Logo EHESS

baobab
Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Le paysage comme trace : un laboratoire pour le concept de résilience

  • Sandrine Robert, maître de conférences de l'EHESS ( CRH-GAM, CRH-GGH-Terres )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Jeudi de 13 h à 15 h (salle 7, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 8 mars 2018 au 21 juin 2018. La séance du 12 avril est annulée. La séance du 3 mai se déroulera en salle AS1_15 (54 bd Raspail 75006 Paris)

Ce séminaire interrogera le paysage comme laboratoire pour penser le changement dans les systèmes. Sera exploré en particulier le concept de résilience. Théorisée à partir des années 1970 par l’écologue C. Holling, la résilience permet d’étudier des systèmes socio-naturels, aux trajectoires complexes et non linéaires. Cela implique de repenser les articulations spatiales et temporelles au sein des systèmes. En archéogéographie, l’association des échelles temporelles et spatiales dans un modèle de résilience des formes sur la longue durée permet de prendre en compte les décalages, les accélérations, les possibles réactivations etc. qui constituent la dynamique des paysages. Cette posture donne une place fondamentale à la trace, comme témoignage du passé de la trajectoire d’un système mais aussi comme agent potentiellement actif des systèmes présents ou futurs. Cela nécessite de dépasser les clivages traditionnels entre passé-présent, nature-culture et de transformer les modalités de l’enquête pour associer dans un même objet de recherche des traces d’origines multiples. Ce questionnement autour du paysage comme trace invite au dépassement des séparations disciplinaires, pour une meilleure compréhension et une meilleure résilience des systèmes socio-naturels.

Ce séminaire est accessible sur la plateforme d'enseignement de l'Environnement numérique de travail de l'EHESS :

24 mai : Marcella Schmidt Muller di Friedberg, Université de Milan-Bicocca, professeure invitée "Paysages japonais. Le satoyama de Hiao Miyazaki"

Aires culturelles : Amériques, Europe, France, Océanie,

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire semestriel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Géographie

Intitulés généraux :

  • Sandrine Robert- Fabrique, résilience et transmission des formes du paysage : archéogéographie
  • Direction de travaux d'étudiants :

    sur rendez-vous.

    Réception :

    sur rendez-vous.

    Niveau requis :

    ouvert, assiduité demandée.

    Adresse(s) électronique(s) de contact : sandrine.robert(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Le cadre conceptuel de la résilience, proposé par le réseau Resilience Alliance associant des spécialistes des sciences du vivant et des sciences sociales, apparaît comme un moyen de penser le changement dans les systèmes à travers une dialectique qui articule des structures héritées et de constantes transformations. L’archéogéographie, en analysant l’évolution des paysages et des réseaux géographiques sur la longue durée, est un cadre privilégié pour étudier les temporalités et les rythmes à l’œuvre dans les résiliences et les transitions.
    Le séminaire « Le paysage comme trace, un laboratoire pour le concept de résilience » a été l’occasion cette année d’examiner en détail les textes produits par C. Holling, fondateur de l’ecological resilience et par le réseau Resilience Alliance qui relaye sa pensée à partir de 1999. Nous nous sommes intéressés en particulier aux éléments du cadre conceptuel de la résilience qui permettent d’articuler les dimensions spatiales et temporelles : les notions de cycle adaptatif, de modèle panarchique, d’états stables alternatifs, de transitions catastrophiques, etc. Ont été présentés également des textes mettant en jeu l’application de la résilience aux systèmes spatiaux dans le domaine de l’archéologie et de la géographie. J’ai invité, avec Alice Ingold, John Weishampel, professeur de biologie à Orlando (USA), qui nous a exposé son travail sur les ecological land use legacies. Ce champ étudie la manière dont l’utilisation des ressources et l’aménagement des paysages à une période donnée, produisent dans la longue durée des artefacts qui influencent la trajectoire des systèmes socio-écologiques. Grâce à la technologie LiDAR, John Weishampel montre, par exemple, comment les terrasses construites puis abandonnées par la civilisation maya ont une incidence sur la forme de la canopée actuelle de la forêt au Belize.
    Cette réflexion théorique sur la résilience est articulée à une enquête qui porte sur la résilience du réseau de circulation dans le Bassin Parisien, de l’Antiquité à aujourd’hui. Quatre états du réseau matériel sont reconstitués (Antiquité, Moyen Âge, 1800, 2000) et comparés afin de mettre en évidence les héritages et les transitions. Le Moyen Âge apparaissant comme une période-clé et souvent sous-estimée dans la transmission du réseau de circulation antique, j’ai initié une enquête sur le transport de la marée au Moyen Âge. Celle-ci s’effectue essentiellement par la route et son étude permet d’examiner les conditions de circulation et les stratégies développées par différents acteurs dans une circulation d’envergure régionale liée à la vitesse.
    Ces recherches ont alimenté ma participation au LabEx DynamiTeS (Dynamiques Territoriales et Spatiales) et ont été présentées dans l’Atelier doctoral interdisciplinaire de l’EHESS et de l’École Française de Rome en octobre 2017. J’ai organisé également une session « The Use of Resilience conceptual Framework in Landscape Archaeology and Archaeogeography » dans le 18th world congress of International Union for prehistoric and protohistoric sciences/UNESCO (Paris), qui s’est tenu à Paris du 4 au 9 juin 2018, pour lequel j’ai fait partie du comité d’organisation.
    Le séminaire de recherche est articulé avec un enseignement pratique en archéogéographie qui a donné lieu au premier semestre à un Atelier mensuel où ont été pratiquées la carto-interprétation, la photo-interprétation, l’analyse morphologique et l’analyse de données LiDAR. Enfin, ces travaux nourrissent un questionnement sur les méthodes et techniques de la cartographie numérique. En 2018, la rédaction d’un rapport et la mise en ligne d’une interface ont marqué la clôture du projet PSL visant à la « Valorisation du Fonds cartographique du Laboratoire de Graphique de l’EHESS » que j’ai dirigé avec Éric Mermet.

    Publications

    • « Le Moyen Âge, le chaînon qui manquait à l’archéogéographie ? », dans Pour une archéologie indisciplinée. Réflexions croisées autour de Joëlle Burnouf, sous la dir. de F. Journot, Europe médiévale, 12, Paris, Éditions Mergoil, 2018, p. 135‑141.
    • « Les chasse-marée et la route du poisson. Réduire la distance pour approvisionner Paris du XIIIe siècle au XVIIIe siècle », Techniques & Culture, Revue semestrielle d’anthropologie des techniques, 2018, http://journals.openedition.org/tc/8931.
    • « Archéologie du paysage et géographie : entre observation, transferts et co-constructions », P@lethnologie, n° 9, 2017, p. 53-62, http://blogs.univ-tlse2.fr/palethnologie/2017-revue/
    • « Landscape archaeology and geography : between observation, transferts and co-constructions », P@lethnologie, n° 9, 2017, p. 53-62, http://blogs.univ-tlse2.fr/palethnologie/en/2017-05-Robert/
    • Avec Éric Mermet, Rapport pour le Projet PSL-EHESS : valorisation du fonds cartographique du Laboratoire de Graphique de l’EHESS (Projet Bertin), avril 2016-octobre 2017, PSL, EHESS, Plateforme géomatique, 2018, 26 p.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 14 mai 2018.

    Contact : service des enseignements ✉ sg12@ehess.fr ☎ 01 49 54 23 17 ou 01 49 54 23 28
    Réalisation : Direction des Systèmes d'Information
    [Accès réservé]