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1er et 3e lundis du mois de 17 h à 19 h (salle 1, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 16 octobre 2017 au 19 février 2018. La séance du 5 février est reportée au mercredi 14 février, de 9 h à 11 h (même adresse, même salle)
Ce séminaire de recherche et de méthodologie propose une introduction à l'analyse de discours et d'argumentation et porte une attention spécifique aux revendications et aux contestations de l’ordre social. Alors que les recherches en analyse de discours et d’argumentation politique portent le plus souvent sur des discours et des débats publics et médiatiques, il s'agit ici de se pencher sur la constitution de revendications non (encore) publicisées à travers l’observation ethnographique de prises des parole et d’interactions au sein d’espaces associatifs, militants, partisans ou syndicaux. Comment élabore-t-on collectivement des discours avant de les diffuser publiquement ? Qu’est-ce qu’un argument jugé dicible et audible, en particulier lorsqu’on défend une cause dissidente ou hétérodoxe ? Que peut-on dire dans des espaces d’entre-soi militants qui serait inaudible au dehors ? Comment des personnes qui sont liées entre elles par un engagement au sein d'une même cause accueillent les prises de parole de néophytes dans le cadre de réunions publiques élargies ?
Pour explorer ces questions, le séminaire combine d'une part 8 séances de 2 heures présentant des outils et concepts en analyse de discours et d'argumentation et en sociologie des mobilisations, d'autre part la réalisation d'un terrain d'enquête collectif (12 heures) dans un certain nombre d’espaces militants de la région parisienne. Le nombre d’inscriptions étant limité à 20 personnes, merci de m’envoyer par courriel une demande de préinscription avant le démarrage du séminaire.
Mots-clés : Analyse de discours, Argumentation, Démocratie, Enquêtes, Ethnographie, Interactions, Linguistique, Méthodes et techniques des sciences sociales, Mobilisation(s), Mouvements sociaux, Sociologie politique,
Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Sociologie
Intitulés généraux :
Réception :
sur rendez-vous.
Adresse(s) électronique(s) de contact : rennes(at)ehess.fr
Le séminaire s’est appuyé sur un travail collectif d’observation ethnographique. D’octobre 2017 à février 2018, trois espaces militants, concentrés dans l’Est parisien, ont fait l’objet d’une observation suivie : un café qui accueille des débats et réunions militantes plusieurs fois par semaine dans le quartier de Ménilmontant ; un espace associatif dans le quartier de Charonne et un espace de réunion syndicale à République. Outre les vingt-cinq évènements (réunions, conférences, débats, assemblées générales) qui ont été observés au sein de ces trois espaces, quinze débats se déroulant dans dix autres espaces militants en Ile-de-France ont fait l’objet d’observations ethnographiques de la part des participant·es du séminaire. Du féminisme à l’antiracisme, en passant par l’écologie, le revenu universel, le temps de travail, le populisme de gauche, la Palestine, les violences policières ou encore l’islamophobie, l’ensemble des thèmes de ces débats dessine une cartographie des questions contemporaines discutées au sein des mouvements militants de gauche aux marges des grands partis politiques.
À partir de ces terrains d’observation, nous avons particulièrement examiné, lors des séances du séminaire, la façon dont s’organise « l’ordre » des discours contestataires : comment se manifestent les frontières du dicible et de l’indicible dans chacun des espaces militants observés ? Dans quelle mesure celles et ceux qui transgressent une norme idéologico-discursive partagée s’exposent à des sanctions verbales ou non-verbales ? Comment sont collectivement gérées ces « ruptures de cadre » ? Jusqu’à quel point les rapports de genre, d’âge, de statut au sein des collectifs observés, mais aussi les dimensions matérielles de l’espace (disposition des sièges, tables et participants, gestion du micro, etc.) organisent la circulation des prises de parole ? Ces questions, inspirées de l’interactionnisme, de la sociolinguistique et de l’ethnographie de la communication, sont, sur les terrains observés, tout autant sociologiques que politiques dans la mesure où la circulation de la parole et la gestion des désaccords sont très souvent constituées en enjeux militants par les collectifs observés.
Au niveau méthodologique, comme lors des séminaires que j’ai assurés les années précédentes à propos des discours contestataires, l’objectif de cette année était également de confronter des outils classiques de l’analyse de discours et d’argumentation, ordinairement utilisés pour aborder des corpus textuels, à des terrains ethnographiques impliquant une analyse multimodale des interactions.
Publications
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 30 janvier 2018.