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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Histoires de l’art dans le monde musulman (Maghreb et Moyen-Orient), XIXe-XXIe siècle

  • Annabelle Boissier, docteure de l'EHESS, chercheuse associée au LAMES (UMR 7305) ( Hors EHESS )
  • Fanny Gillet, doctorante à l'Université de Genève ( Hors EHESS )
  • Alain Messaoudi, maître de conférences à l'Université de Nantes ( Hors EHESS )
  • Silvia Naef, professeure ordinaire à l'Université de Genève ( Hors EHESS )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

  • Perin Emel Yavuz, docteure de l'EHESS ( CRAL )

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

1er et 3e vendredis du mois de 15 h à 17 h (IISMM, salle de réunion, 1er étage, 96 bd Raspail 75006 Paris), du 17 novembre 2017 au 15 juin 2018. Les séances des 15 décembre et 19 janvier se dérouleront de 14 h à 17 h. Pas de séance le 2 mars. La séance du 18 mai est reportée au 25 mai, de 15 h à 17 h (salle des étudiants, IISMM, 1er étage, 96 bd Raspail 75006 Paris)

Pour poursuivre notre enquête sur l’élaboration et l’écriture des histoires de l’art dans et sur le Maghreb et le Moyen-Orient, nous approfondirons les trois axes déjà dégagés en 2015-2016. Il s’agit dans un premier temps de rendre compte des histoires de l’art produites nationalement, et d’en identifier les acteurs et les usages. Nous tenterons de mettre en lumière les dynamiques régionales à l’œuvre et leur inscription dans des processus politiques tels que les mouvements d’indépendance, le panarabisme ou la mondialisation. Un deuxième axe abordera le contexte actuel de réévaluation des modernités extra-occidentales auquel prennent part de nombreuses institutions muséales à l’aune d’outils théoriques tels que l’histoire globale et les études postcoloniales et culturelles, non sans écueils (formes d’assignations, détermination occidentale des conventions esthétiques sous couvert d’universalisme). Cet axe appellera à des comparaisons internationales. Un troisième axe abordera la dimension patrimoniale de la production des histoires de l’art, à travers la question de la conservation des œuvres et des archives, de leur accessibilité dans un moment historique traversé par les conflits, où les productions artistiques sont au cœur du débat public sans constituer pour autant une priorité politique.

Vendredi 2 février 2018 : Jacinto Lageira (professeur d’arts plastiques et sciences de l’art, Paris 1 Sorbonne), « L’histoire sans fin de la fin de l’Histoire »

Vendredi 16 février 2018 : Annabelle Boissier (head of research, arts Cabinet), « L’histoire de ceux qui fabriquent l’histoire. Qui sont les historiens de l’art de la région MENA »

Vendredi 16 mars 2018 : Alice Bombardier (ATER, INALCO) "Djalil Ziapour, artiste pionnier de la Nouvelle peinture et premier théoricien-critique d’art en Iran"

Suivi et validation pour le master : Mensuel annuel/bimensuel semestriel (12 h = 3 ECTS)

Mentions & spécialités :

Renseignements :

par courriel : Silvia.Naef(at)unige.ch et messaoud(at)ehess.fr

Site web : http://arvimm.hypotheses.org/

Adresse(s) électronique(s) de contact : alain.messaoudi(at)univ-nantes.fr, arvimm.groupe(at)gmail.com

