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Vendredi de 9 h à 13 h (salle 13, 105 bd Raspail 75006 Paris), les 10 novembre, 8 décembre 2017, 12 janvier, 9 février, 9 mars, 13 avril et 18 mai 2018. La séance du 13 avril est annulée
Ceux qui ont fait l’expérience de guerre n’ont cessé de l’affirmer : celle-ci ne serait pas communicable. Mais faut-il comprendre qu’une telle expérience ne puisse se transmettre ? Toutes les formes de témoignages, littéraires aussi bien qu’artistiques, ne cessent de le tenter. Les objets, les lieux, les gestes, et même les corps transmettent à leur tour. Quant au silence qui se referme sur tant de confrontations humaines avec le fait guerrier, il ne transmet pas moins. C’est sur cette notion de « guerre transmise » que le séminaire concentre ses travaux. Il prend la suite – mais sous une forme totalement différente – de celui qu’ont animé pendant plusieurs décennies Jean-Max Gaudillère et Françoise Davoine.
Le séminaire de Françoise Davoine et Jean-Max Gaudillière, rassemblant des chercheurs, des psychanalystes et des professionnels de l'éducation et du social autour du thème « Folie et lien social », abordait le champ du trauma dans son lien à la guerre et aux catastrophes de l'Histoire et du lien social. Nous questionnons donc les particularités de la mémoire traumatique, « une mémoire qui n'oublie pas », qui procède du « retranchement » d'événements psychiquement non inscrits. Nous nous proposons d'interroger les formes énigmatiques de transmissions de ces événements à travers les générations, en puisant toutes ces réflexions à l'aune de rencontres singulières dans les différents champs de nos pratiques.
En interlocution avec les sciences de la psyché, le séminaire entend intégrer les sciences sociales à cette problématique de la transmission de la guerre, en l’élargissant à la question des sociétés : le deuil de masse, la « brutalisation » des ensembles sociaux par l’activité guerrière, la porosité entre la guerre et certaines pratiques sociales des sociétés pacifiées constitueront autant de pistes de travail possibles. De même, le rôle des sciences sociales au titre de vecteur de transmission de l’expérience guerrière pourra être analysé au titre d’un salutaire retour réflexif sur l’objet d’étude du séminaire.
Ce séminaire comptabilise 7 séances de 4 heures et est validable au titre du master pour 6 ECTS.
10 novembre : Stéphane Audoin-Rouzeau « Transmissions du génocide des Tutsi rwandais. » (en dialogue avec Régine Waintrater)
8 décembre : Invités : Yaëlle Sibony-Malpertu « Dori Laub ». Père Patrick Desbois « Ouvrir les fosses des crimes de masse » [titre provisoire].
12 janvier : Invités : Zamir Eldar « Le point de vue d’un soldat dans la guerre ». Françoise Ponticelli « La peur du soldat. Comment tromper la peur pour tromper la mort ».
9 février : Caroline Gillier « Wilfred Bion, la guerre et la psychanalyse ».
9 mars : Jeanne Bernard « Zalmen Gradowski, Des voix sous la cendre : manuscrits des Sonderkommandos d’Auschwitz-Birkenau », et Karine Rouquet : sur le film de Laszlo Nemes, « Le fils de Saul », 2015.
13 avril : Marie Jauffret « Méduse : une figure mythologique de la violence entre fascination et frayeur ». – Exposés des étudiants
18 mai : Invitée : Marie Derrien « L'impossible démobilisation psychique. Statuts et trajectoires des anciens combattants de la Grande Guerre internés dans les hôpitaux psychiatriques français (1919-1980) ».
Mots-clés : Affects, Analyse de discours, Anthropologie historique, Corps, Émotions, Enfance, Famille, Génocides (études des), Guerre, Histoire, Politique, Psychanalyse, Psychiatrie, Psychologie, Racismes et races, Shoah, Témoignage, Temps/temporalité, Violence,
Aires culturelles : Contemporain (anthropologie du, monde), Europe, Europe centrale et orientale, Europe sud-orientale, France,
Suivi et validation pour le master : Spécial : cf. le descriptif
Domaine de l'affiche : Anthropologie historique
Intitulés généraux :
Renseignements :
Stéphane Audoin-Rouzeau par courriel.
