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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

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Engagements et désengagements : les professions intellectuelles et artistiques entre responsabilité et désintéressement

  • Gisèle Sapiro, directrice d'études de l'EHESS, directrice de recherche au CNRS ( CESSP )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

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1er, 3e et 5e jeudis du mois de 17 h à 19 h (salle 7, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 16 novembre 2017 au 3 mai 2018. La séance du 3 mai est annulée

Les notions fondatrices de l’ethos des professions intellectuelles et artistiques que sont le désintéressement et la responsabilité seront abordées selon deux perspectives : histoire des catégories éthiques de l’entendement lettré et sociologie des pratiques qui s’en réclament. La réflexion va de la sociogenèse de ces concepts à leurs usages, par exemple les oppositions désintéressement-utilitarisme ou responsabilité-liberté. Les discours sont confrontés aux pratiques et aux formes d’organisation de ces activités dans une démarche de sociologie historique comparée, avec une attention particulière au cas de la propriété intellectuelle. On s’interrogera aussi sur les formes d’engagement individuel et collectif qui caractérisent ces activités – par exemple, le prophétisme vs l’expertise –, ainsi que les modes de distanciation ou de désengagement, en se demandant ce qu'il advient de la figure de l'intellectuel dans la période dite de la « globalisation ».

30 novembre 2017 : Stefanos Geroulanos, auteur de Transparency in Postwar France. A Critical History of the Present qui vient de paraître chez Stanford UP. http://www.sup.org/books/title/?id=26751

Stefanos Geroulanos est professeur d'histoire à NYU, spécialiste d'histoire européen. Il a également publié An Atheism that Is Not Humanist Emerges in French Thought (Stanford, 2010).

18 janvier 2018 : David Damrosch (professeur de littérature comparée à Harvard, directeur d'études invité à l'EHESS), « From National Literatures to National Markets »

A Discussion of Voltaire’s fascination with English commerce fostered during his time in England, paired with the fortunes of Candide in its circulation in translation, and the implications for rethinking « English » literature as including whatever works are on the market there.

Aires culturelles : Amérique du Nord, Europe, France,

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Sociologie

Intitulés généraux :

  • Gisèle Sapiro- Sociologie du désintéressement. Les professions intellectuelles et artistiques entre autonomie et engagement
  • Direction de travaux d'étudiants :

    oui.

    Réception :

    sur rendez-vous.

    Niveau requis :

    ouvert aux étudiants de M1 et de M2.

    Site web : http://cessp.cnrs.fr/spip.php?rubrique142

    Adresse(s) électronique(s) de contact : sapiro(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Trois axes ont structuré le séminaire cette année : l’articulation entre histoire ou sociologie des concepts et sociologie des intellectuels ; l’analyse sociologique des engagements politiques de ces derniers ; la circulation internationale des œuvres.
    Après un état des lieux en introduction qui faisait le point sur la Begriffsgeschichte, l’histoire intellectuelle à l’américaine, et l’histoire sociale des idées à la française, la réflexion sur l’histoire et la sociologie des concepts a été menée autour du livre de Stefanos Geroulanos (NYU) sur la notion de « transparence » dans la pensée française d’après-guerre, en présence de l’auteur, en lien avec le workshop « Crossroads to intellectual history » (programme Face, EHESS-NYU), qui tente de dépasser les différences entre traditions française et américaine ainsi que les perspectives disciplinaires (histoire et sociologie). Une autre séance a été consacrée au concept de « désintéressement », à partir d’une recherche en cours sur la circulation de ce concept entre la France, l’Angleterre et l’Allemagne au xviiie siècle, au cours de laquelle s’opère son transfert de la religion à l’esthétique (théorisé par Kant dans la Troisième Critique), et de ses usages sociaux dans le champ intellectuel au XIXe siècle. Ce concept a été envisagé comme un exemple de ce que nous avons appelé des « opérateurs axiologiques », notions qui servent à unifier des systèmes d’opposition hétérogènes.
    Prolongeant les questionnements des années précédentes, l’engagement des intellectuels a été abordé à travers l’étude de leurs prises de position dans des situations de crise et de surpolitisation, qui les contraignent à faire des choix, et constituent donc des révélateurs : écrivains français sous l’Occupation allemande, philosophes sous le franquisme (José Luis Moreno, directeur invité à l’EHESS), avant-gardes en mai 68 (Boris Gobille, ENS Lyon). Ces différents cas ont permis de mener une réflexion comparative entre types de situation de crise (occupation étrangère, mouvements sociaux) et types de régime (démocratique vs. autoritaire), mais aussi entre types d’activité (philosophes vs. écrivains).
    Les conditions de la circulation transnationale des œuvres ont été interrogées du point de vue des rapports entre littératures nationales et marchés nationaux (David Damrosch, Harvard, directeur invité à l’EHESS), de la circulation des modèles et de l’intertextualité à travers le cas du surréalisme (Delia Ungureanu, Université de Bucarest, maîtresse de conférences invitée à l’EHESS), de la formation du canon mondial, et du rôle des intermédiaires : éditeurs, traducteurs, agents. La traduction de poésie, genre marginalisé sur le marché mondial du livre, a été analysée sociologiquement comme une forme d’engagement désintéressé des intermédiaires sur le plan économique, à travers des données recueillies lors d’une enquête de terrain sur la traduction en France et aux États-Unis. Contrastant avec ce paradigme du désintéressement économique, le rôle des agents littéraires comme intermédiaires culturels a été appréhendé à partir d’une enquête internationale en cours, menée avec Tristan Leperlier (Université Paris 5) et deux doctorantes de l’EHESS (Delia Guijarro Arribas et Lilas Bass), dans le cadre de l’IRIS PSL « Création, cognition et société ». On s’est demandé en quoi les agents contribuent à transformer la division du travail éditorial et à reconfigurer la géographie du marché mondial du livre. Enfin, la réflexion sociologique sur la construction du canon littéraire mondial a porté sur les causes involontaires des inégalités qu’il reflète entre cultures occidentales et extra-occidentales (comme entre hommes et femmes), et sur les actions volontaires qui permettraient de le faire évoluer, notamment à travers l’exemple du programme des « Œuvres représentatives » de l’UNESCO après 1945, qui visait à favoriser les échanges entre ces régions.

