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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Approches contemporaines de la conversion

  • Jean-Philippe Heurtin, professeur à l'Université de Strasbourg ( Hors EHESS )
  • Patrick Michel, directeur d'études de l'EHESS, directeur de recherche au CNRS ( CMH )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Un jeudi par mois de 14 h 30 à 17 h 30 (Campus Jourdan, 48 bd Jourdan 75014 Paris), voir calendrier ci-dessous

  • 16 novembre 2017, salle de réunion du CMH, bâtiment E, 1er étage, ENS, 48 bd Jourdan, 75014 Paris
  • 8 février 2018,  salle R3-35, bâtiment Oïkos, 3e étage, ENS, 48 bd Jourdan, 75014 Paris
  • 22 mars 2018, salle R3-35, bâtiment Oïkos, 3e étage, ENS, 48 bd Jourdan, 75014 Paris
  • 17 mai 2018, salle R3-35, bâtiment Oïkos, 3e étage, ENS, 48 bd Jourdan, 75014 Paris

L’analyse de la « conversion » est réputée participer de l’exploration du champ religieux. La conversion apparaît en effet comme une modalité d’éprouvement du religieux particulièrement adaptée aux caractéristiques contemporaines de celui-ci (individualisation, pluralisation de l’offre religieuse, possibilité pour le « sujet croyant » de maximiser les avantages recherchés dans la conversion du fait de la nature hautement concurrentielle du marché religieux).

L’objectif du séminaire, dans la continuité de ce qui a été fait en 2015-2016 et en 2016-2017 sera de réintroduire la conversion dans une sociologie générale, de ne donc pas limiter son approche au seul domaine religieux, mais de l’étendre aux situations de changement radical dans l’identité, tels par exemple les changements d’allégeance politique ou de paradigmes scientifiques.

Aires culturelles : Transnational/transfrontières,

Suivi et validation pour le master : Mensuel annuel/bimensuel semestriel (12 h = 3 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Sociologie

Intitulés généraux :

  • Patrick Michel- Approches politiques du religieux. Sociohistoire des relations entre religion et politique
  • Renseignements :

    pour toute information complémentaire, contacter Arlette Mollet au Centre Maurice-Halbwachs.

    Direction de travaux d'étudiants :

    sur rendez-vous.

    Réception :

    sur rendez-vous.

    Adresse(s) électronique(s) de contact : patrick.michel(at)ehess.fr, jpheurtin(at)unistra.fr, jean-philippe.heurtin(at)misha.fr, amollet(at)ens.fr

    Compte rendu

    Le séminaire, pour la troisième année consécutive, a continué d’explorer les phénomènes de conversion dans leur diversité. Dans cette perspective, quatre séances ont été organisées au cours de l’année 2017-2018. Une première séance a été introduite par Patrick Michel et Jean-Philippe Heurtin. Une deuxième autour des travaux d’Hamza Esmili et d’Etienne Ollion, respectivement consacrés aux mécanismes de conversion-reconversion à l’Islam dans la banlieue parisienne sous l’égide du mouvement Tabligh et à la législation sur les sectes aux États-Unis et en France. Une troisième séance a confronté les conversions alimentaires (végétarisme, véganisme, etc.) présentées par Laurence Ossipow, et d’éventuelles conversions de paradigmes en sciences économiques analysées par Philippe Askenazy. La dernière séance a été consacrée d’une part à la présentation par David Simbsler de son ethnographie de la conjonction du mouvement des Sans-terre et du mouvement pentecôtiste au Brésil, d’autre part à un retour historique et analytique sur le problème historiographique de la christianisation du monde antique, par Jean-Philippe Heurtin.
    Les différentes séances du séminaire ont été l’occasion de s’interroger sur certains des traits majeurs qui marquent les représentations, tant ordinaires qu’académiques, de la conversion. C’est en particulier autour de la référence au religieux que le séminaire a pu apporter des éclairages nouveaux. Il est, en effet, courant d’admettre que c’est la conversion religieuse qui a fourni le « modèle » de compréhension de la conversion. Pour autant, les communications qui ont été faites sur des terrains religieux ont montré aussi la diversité des pratiques de conversion religieuse qui ne correspondent pas à l’imagerie courante. Il en va ainsi d’abord de la radicalité de la rupture qu’entraînerait la conversion religieuse : on observe des formes de conversions qui n’entraînent ni rupture avec les cercles de sociabilité antérieure, ni transformation radicale et instantanée des modes de vie et d’être en société. L’attestation de la conversion peut même ne s’accompagner que de marqueurs peu apparents, voire publiquement inexistants. Les analyses sur le terrain brésilien de David Simbsler, ou le retour historique effectué par Jean-Philippe Heurtin sur la christianisation du monde antique, offrent le tableau de processus beaucoup plus hybrides où les considérations politiques ou économiques jouent des rôles parfois plus importants que les transformations des « croyances » religieuses.
    Ces constats conduisent à réfléchir à nouveau frais sur le modèle religieux de conversion et la signification de son importance. Sans doute, les Églises ont-elles eu un intérêt premier à manifester le ralliement de masses importantes de convertis, sans être trop regardantes sur la qualité de leur conversion – acceptant d’ailleurs des conversions inscrites dans la longue durée, d’intensités variables, jusqu’à tolérer des doubles affiliations religieuses. Ce n’est sans doute que très progressivement que s’est affirmée, de manière toutefois presque toujours limitée (au moins dans le catholicisme), une codification de la « bonne conversion ». De sorte que le « sérieux » de la conversion ne se rencontre pas toujours – loin s’en faut – dans les descriptions que les différentes communications ont offertes. C’est, bien plus que le catholicisme ou l’islam, le protestantisme qui a poussé le plus loin cette logique de codification des signes de la conversion, et qui y a apporté les traits les plus marquants de sa compréhension contemporaine ordinaire : son caractère individuel, instantané et radical. Il est, à ce titre, le grand pourvoyeur des images des révolutions religieuses, politiques, éthiques ou économiques que le séminaire a abordés. Ainsi, des « conversions alimentaires » décrites par Laurence Ossipow qui épousent la forme même des conversions religieuses protestantes sur un terrain qui en est pourtant, et à l’évidence, fort éloigné. Le lien entre conversion et protestantisme met l’accent sur l’irruption du pluralisme comme problème, et à cet égard on peut envisager les événements de conversion comme une forme de résistance au pluralisme ou de critique de celui-ci. Ce dernier aspect met en lumière – tout du moins peut-on en émettre l’hypothèse – que l’importance culturelle contemporaine des phénomènes de conversion renvoie à ce même problème du pluralisme, non plus aujourd’hui seulement religieux, mais aussi social, éthique et politique. La conversion pourrait ainsi être vécue comme un rempart à l’ambivalence intrinsèquement liée à la pluralité des formes de vies qui désormais sont les nôtres, et dont Z. Bauman a fait une des caractéristiques majeures des sociétés contemporaines.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 29 août 2017.

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