Logo EHESS

baobab
Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Histoire et anthropologie des sociétés musulmanes dans l’Asie du sud contemporaine (SOMA)

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

1er mercredi du mois de 13 h à 16 h (salle A06_51, 54 bd Raspail 75006 Paris), du 4 octobre 2017 au 2 mai 2018. Séance supplémentaire le 8 novembre (même horaire, même salle). Il n'y aura pas de séance le 6 décembre. La séance du 10 janvier aura lieu en BS1_05 (même adresse, même horaire). Séance supplémentaire le 16 mai (de 9 h 30 à 12 h 30, salle 5, 105 bd Raspail)

L’Asie du sud héberge une population de près de 500 millions de musulmans. Avec deux des pays musulmans les plus peuplés (Pakistan et Bangladesh), il s’agit par conséquent d’un pôle majeur du monde musulman dont la représentation est néanmoins souvent réduite à l’actualité récente. En outre, l'Asie du sud compte deux communautés chiites importantes, qui font du Pakistan et de l'Inde les 2e et 3e pays chiites par le nombre de croyants (après l'Iran). La priorité de ce séminaire est de décentrer la représentation surtout géopolitique et géostratégique des musulmans d’Asie du sud pour favoriser une contextualisation en histoire contemporaine ainsi qu’une perspective anthropologique. Ce décentrement sera mis en œuvre sur un plan théorique et méthodologique à travers une approche critique des outils conceptuels. Plutôt que de s’appuyer sur des théories essentialistes autour de l’islam, le séminaire analysera ces sociétés musulmanes comme structures sociales historiques autant que comme nouvelles solidarités, mais également comme lieux de pouvoir et espaces de production culturelle. Un autre objectif poursuivi par ce séminaire est d'illustrer la diversité des expressions de l'islam. Il suivra enfin l'évolution des travaux en sciences sociales qui sont consacrés chaque année aux musulmans de cette aire culturelle.

Mercredi 4 octobre 2017 :

  • tour de table ; bilan de l'année écoulée et projets pour l'année qui commence
  • Diego Abenante (Université de Trieste), « Contested Narratives, Devotional Islam and the Politics of Identity in Pakistan since 1947 »

Mercredi 8 novembre 2017 :

  • Véronique Bouillier (CNRS, CEIAS), « Yogi Adityanath ou Ratan Baba ? Les relations des Nath Yogis à l’islam »
    Les développements politiques contemporains incarnés par le chef du monastère de Gorakhpur et Chief Minister de l’Uttar Pradesh, Adityanath, n’ont pas grand chose en commun avec la longue histoire des relations complexes qui se sont tissées entre les Nath Yogis et l’islam. J’évoquerai plusieurs exemples de ce dialogue qui perdure selon différents registres.
  • Catherine Servan Schreiber (CNRS, CEIAS), « Dargāh sur Stupa. Ce que l'architecture révèle de la relation entre l'hindouisme, le bouddhisme et l'islam soufi en Inde du Nord »
    À partir de l'examen d'une structure de dargāh particulière, la tombe de Qāḍin Ola Shaṭṭārī à Vaishali, on verra la façon dont les principales confréries soufies du Bihar négocient leurs relations avec le bouddhisme et l'hindouisme. Outre l'architecture même des dargāh-s en pays bouddhiste puis hindou, les récits de fondation des sanctuaires soufis, les textes qui circulent au Bihar par l'intermédiaire d'interprètes issus de la confrérie des Madarī et les écrits du grand saint soufi Sharaf ud din Yahia Maneri (1290-1381) éclairent eux aussi la question de cette relation.

Mercredi 10 janvier 2018 :  Le partage indien du sacré d’après les travaux de Dominique-Sila Khan (1949-2016)

Il y a vingt ans, en 1997,  Dominique-Sila Khan publiait un ouvrage qui allait la consacrer comme une des meilleures spécialistes du religieux en Inde et en Asie du sud. Il s’agissait de la publication de sa thèse d’ethnologie remaniée sous le titre de Conversions and Shifting Identities : Ramdev Pir and the Ismailis in Rajasthan (Manohar/CSH, 1997). Chercheure associée à l’Institute of Rajasthan Studies à Jaipur, elle fréquentait lors de ses séjours à Paris le groupe qui se réunissait autour de Françoise Mallison à l’EPHE pour étudier les traditions ismaéliennes d’Asie du sud, et par conséquent les différentes modalités de la rencontre entre islam et hindouisme. Dominique-Sila Khan fut une des premières à utiliser systématiquement une approche textuelle et ethnographique pour étudier la circulation des savoirs religieux dans cette koiné du nord-ouest du sous-continent indien. La complexité des problématiques relatives à la rencontre entre islam et hindouisme l’a conduite sur le plan théorique à passer du concept d’acculturation à celui de liminalité, et à s’associer à plusieurs chercheures de renom comme Zawahir Moir, Shail Mayaram ou Véronique Bouillier. Dominique-Sila Khan s’est enfin intéressée à l’expression visuelle de ses travaux en réalisant des documentaires.