Compte rendu

Nous avons poursuivi cette année notre enquête sur l’écriture des histoires de l’art du Maghreb et du Moyen-Orient en nous interrogeant sur la contribution des professionnels de l’art et des artistes à cette historiographie, sous une forme individuelle ou collective.
Attentif à la production d’œuvres d’art intégrant des archives, Jacinto Lageira (Université Paris 1) a analysé le récit de la « fin de l’histoire », dans le cadre d’une réflexion sur les relations entre la poétique de l’histoire et la poétique de la fiction formalisée dans L’Art comme Histoire (2016). Il y faisait apparaître que l’artiste, en effaçant la réalité à laquelle fait référence l’archive, risquait de verser dans un simulacre de vérité. Laurence Corbel (Université Rennes 2) nous a rappelé la mise en cause dans le cours des années 1960, par plusieurs artistes d’Europe et d’Amérique du Nord, d’une l’histoire de l’art historiciste, positiviste et imperméable aux mutations les plus récentes de l’art. Elle a analysé la façon dont, à travers leurs pratiques artistiques, ils ont contribué à élargir les frontières de l’histoire en décloisonnant l’histoire de l’art et en abordant des questions marginalisées ou occultées.
L’œuvre de l’artiste colombienne Beatriz González (née en 1938), peut être comprise dans cette perspective : Carolina Aziza (Université Paris 1) nous a montré comment, depuis les années 1980, elle intègre à des meubles de récupération une iconographie puisée dans le patrimoine européen, pratique que l’on peut interpréter comme une forme de détournement et de réappropriation d’une historiographie traditionnellement européo-centrée. À travers l’œuvre de l’ancien empereur d’Annam Hàm Nghi (1871-1944) qui s’est formé à la peinture et à la sculpture après son exil en 1889 à Alger, Amandine Dabat (EHESS) a posé la question des découpages historiographiques (art colonial, orientalisme, art algérien) et des interstices qu’ils laissent dans l’ombre. C’est l’exemple d’un artiste à qui l’on doit une œuvre de théoricien de l’art et de critique qu’a présenté Alice Bombardier (INaLCO) : Djalil Ziapour (1920-1999), qui s’inscrit dans le courant de la Nouvelle Peinture et a fondé en 1949 l’Association du Coq Combattant, fait en cela figure de pionnier en Iran. Perin Yavuz a présenté les écrits et les travaux d’un groupe d’artistes, le STT, qui a promu depuis 1978 l’art conceptuel en Turquie, en analysant leur réflexion sur leur position au sein d’une histoire de l’art mondialisée, dans un contexte où Istanbul s’affirme comme un centre international d’art contemporain.
En se fondant sur une série d’entretiens réalisés dans le cadre d’un programme lancé par Arts Cabinet, une structure dédiée à la production et la diffusion de la connaissance sur les pratiques artistiques contemporaines, Annabelle Boissier a interrogé les conditions de production de travaux qui se situent à la jonction du champ de l’art et de celui de la recherche et analysé le parcours de professionnels travaillant à mieux faire connaître des artistes du Moyen-Orient. L’action des institutions culturelles dans les redéfinitions de l’historiographie a été rappelée à travers les témoignages de Lucie Mourcia, directrice de l’Institut du Monde Arabe (IMA) – Tourcoing, et d’Éric Delpont, directeur du département du musée de l’IMA. Il a été question des enjeux de l’implantation en 2016 à Tourcoing, dans un environnement marqué par l’histoire de l’immigration maghrébine et de la programmation, pour une approche décloisonnée de l’histoire de l’art. À Paris, le musée de l’IMA, en faisant dialoguer œuvres antiques et contemporaines, entend inviter à une réflexion sur l’orientalisme et sa déconstruction.
Quatre artistes – quatre hommes – nous ont parlé de leurs œuvres et de la façon dont ils interrogeaient l’histoire : Halim Karabibene (né en Tunisie en 1958), Mustapha Sedjal et Massinissa Selmani (nés en Algérie, respectivement en 1964 et en 1980) et Ali Cherri (né au Liban en 1976). À travers une œuvre-action réalisée à partir de 2007 autour d’un hypothétique Musée National d’Art Moderne et Contemporain, Halim Karabibene a dénoncé l’incapacité de l’État tunisien à mettre en valeur et à présenter au public les collections d’œuvres d’art qu’il a constituées. Est-ce du fait d’une commune expérience de la guerre qui a ravagé leur société ? Massinissa Selmani, Ali Cherri et Mustapha Sedjal ont abordé la question de la construction du récit national, à travers le choix, le traitement, le recadrage d’un matériau filmique (Sedjal) ou tiré de la presse écrite (Selmani), ou le réemploi d’objets archéologiques (Cherri).
Le séminaire a été l’occasion d’entendre des travaux d’étudiants : Lydia Hamiti (Sorbonne Université) sur la constitution du cabinet des estampes du musée national des Beaux-Arts d’Alger ; Margaux Bruet (EHESS) sur le processus de mondialisation et les dynamiques culturelles à Tanger vus à travers l’œuvre de Hicham Gardaf et l’exposition The Red Square ; Joan Granjean (Université de Genève) sur les futurismes arabes. Il s’est aussi accompagné d’ateliers doctoraux, « Moderne et contemporain : usages et enjeux historiographiques comparés », organisés par l’ARVIMM en partenariat avec l’Université de Genève, l’IISMM et l’ENS, avec la collaboration du département Recherche et mondialisation du Musée national d’art Moderne-Centre Georges Pompidou.

Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 7 mai 2018.

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