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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Les objets comme source : les textiles. 2

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Vendredi de 11 h à 13 h (salle 7, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 9 mars 2018 au 15 juin 2018. La séance du 30 mars est annulée. La séance du 13 avril 2018 aura lieu en salle du conseil B/BS1_05, 54 boulevard Raspail 75006 Paris. Pas de séance le 11 mai. La séance du 4 mai est reportée au 22 juin (salle 4, 105 bd Raspail)

Les objets constituent une source particulière du fait de leur matérialité et du rôle qu’ils jouent et qu’ils ont joué dans de nombreuses sociétés. Objets de prestige comme objets du quotidien nous renseignent sur les pratiques et les idées mises en œuvre au cours de leur production et de leur participation à la vie sociale, économique, politique, et religieuse des sociétés. Du fait de leur omniprésence comme objet technique, objet d’art et de mise en scène et/ou de vêtement, les textiles sont riches en informations sur le présent comme sur le passé. Ils permettent de retisser l'histoire parfois sur la très longue durée en apportant des informations que les autres sources ne peuvent pas toujours fournir, quand elles existent.

Le séminaire mettra en perspective l'histoire de la soie entre la Chine et l'Europe jusqu'au XVIe siècle. On s'intéressera aux articulations entre les différentes sources - matérielles, écrites et iconographiques -, et tout spécialement aux termes employés pour désigner et décrire les étoffes. Les textiles des Andes seront convoqués pour certains aspects qu’ils partagent avec les soieries chinoises et pour leur capacité démonstrative quand il s’agit d’examiner les relations entre tissage et mathématiques.

9 mars 2018 : Sophie Desrosiers et Annabel Vallard, Introduction

16 mars 2018 : Annabel Vallard, « Filières soyeuses en Asie entre artisanat et science »

La soie « made in Thailand » est réputée à travers le monde pour sa douceur et son chatoiement. À partir de l’étude de quelques étapes techniques emblématiques de la sériciculture dans le nord-est thaïlandais, ce séminaire s’intéressera aux fabriques de cette soie dans différents contextes sociotechniques (fermes séricicoles, laboratoires de génie génétique, filatures industrielles, organismes de certification d’origine et de qualité).

23 mars 2018 : Sophie Cersoy (maître de conférences du Muséum national d’histoire naturelle, Centre de recherche sur la conservation (CNRS USR 3224/MNHN) et Christophe Moulherat (chargé d'analyse des collections, département du patrimoine et des collections, musée du quai Branly-Jacques Chirac), « Au cœur de la matière : ce que peuvent révéler les fibres textiles, tout particulièrement la soie ? » (Titre provisoire)

30 mars 2018 : Séance annulée Annabel Vallard et Nicolas Césard (ethnoentomologue et anthropologue, MNHN – laboratoire Éco-anthropologie et ethnobiologie – UMR 7206), « La coopération séricicole japonaise en Asie du Sud-Est (Thaïlande, Indonésie) : Bombyx or non-Bombyx ? »

En dehors des grands champs comme ceux de la santé, du genre, de la gouvernance ou encore de l’éducation, la coopération japonaise en Asie du Sud-Est se décline aussi dans le domaine de la sériciculture et ce depuis au moins les années 1970. En partant de terrains ethnographiques en Thaïlande et en Indonésie, nous présenterons les projets mis en place dans ce cadre de l’aide internationale et leurs enjeux en termes techniques, économiques et aussi en termes d’écologie politique.

6 avril 2018 : Sophie Desrosiers, « Les soies dans une histoire décentrée »

L’histoire de la soie est un domaine de plus en plus complexe. Après être passés de ‘la route de la soie’ aux ‘routes de la soie’, nous voici devant un nouveau défi, à savoir : faire émerger ce qu’ont pu être ‘les routes des soies’ : soie du Bombyx mori et soies sauvages. La découverte de fils et de tissus en soie sauvage dans la vallée de l’Indus au IIIe millénaire avant notre ère implique que nous comptions désormais cette matière première parmi les fibres qui sont intervenues dans la production textile et dans les échanges depuis une période très ancienne.

13 avril 2018 (salle BS1_05, 54 bd Raspail 75006 Paris) : Laurence Douny, « Les soies sauvages en Afrique de l’Ouest » (à confirmer)

4 mai 2018 : Salvatore Gulli (ingénieur textile, Padoue), « Silk industry and new development potential from the perspective of a textile engineer »

Du 18 mai 2018 au 8 juin 2018 : Chiara Buss (enseignante au Fashion Institute of Technology, New York c/o Politecnico, Milan, professeure invitée à l’EHESS)

  • 18 mai 2018 : « Crimson and gold velvets in the Duchy of Milan under the Sforzas : 1450-1500 »
  • 25 mai 2018 : « Embroidering with “magete” in the Duchy of Milan under the Sforzas : 1480-1500 »
  • 1er juin 2018 : « Brocades “raised with gold over gold” in the Duchy of Milan under Spanish rule : 1550-1630 »
  • 8 juin 2018 : « Embroidering with “purls” and “painting with the needle” in the Duchy of Milan under Spanish rule : 1590-1620 »

15 juin 2018 : Sophie Desrosiers et Annabel Vallard, Conclusion     

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire semestriel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire des techniques

Intitulés généraux :

  • Sophie Desrosiers- Textiles et sociétés
  • Renseignements :

    Sophie Desrosiers, CRH-GAM, 54 bd Raspail 75006 Paris, ou par courriel.

