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Mercredi de 13 h à 17 h (salle AS1_24, 54 bd Raspail 75006 Paris), du 10 janvier 2018 au 11 avril 2018. La séance du 28 mars 2018 se déroulera en salle AS1_08 (même adresse). 15 mars, séance commune avec le séminaire d'Étienne Anheim (de 15 h à 19 h, salle 4, 105 bd Raspail 75006 Paris). Séance supplémentaire le 16 mai (salle BS1_05, 54 bd Raspail)
On considère donc le XVIe siècle comme un moment spécifique de la configuration du rapport entre l’Europe et le reste du monde, dont l’un des principaux résultats que l’on cherche à étudier est précisément un ensemble de nouvelles manières de décrire, de mesurer et de comprendre cet espace monde. Le XVIe siècle est ainsi marqué par le déploiement, à l’échelle du globe, des domaines et des objets de savoir traditionnellement travaillés par l’Europe, qui impliquent la mobilisation d’acteurs et d’outils de savoirs à des échelles multiples et croisées. Après une première année marquée par l’ouverture de dossiers historiographiques (sur la catégorie de Renaissance notamment) et empiriques (sur certaines des figures du renouvellement de la fabrique des espaces du globe, missionnaires, médecins ou imprimeurs) et centrés sur les espaces de la catholicité, l’enquête, dans la deuxième année, s’est poursuivie dans la même direction, en cherchant à mettre en évidence les différents gestes qui se côtoient et se croisent à travers autant d’entreprises de production du monde. Deux thèmes structureront l’organisation de l’année : objets ou lieux-mondes ; langues. Par objet-monde, on entend tout type d’objet (livre, atlas, instrument, artefact) dont la fabrique et l’utilisation sont conçus dans un rapport à l’espace qui permet de penser les échelles du monde. La question des langues a été travaillée sous l’angle des problèmes et enjeux de la communication au long cours.
La fécondité de l’interrogation sur les langues comme outils et objets de matières à penser l’englobement du monde conduit à poursuivre la réflexion sur ce thème, au cours de l’année qui s’ouvre. Ce choix implique d’engager un dialogue méthodologique ainsi que pragmatique avec des spécialistes venus de différents horizons des sciences sociales, mais qui portent leur attention sur la formation des savoirs linguistiques dans une perspective historique. Ce choix conduit aussi à porter une attention particulière au site romain auquel seront consacrées plusieurs séances. En centrant une partie des séances sur Rome, on cherchera en particulier à mettre à l'épreuve les relations entre savoirs linguistiques et savoirs naturalistes.
Mots-clés : Cartographie, Coloniales (études), Culture matérielle, Écriture, Empire, Ethnographie, Géographie, Globalisation, Histoire, Histoire des sciences et des techniques, Histoire du livre, Historiographie, Savoirs, Sciences,
Aires culturelles : Amérique du Sud, Amériques, Asie, Asie centrale, Asie méridionale, Asie orientale, Asie sud-orientale, Atlantiques (mondes), Chine, Europe, Ibérique (monde), Japon, Transnational/transfrontières,
Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire semestriel (48 h = 12 ECTS)
Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire des sciences
Intitulés généraux :
Renseignements :
enseignant référent : antonella romano, antonella.romano(at)ehess.fr
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous.
Réception :
sur rendez-vous en adressant un courriel à antonella.romano(at)ehess.fr
Niveau requis :
le séminaire est un séminaire de recherche qui est aussi ouvert aux étudiants de master. La maîtrise de l'anglais, de l'espagnol, de l'italien, du latin peut être utile pour certaines séances.
Adresse(s) électronique(s) de contact : antonella.romano(at)ehess.fr
Les cadres de l’analyse restent ceux qui ont conduit à l’ouverture de ce séminaire en 2014 : on considère le XVIe siècle comme un moment spécifique de la configuration du rapport entre l’Europe et le reste du monde ; l’un des principaux problèmes que l’on cherche à étudier est précisément un ensemble de nouvelles manières de décrire, de mesurer et de comprendre cet espace-monde. Une attention particulière est accordée à la dimension historiographique et aux catégories à partir desquelles penser cette enquête.