La séance sera divisée en trois parties :

  • Première partie : Témoignages, Sandrine Prévot, Marianne Salerno, Iqbal Surani
  • Deuxième partie : Introduction aux travaux de Dominique-Sila Khan, Michel Boivin, Véronique Bouillier, Delphine Ortis, Iqbal Surani
  • Troisième partie : Le partage sacré : musulmans et hindous en Inde du nord, un film de Dominique-Sila Khan et Patrick Nollio, 41mn, 2003.

Mercredi 7 février 2018 :

  • Xavier Hermand (CEIAS-EHESS), « Observer le groupe dans les milieux de l'artisanat en Afghanistan : enjeux et méthodes »
    Les artisans de la ville de Jalalabad appartiennent à des groupes qui existent depuis plusieurs décennies et ont des modes de vie très différents. À partir d'enquêtes réalisées parmi ces professionnels de l'artisanat, je tente d'éclaircir dans ma thèse ce qui fonde la solidarité au sein de ces groupes, et l'exposé que je vais présenter me permet de revenir sur l'évolution de mon approche sur le terrain et sur les différents outils méthodologiques que j'ai employé.
  • Florence Halder (Université de Toulouse 2-Jean Jaurès), « Un dargāh sur les terres d’un hôpital psychiatrique ? Itinéraires thérapeutiques de patients entre lieux de soins aux relations tumultueuses (Jharkhand) »
    Quels sont les parcours des personnes qui se disent possédées par un mauvais esprit, entre un dargāh spécialisé dans le traitement de ces troubles et les hôpitaux psychiatriques voisins ? Répondre à cette question nécessite certes un intérêt pour la co-construction des troubles entre thérapeutes et patients, mais aussi de comprendre les rivalités entre lieux de soins.

Mercredi 7 mars 2018 :

  • Matteo De Chiara (INaLCO, Paris), « La vallée de Swāt : ethnologie et linguistique »
    Le district de Swāt (سوات) est aujourd’hui partie de la Malakand division et se situe au nord de Peshawar (Pakistan), dans la province actuelle de Khyber Pukhtunkhwa (KPK), l’ancienne North-West Frontier Province (NWFP). Il tire son nom de la rivière Swāt, qui coule des montagnes de l’Hindukuš : l’une des analyses étymologiques de ce nom le fait remonter au védique Suvāstu. Origine indienne, donc. En effet, il semble que les Indiens furent parmi les premiers habitants de cette région, qui ensuite seulement aurait été envahie, peuplée et visitée par les Grecs d’Alexandre, les Tibétains, les Chinois, etc. Connue aussi sous le nom d’Uḍḍyāna, la vallée est aujourd’hui peuplée majoritairement par des Pashtouns Yusufzais.
    Dans cette intervention je présenterai la situation ethnique, sociale et linguistique de Swāt, ainsi que la reconstruction des dynamiques historiques des peuplements, sur la base des premiers résultats de mon projet sur la toponymie de cette région. A travers les données recueillies sur place, j’aborderai aussi quelques mœurs et traditions de cette région.
  • Clément Therme (International Institute for Strategic Studies – CETOBaC), « Les liens transnationaux entre l’Iran et les communautés chiites en Afghanistan et au Pakistan »
    Malgré leur appartenance commune au monde ‘persianate’, les relations entre l’Iran, l’Afghanistan et le Pakistan semblent d'abord déterminées par des facteurs politiques et de sécurité plutôt que par des considérations religieuses ou culturelles. En effet, sur le plan religieux, l'influence de l'Iran en Afghanistan et au Pakistan est limitée par les fractures sunnites/chiites mais aussi par la volonté d'une partie significative de la communauté des Hazaras de préserver de bonnes relations avec les pays occidentaux. De plus, les universités privées et les chaînes de télévision chiites se présentent comme autonomes vis-à-vis de l'Iran tout en ayant l’ambition d'apparaître comme la communauté la plus progressiste d'Afghanistan, en particulier en ce qui concerne l'éducation des femmes. Cette dimension politico-religieuse a une importance significative en raison de la nature théocratique du régime iranien qui présente un modèle de fusion du politique et du religieux peu adapté aux réalités afghanes et pakistanaises où les chiites sont une minorité. Cela étant, les acteurs locaux afghans et pakistanais peuvent « utiliser » l'Iran pour obtenir des diplômes de doctorat sans pour autant adhérer aux valeurs de la Révolution islamique. In fine, nous verrons que le nationalisme iranien peut constituer une limite dans le projet de puissance régionale de l’Iran qui se construit notamment au travers des réseaux transnationaux chiites du monde arabe à l’Asie du Sud. 