    Direction de travaux d'étudiants :

    sur rendez-vous par courriel.

    Réception :

    sur rendez-vous par courriel.

    Niveau requis :

    à partir du M1.

    Adresse(s) électronique(s) de contact : sophie.desrosiers(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Poursuivant dans la direction prise depuis quelques années, nous avons resserré en 2017-18 les thématiques du séminaire « Les objets comme source : les textiles » autour de la sériciculture et des diverses soies qui ont été produites et transformées depuis le début de notre ère dans différentes régions du monde. Nous considérons en effet qu’une histoire globale des textiles et plus particulièrement de la soie ne peut se limiter à l’étude de la soie du Bombyx mori L. ou Bombyx du mûrier qui semble avoir dominé les échanges le long des fameuses « routes de la soie ». Les substances de cette espèce sont estimées comme fondamentales pour le développement de la production de soieries hors de Chine, région d’origine du Bombyx mori. Elles apparaissent comme traces matérielles quasi exclusives dans les contextes archéologiques et historiques connus. Toutefois, la découverte de fils et de tissus faits de soies dites « sauvages » dans la vallée de l’Indus au IIIe millénaire avant notre ère et sur divers sites entre l’Asie centrale et la Méditerranée depuis le début de notre ère, implique que nous considérions désormais ces autres soies parmi les fibres qui ont compté dans la production textile et dans les échanges depuis une période très ancienne. Elle implique également que nous réexaminions les substances soyeuses peut être indûment attribuées au Bombyx mori au prisme de ces autres substances « sauvages ».
    Au cours du séminaire de cette année, nous avons d’abord examiné les travaux de J. Mark Kenoyer, dont les fouilles ont conduit à la découverte de fils et de tissus en soies « sauvages » – d’Antheraea assamensis et d’Antheraea mylitta – à Harappa dans la haute vallée de l’Indus et d’Antheraea assamensis ou de Philosamia à Chanhudaro dans la partie sud de la même vallée dans des couches datées des périodes 3B (2450-2200 av. J.-C.) et 3C (2200-1900 av. J.-C.) (J.-Marc Kenoyer, 2017. « Textiles and trade in South Asia during the Proto-Historic and Early Historic Period », dans Silk, sous la dir. de B. Hildebrandt, Oxford/Philadelphia, Oxbow books, 2016, p. 7-26).
    Afin d’étendre notre analyse à la fois synchroniquement et diachroniquement nous avons tenu compte d’autres sources bibliographiques qui nous ont permis d’aborder la question de l’étendue géographique et de la profondeur historique des usages de ces soies « sauvages » ainsi que les échanges parfois à longue distance desquels ils participent. Il est apparu par exemple que des étoffes de soies sauvages étaient présentes dans l’Antiquité tardive dans la vallée du Ferghana en Ouzbékistan et à Antinoé en Égypte (B. Matbabaev, F. Zhao 2010. Early Medieval Textiles and Garments of Ferghana Valley. Shanghai, guji chubanshe ; F. Calament et M. Durand, 2013, Antinoé à la vie à la mort. Visions d’élégance dans les solitudes, Lyon : Musée des tissus-musée des arts décoratifs, cat. 99, 105, 112, 122, 148). Ce dernier cas, particulièrement intéressant, montrait qu’au moins l’un de ces textiles avait été fabriqué dans le sous-continent indien.
    La soie du Bombyx mori et les soies sauvages ont aussi été examinées à la lumière du présent, non seulement comme matériaux menant à des recherches génétiques pointues en laboratoire, au développement de nouvelles méthodes d’identification (Sophie Cersoy, MNHN et Christophe Moulherat, MQB) ou à l’amélioration des machines de filature (Salvatore Gulli, ingénieur, Padoue), mais aussi dans des régions jusqu’ici peu prises en compte comme l’Afrique de l’ouest où la soie de chenilles processionnaires est très recherchée malgré les difficultés rencontrées dans leur exploitation (Laurence Douny, UCL Anthropology/ULB Lamc).
    En contrepoint et afin de poursuivre les réflexions entamées les années précédentes, Chiara Buss (université catholique et Fashion Institute of Technology, New York c/o Politecnico, Milan) et Ching Maybo (City University, Hong Kong), professeures invitées à l’EHESS, ont respectivement présenté les aspects novateurs de leurs recherches sur la production de soieries à Milan entre XVe et XVIIe siècle et sur le commerce de colorant rouge – grana ou cochenille – d’origine américaine à Canton.

    Publications

    • « Note sur le damas et sur le “voile” de soie d’Essouk-Tadmekka », dans Essouk-Tadmekka : An Early Islamic Trans-Saharan Market Town, sous la dir. de S. Nixon, Leyden, Brill, 2017, p. 393-399.
    • Avec C. Breniquet, W. Nowik et A. Rast-Eicher, « Les textiles découverts dans les tombes de l’âge du Bronze moyen à Chagar Bazar (Syrie) », dans Chagar Bazar (Syrie) VIII. Les tombes ordinaires de l’âge du bronze ancien et moyen des chantiers D-F-H-I (1999-2011). Études diverses, sous la dir. d’Ö. Tunca et A. Baghdo Peeters, Louvain, 2018, p. 11-48.
    • Avec A. Vallard, « Quand la vie ne tient qu’à un soupçon de sensibilité », Techniques & culture, n° 68, 2017, p. 134-161.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 2 mai 2018.

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