Alors que l’année passée le séminaire s’est organisé autour de deux thèmes principaux, les objets ou lieux-mondes et la question des langues, cette année le travail a été plus concentré, aussi bien au plan de l’organisation des séances (4 heures) que de son fil conducteur : on s’est principalement concentré sur les déclinaisons de la notion d’« Orient » (« Indias orientales », « Indies », « Oriens », « Oriente »… en fonction des différentes langues utilisées dans les sources européennes), à partir d’un lieu d’observation, Rome. Le format choisi (4 heures) a été conçu pour donner un espace de discussion et permettre le croisement des approches, des points de vue, ou des objets.
Il s’est donc principalement agi de retracer, dans la panoplie de termes évoqués ci-dessus, la variété des usages et des définitions, en fonction des types de sources analysées (récits, cartes, globes, relations, descriptions…) ; de saisir les enjeux de la variation des références aux espaces physiques visés ; de mesurer les effets de ces variabilités sur la production des savoirs et leurs conditions d’énonciation. Cette réflexion s’inscrit dans un double prolongement : celui d’une réflexion développée dans le cadre du panel « Conceptualising Encounters : “Science” in the South », à l’occasion du congrès international d’histoire des sciences (Rio de Janeiro, juillet 2017), et intitulée « Europe and its Indies in the 16th century : the missing “South” » ; celui d’un travail empirique en cours et mis en œuvre avec Elisa Andretta (LAHRHA), sur les obélisques comme lieu/objets de savoir dans Rome, à la Renaissance (article collectif en cours de publication). On continue ainsi à analyser les processus européens d’englobement du monde au XVIe siècle, en vue d’une contribution plus générale à la réflexion sur les manières d’écrire de l’histoire globale.
Le séminaire a alterné entre Rome et d’autres sites : il a systématiquement été organisé dans la confrontation de mes recherches en cours et celles des collègues sollicités. Il a systématiquement bénéficié de l’échange avec Elisa Andretta. Les jeunes collègues (thèse ou postdoctorat en cours) ont été invité-es de manière systématique.
Au cours du séminaire, on a tout d’abord proposé une réflexion sur la notion d’Orient dans la Rome du XVIe siècle, puis on a décliné la catégorie dans différentes configurations de savoirs. On a ainsi pu interroger l’Orient proposé par l’ambassade japonaise à Rome au milieu des années 1580, les présences multiples de l’Orient dans les milieux curiaux et médicaux à partir des travaux en cours d’Elisa Andretta, Rafael Mandressi et Paola Molino, les objets « orientaux » tels que l’obélisque de Saint Pierre. Dans le cadre d’un séminaire organisé avec Étienne Anheim (« Commande et production artistique dans les cours européennes du Moyen Âge et de la Renaissance »), on a cherché à mettre à l’épreuve les frontières chronologiques et spatiales de la formulation romaine de l’horizon oriental dans une séance intitulée « La quête de l’Orient : commandes de manuscrits scientifiques et connaissance des langues : Avignon, XIVe siècle/Rome, XVIe siècle », avec Elisa Andretta, Étienne Anheim, Margherita Farina. Le moment 1513, où Rome accueille à la fois la fastueuse ambassade d’obédience du Portugal et où le mécénat pontifical fait converger à Rome Michel-Ange, Bramante et Raphael a été au cœur d’une séance où histoire de l’art et histoire des savoirs ont dialogué, grâce à la présence de Guy Le Thiec.
En sortant de Rome, on a pu changer la focale et croiser les perspectives et les styles historiographiques. Maurice Kriegel a développé une ample réflexion sur les fondements judaïques de la culture intellectuelle européenne du XVIe siècle. Avec notre collègue Mariana Françozo (Leiden University), on a arpenté Historia Naturalis Brasiliae en vue de saisir les Indes occidentales teles que vues des Provinces Unies. La notion de « Tartares » a été approchée par les sources chinoises grâce à la contribution de Michela Bussotti, par les sources occidentales avec Matthieu Chochoy, et dans Marco Polo étudié par Lisa Pochmalicki. La perspective maritime (regarder le globe depuis l’océan) a été abordée dans le cadre d’un travail sur les eaux orientales ou autour de l’océan indien aux XVe-XVIe, avec Jean-Marc Besse, Dejanirah Couto, Emmanuelle Vagnon. L’Orient dans l’œuvre de Ramusio a été discuté avec Fiona Lejsone et Oury Goldman.
Publications
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 16 mai 2018.