ou encore circulation de certains répertoires musicaux ou de certains objets) participe pleinement à cette démarche.
Pour autant, il ne s’agit pas simplement de trouver des sources « alternatives » qui seraient plus « justes » ou plus « crédibles » et qui invalideraient certains récits dominants. Notre propos, au contraire, est de procéder par juxtaposition, c’est-à-dire confronter le récit qui s’esquisse à partir de différent types de sources – quand celles-ci sont disponibles – et interroger les contradictions générées par cette comparaison. En effet, on comprend le fait d’intégrer des sources « alternatives » comme des générateurs de complexité. Ces contradictions sont elles-mêmes des ‘traces’ de conflits ou des silences qui nous permettent de nous rendre pleinement compte de la complexité et des réverbérations de l’histoire.
Nous aurons soin d’équilibrer les approches sans oublier l’autonomie des acteurs locaux et l’importance des logiques régionales tout en insistant sur le jeu d’échelles. Nous aborderons donc une Afrique orientale des XIXe-XXe siècles face aux impérialismes certes mais qui ne se réduit pas à eux, une Afrique contemporaine, des mémoires et des corps par exemple, enracinée dans un temps long.
Programme à télécharger : ici
16 octobre 2017 :
17 octobre 2017 :
Mots-clés : Archives, Histoire, Histoire culturelle, Histoire économique et sociale, Méthodes et techniques des sciences sociales, Sociohistoire,
Aires culturelles : Afrique,
Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)
Intitulés généraux :
Centre : IMAF - Institut des mondes africains
Renseignements :
sur rendez-vous uniquement.
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous uniquement.
Réception :
sur rendez-vous par courriel : elenavezz(at)gmail.com.
Niveau requis :
licence.
Site web : http://afrorient.hypotheses.org/
Adresse(s) électronique(s) de contact : elenavezz(at)gmail.com, silviabruzzi(at)yahoo.it, hv.medard(at)wanadoo.fr, violaine.tisseau(at)gmail.com
Comme l’an passé, le séminaire a eu lieu au centre de la Vieille Charité de l’EHESS Marseille. Nous avons regroupé les activités du séminaire en deux sessions, l’une à l’automne et l’autre au printemps.
La session d’automne s’est déroulée les 16 et 17 octobre 2017. Intitulée « L’archive : entre expérience et réflexivité », elle avait pour but d’explorer la question des archives en confrontant présentation de chercheurs et visite des archives nationales d’outre-mer à Aix-en-Provence. La première journée a été l’occasion de nourrir la réflexion entamée dès la création de ce séminaire autour des sources inédites et de la construction de celles-ci et des archives. Aidan Russel nous a ainsi présenté la manière dont la constitution des archives concernant la région des Grands Lacs orientait inévitablement la recherche. Mamaye Idriss a quant à elle présenté ses recherches doctorales sur la départementalisation de Mayotte en interrogeant ici plus particulièrement la place des femmes dans les mouvements politiques pendant ce moment et la manière d’avoir accès à ces femmes pour en recueillir les récits. Massimo Zaccaria a abordé la question du « digital turn » à partir de la situation de la corne de l’Afrique tandis que Julien Loiseau a souligné l’apport des sources arabes, sous-utilisées, pour rédiger une histoire connectée de la Corne de l’Afrique au Moyen-Âge.
La deuxième journée a été consacrée à une présentation des fonds concernant l’Afrique orientale aux archives nationales d’outre-mer (ANOM), par les archivistes – initiative qui a attiré un public nombreux et varié - et à une manipulation des archives par les étudiants de master. Après consultation d’un carton, ces deniers ont dû en restituer le contenu, en faire la critique et faire part de leurs questions, des possibilités d’exploitation des documents consultés.
La seconde session, « Jeux d’archives : itinéraires, regards et récits », a eu lieu les 3 et 4 avril 2018, toujours au centre de la Vieille Charité de l’EHESS Marseille. Poursuivant la réflexion autour des archives, la première journée a été l’occasion d’entendre les présentations de trois chercheurs. Estelle Sohier a présenté les archives photographiques de l’Égypte postcoloniale (1929-1932) en soulignant la dissonance des regards sur celles-ci et la variété des usages qui en a été fait. Simon Imbert-Vier a ensuite analysé, à travers notamment la législation, la manière dont l’État a « fabriqué » les Djiboutiens. Enfin, Hélène Dumas nous a présenté un corpus de récits d’enfants survivants du génocide des Tutsi au Rwanda (1994-2006) soulignant tous les enjeux méthodologiques d’un tel corpus mais aussi les apports de ce dernier.
Souhaitant encore une fois mettre les étudiants au cœur du séminaire, trois étudiants de master ont présenté leurs travaux lors de la deuxième journée.
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 23 janvier 2018.