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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Langue des signes et pratiques artistiques

  • Andrea Benvenuto, maîtresse de conférences de l'EHESS ( IMM-CEMS, PHS )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

  • Julie Châteauvert, docteure de l'UQAM ( Hors EHESS )
  • Barbara Fougère, doctorante à l'Université Panthéon-Sorbonne, Arts plastiques esthétique et sciences de l'art (APESA) ( Hors EHESS )
  • Élise Leroy, maîtresse de conférences à l'Université Jean-Jaurès ( Hors EHESS )
  • Olivier Schetrit, contrat postdoctoral au CNRS ( CERMES3 )
  • Pierre Schmitt, doctorant à l'EHESS ( IIAC-LAHIC )

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

(EHESS-Toulouse, Maison de la recherche de l'UTM, allées Antonio-Machado 31000 Toulouse), dates et horaires communiqués ultérieurement

Le séminaire se déroulera à Toulouse (en trois jours) au printemps. 

Le séminaire, issu d’un collectif de recherche transdisciplinaire, poursuivra l’analyse d’un corpus d'expériences artistiques contemporaines ayant la langue des signes au centre de ces pratiques. Il se propose d’approfondir les enjeux esthétiques, linguistiques et politiques que l’usage des langues (vocale et signée) posent à ces créations (théâtre, « chansignes», « poésigne», « chorésignes », arts visuels ou toutes autres disciplines artistiques qu’elles soient conventionnelles ou innovantes et issues des langues des signes et de la culture sourde). Ce séminaire, conçu comme un espace de réflexion et d'échange de pratiques entre chercheurs et artistes, se déplacera à Toulouse au printemps, pour réaliser trois journées intensives d'ateliers.

Aires culturelles : France, Transnational/transfrontières,

Suivi et validation pour le master : Ouvert sans validation d'ECTS

Mentions & spécialités :

Intitulés généraux :

  • Andrea Benvenuto- Les sourds dans la cité. Langue des signes, subjectivation et citoyenneté
  • Centre : PHS - Programme Handicaps et sociétés

    Renseignements :

    Andrea Benvenuto ou Élise Leroy par courriel.

    Direction de travaux d'étudiants :

    sur rendez-vous auprès des responsables du séminaire Andrea Benvenuto et Élise Leroy par courriel.

    Réception :

    sur rendez-vous.

    Niveau requis :

    pas de requis.

    Adresse(s) électronique(s) de contact : andrea.benvenuto(at)ehess.fr, elise.leroy(at)univ-tlse2.fr

    Compte rendu

    Issu d’un collectif de recherche transdisciplinaire, ce séminaire a poursuivi l’analyse entamée depuis l’année dernière, d’un corpus d’expériences artistiques contemporaines ayant la langue des signes au centre de ses pratiques. Nous avons porté une attention particulière aux questions de traductibilité lorsque les langues se rencontrent : comment la traduction linguistique prend-elle acte des modalités visuelles, kinesthésique et performatives des LS ? Comment la traduction culturelle opère-t-elle en deçà ou au-delà de la traduction linguistique ?
    La possibilité d’enregistrer, d’archiver et de transmettre une image animée a révolutionné les modes de traçabilité et permis de donner corps et de fixer dans l’espace-temps une langue visuo-gestuelle en face-à-face. Grâce au support vidéo et aux modes actuels de gestion de l’image, les sourds peuvent envoyer des messages électroniques « écrits » en langue des signes et des messages visuels animés entre téléphones mobiles, présenter des travaux de recherche et des communications en différé, et garder une trace du processus de création artistique en langue des signes, trace qui doit rester éloignée des modes scripturaux propres aux langues écrites. C’est une nouvelle modalité qui s’est mise en place, la « langue des signes vidéo » (Gache, 2005) ou langue des signes différée.
    Les sourds utilisateurs de cette langue et désireux de se raconter doivent recourir au français écrit ou bien aujourd’hui, à la langue des signes vidéo. Nous avons étudié ce processus de traduction singulier qui se met en place dans l’écriture des autobiographies, à partir de deux de ses ouvrages et en présence de ses auteurs et traducteurs : Victor Abbou et Katia Abbou pour Une clé vers le monde (Eyes Éditions, 2017) ; Patrick Belissen et Patrick Gache pour Paroles de Sourds. À la découverte d’une autre culture (La Découverte, 2018). Les auteurs, étant eux-mêmes locuteurs d’une langue qui n’a pas d’écriture, doivent se traduire à eux-mêmes pour s’adresser à autrui. Au cours de ce processus bilingue d’écriture-traduction, les autobiographies des sourds laissent presque toujours apparaître une personne tierce contribuant à l’acte d’écriture. Du recueil de récits en langue des signes aux formes de co-écriture, les rôles de ces traducteurs, généralement entendants – même si ce n’est pas le cas pour tous – et maîtrisant l’écrit, sont aussi variés que les rapports qu’entretiennent les auteurs sourds avec leur texte et la langue dans laquelle ils s’écrivent. Les interactions qui conduisent à ces écritures-traductions de soi posent ainsi la question du statut des voix qui nous parviennent à travers elles, d’autant plus que ces autobiographies contribuent également à la construction d’un savoir sur la surdité par la transmission de l’expérience des sourds qu’elles assurent. Au-delà des dispositifs d’écriture, de la place des traducteurs et plus encore de la traductibilité des langues, qui sont les éléments que nous avons abordés en prime abord, ce sont bien les sujets sourds qui décident de se raconter par l’écrit. À cet égard, quel est l’enjeu de la traduction, si ce n’est celui de la mise en acte d’un « vouloir dire » dans un contexte spécifique où le rapport entre les langues éclaire les écarts entre les cultures (Benvenuto et Schmitt, 2013) ? Loin d’être assignés au statut d’illettrés ou d’assistés, les autobiographies de sourds leur ouvrent la voie au statut d’auteur et de traducteur.
    Les études sur les sourds et la langue des signes, particulièrement dans le domaine de l’art, portent encore l’idée que les sourds sont des êtres visuels. D’autres avancent déjà l’idée que s’il est pertinent de se décentrer d’une approche logo et phonocentrique, la focalisation unique sur la dimension visuelle risque de nous faire négliger d’autres éléments importants et proposent de considérer la création (et par extension l’expérience du monde) comme étant intermédiale (Chateauvert, 2016). Le séminaire a été l’occasion d’interroger des artistes « visuels » pour aller au plus loin avec cette hypothèse. Nous avons invité au séminaire les fondateurs de l’« École de théâtre universelle » (ETU) basée à Toulouse, les comédiens Martin Cros et Alexandre Bernhardt, pour qui le processus de création ne peut se faire si ce n’est qu’en puissant sur le corps tout entier pour faire émerger des formes esthétiques. La rencontre avec l’artiste vidéaste, Sylvanie Tendron, nous le confirme : « Je ne raconte pas d’histoire mais j’exprime des intentions ». La caméra fonctionne comme une sorte de « pinceau », pour faire « un tableau d’images mouvantes et de sons ». La langue des signes, langue visuo-gestuelle par excellence, déborde de tout cadre pour cette nouvelle génération d’artistes. Les implications linguistiques, esthétiques et politiques de ces créations contemporaines, interrogent en outre les significations de ce qu’on appelle aujourd’hui les Visual Studies. Nous poursuivrons, l’année prochaine, le dialogue entre les expériences artistiques et les recherches issues des Visual Studies et des Deaf Studies.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 19 juillet 2017.

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