Direction de travaux d'étudiants :
suivi des travaux des étudiants sur rendez-vous uniquement.
Réception :
contact par courriel.
Niveau requis :
licence ou équivalent.
Adresse(s) électronique(s) de contact : sar(at)ehess.fr, emmanuel.saint-fuscien(at)ehess.fr
Ce séminaire, qui a pris la suite – sous une forme très différente – de celui qu’animaient Jean-Max Gaudillère et Françoise Davoine, et dont c’est la troisième année d’existence, souhaite tenter de mettre en interlocution les sciences sociales avec les sciences de la psyché autour de la problématique de la « transmission » de la guerre sous toutes ses formes au sein de l’espace social.
La première séance du séminaire a été assurée par Stéphane Audoin-Rouzeau autour du thème : « Transmissions du génocide des Tutsi rwandais », en dialogue avec Régine Waintrater, psychologue clinicienne et maîtresse de conférences à l’Université Paris VII. Il s’agissait en particulier de mettre en rapport l’extrême brutalité du génocide avec certaines de ses suites, très brutales également : relations sociales au niveau local, aspects commémoratifs, funéraires, judiciaires, etc.
La séance suivante a permis d’entendre tout d’abord Yaëlle Sibony-Malpertu (psychologue, docteure de l’Université de Paris VII) autour du parcours, de la personnalité et de l’œuvre de Dori Laub, rescapé des camps et penseur majeur de la clinique des traumas, puis d’écouter le père Desbois, directeur de l’association « Yahad-In Unum », qui a localisé un très grand nombre de sites d’exécution des Juifs en Ukraine pendant le Second Conflit mondial et popularisé la notion de « Shoah par balles ». S’il est revenu sur cette première expérience de recherche des fosses et des témoignages, le père Desbois a exposé également son travail actuel sur les massacres dont a été victime la communauté Yézidis d’Irak du fait de l’EI (État Islamique).
La troisième séance a permis d’écouter le témoignage d’un ancien officier de l’armée israélienne, Zamir Eldar, qui a donné son point de vue de soldat dans la guerre, avant que Françoise Ponticelli, psychanalyste, évoque la question de la peur du combattant. La séance suivante a été consacrée au psychanalyste Wilfred Bion, ancien officier britannique de chars pendant la Première Guerre mondiale : Caroline Gillier et Alain Julienne (psychanalystes) ainsi qu’Emmanuel Saint-Fuscien ont croisé les approches et confronté les apports des disciplines de la psyché et de l’histoire de la Grande Guerre. La cinquième séance du séminaire a été consacrée à l’ouvrage de Zalmen Gradowski, Des voix sous la cendre : manuscrits des Sonderkommandos d’Auschwitz-Birkenau (Paris, Calmann-Lévy, 2005) : Jeanne Bernard, psychanalyste, est intervenue sur l’ouvrage lui-même, tandis que Karine Rouquet, également psychanalyste, a commenté le film de László Nemes, Le fils de Saul (2015). Après que l’avant-dernière séance ait dû être annulée en raison de l’occupation du 105 bd Raspail, le dernier séminaire a permis d’écouter Marie Derrien (maîtresse de conférences à l’Université Lille-III) sur la question de « L’impossible démobilisation psychique : statuts et trajectoires des anciens combattants de la Grande Guerre internés dans les hôpitaux psychiatriques français (1919-1980) », ainsi que Timothée Brunet et Clothilde Joris (étudiant-e-s de master à l’EHESS), le premier sur le cas du père Athanase Serumba, condamné à perpétuité par le TPIR d’Arusha pour le meurtre de ses paroissiens de Nyange (via la destruction de sa propre église au bulldozer), la seconde sur le parcours singulier d’Elie de Saint-Marc.
Publications
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 11 avril 2018.