    Publications

    • Les Écrivains et la Politique en France, de l’affaire Dreyfus à la Guerre d’Algérie, Paris, Seuil, 2018.
    • Los Intelectuales : profesionalización, politización, internacionalización, Cordoue, Eduvim, 2017.
    • Avec A. Brahimi et T. Leperlier (direction), « Champs intellectuels transnationaux », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 224, 2018.
    • « The Role of publishers in the making of World Literature : the case of Gallimard », Letteratura e Letterature, n° 11, 2017, p. 81-94.
    • « What Factors Determine the International Circulation of Scholarly Books ? The example of translations between English and French in the era of globalization », dans The Social and Human Sciences in Global Power Relations, sous la dir. de J. Heilbron, G. Sora et T. ¸Boncourt, Palgrave MacMillan, 2018, p. 59-93. Traduit en espagnol (Colombie) : Contraportada, 3, 2018 [en ligne].
    • Avec É. Brun et C. Fordan, « The Rise of the Social Sciences and Humanities in France : Institutionalization, Professionalization and Autonomization », dans Shaping Human Science Disciplines : Institutional Developments in Europe and Beyond, sous la dir. de C. Fleck, V. Karady et M. Duller, Palgrave MacMillan, p. 25-68.
    • Avec J. Heilbron, « Politics of translation : How states shape cultural transfers », dans Literary Translation and Cultural Mediators in “Peripheral” Cultures. Custom Officers or Smugglers London, sous la dir. de R. Meyerlarts and D. Roig-Sanz, Palgrave MacMillan, 2018, p. 183-210.
    • « Kokusaiteki kankyoniokeru osashippu no kochiku (La construction sociale de l’auctorialité dans le champ littéraire transnational) » traduit en japonais par Hidefusa KUROKI, Bulletin de la section française, Faculté des Lettres, Université Rikkyo, n° 47, 2018, p. 15-33.
    • « Publishing poetry in translation : an inquiry into the margins of the world book market », dans Sociologies of Poetry Translation. Emerging perspectives, sous la dir. de J. Blakesley, Londres, Bloomsbury, 2018, p. 23-42.
    • « Sous le vernis historique, une opération mercantile ? », Libération, 2 février 2018.
    • « Ne pas minorer l’antisémitisme de Charles Maurras », AOC, 10 juillet 2018.
    • « Mort de la culture française ? La circulation de la littérature et des sciences humaines « françaises » à l’étranger à l’ère de la mondialisation », Revue de la BnF, automne 2018, p. 66-73.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 3 mai 2018.

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