4 avril 2018 : Le poète-musicien de cour et saint soufi Amīr Khusrau Dehlavī (1253-1325), figure emblématique de la musique en Asie du Sud : des sanctuaires soufis à la scène musicale hindoustanie

  • Première partie : F. ‘Nalini’ DELVOYE (EPHE) « Les répertoires poétiques des musiciens professionnels qawwals au sanctuaire soufi de Nizamuddin à New Delhi »

Nous évoquerons la vie et l’oeuvre d’Amīr Khusrau Dehlavī (1253-1325), poète-musicien de cour et saint soufi, et sa représentation aujourd’hui. Les commémorations de sa mort (‘urs) et de celle de son maître Chishti Khwāja Niẓāmuddīn Auliya (1238-1325) sont l’occasion d’écouter la poésie lyrique indo-persane et hindavi qui lui est attribuée et celle de célèbres poètes persans et indiens. Les musiciens professionnels (qawwāl), leur rendent hommage dans plusieurs lieux proches du sanctuaire (dargāh) qui abritent leurs tombes, en puisant dans leurs répertoires poétiques transmis depuis des siècles. Pendant cinq jours et nuits, les rituels collectifs et les assemblées musicales offrent l’occasion d’observer la variété thématique de dizaines de poèmes lyriques du genre qawwālī. Ils sont choisis selon leurs contextes de performance et l’appréciation attendue d’un auditoire compos. de dévots et de connaisseurs, en respectant certaines conventions de la musique classique de l’Inde du Nord.

  • Deuxième partie : Ingrid LE GARGASSON (Universit. Sorbonne Nouvelle – Paris 3) « Musique hindoustanie et Islam : perspectives contemporaines croisées »

Les liens entre la culture islamique et la musique hindoustanie sont multiples aussi bien qu’anciens. Il s’agira ici d’exposer quelques aspects contemporains de cette relation en s’attachant, d’une part, au contenu poétique des répertoires chantés, principalement dans le genre khyāl, et en considérant, d’autre part, certains de ses contextes d’exécution et de transmission. Ce dernier point m’amènera à aborder les enjeux sociaux liés à la transformation du milieu de la musique classique de l’Inde du Nord, depuis les premières décennies du 20e siècle, telle l’évolution du profil des interprètes et la marginalisation progressive de ses praticiens traditionnels, notamment musulmans.

Mardi 16 mai 2018 : Carla Bellamy, « Kingship, citizenship, and Sufi Shrine Culture in Indian Muslim Princely States 7

This lecture explores the changing relationship between the small princely state of Jaora and a collection of Islamic shrines located on the outskirts of the present-day town of Jaora (population 75,000) known as Husain Tekri (Husain Hill).  Drawing upon colonial and court documents in English and Urdu as well as contemporary interviews and ethnographic research, the talk will focus on three moments in Husain Tekri’s history : its founding in 1886 ; the development of its shrines from the 1920’s through the 1940’s, highlighting, in particular, connections between Husain Tekri and Bombay’s Shi‘a Khoja community ; and the modern life of the shrines as they relate to Jaora’s current nawab (king). Throughout, the unique nature of the shrines as hybrid Sunni-Shi’a spaces unaffiliated with Sufi lineages has facilitated - and continues to facilitate – novel articulations of sovereignty that differ from more well-documented Sufi patronage structures that granted medieval and early modern Muslim rulers of the subcontinent their sovereignty.

Carla Bellamy est professeur associé des religions d’Asie du sud dans le département de sociologie et d’anthropologie de Bharuch College, City University of New York. Elle a publié en 2011 The Powerful Ephemeral : Everyday Healing in an Ambiguously Islamic Place (University of California Press). Sa recherche se concentre sur l’intersection dynamique de l’identité religieuse, des conflits religieux, et des conceptions relatives à l’individualité et à la guérison dans l’Inde contemporaine.

Site(s): Webpage Carla Bellamy 

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire semestriel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Intitulés généraux :

  • Fabrizio Speziale- Asie du Sud et culture persane (XVIe-XXe siècle). Productions savantes, traductions, interactions
  • Renseignements :

    par courriel.

    Direction de travaux d'étudiants :

    contacter l'un des organisateurs du séminaire.

    Réception :

    sur rendez-vous uniquement.

    Niveau requis :

    licence d'histoire, anthropologie, sciences politiques, sociologie etc. Un entretien préalable avec un ou plusieurs enseignants est indispensable.

    Adresse(s) électronique(s) de contact : mboivin(at)ehess.fr, mazahab(at)club-internet.fr, delphine.ortis(at)gmail.com, spezialef(at)yahoo.com

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 11 mai 2018.

    Contact : service des enseignements ✉ sg12@ehess.fr ☎ 01 49 54 23 17 ou 01 49 54 23 28
    Réalisation : Direction des Systèmes d'Information
    [Accès réservé]