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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Esthétique cognitive : émotions, sentiments et valeurs. 3

  • Jérôme Dokic, directeur d'études de l'EHESS ( IJN )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Mardi de 9 h à 11 h (salle AS1_08, 54 bd Raspail 75006 Paris), du 24 octobre 2017 au 13 février 2018. Pas de séance les 14 et 18 novembre. À partir du 12 décembre 2017, les séances se dérouleront en salle AS1_23 (même adresse)

Ce séminaire prolonge ceux des deux dernières années, mais il peut être suivi indépendamment. Nous y développerons plusieurs thématiques déjà esquissées, qui concernent toutes la nature de l'expérience esthétique. L’expérience esthétique est-elle une forme de perception, d’émotion, ou les deux à la fois ? Révèle-t-elle des valeurs, esthétiques ou non, et si c’est le cas, est-ce au niveau de ce qu’elle présente ou du mode psychologique ou intentionnel dont elle relève ? La thèse que nous explorerons dans le séminaire est que la relation entre l’expérience et les valeurs esthétiques est plus ténue qu’il n’y paraît, et que la nature esthétique de l’expérience en question dépend essentiellement du contexte. Cette thèse, qui rapproche l’expérience esthétique de ce que les psychologues appellent une expérience métacognitive, est conciliable avec le réalisme des valeurs esthétiques. Nous tâcherons de dégager la nature des paramètres contextuels pertinents, en nous demandant s’ils concernent l’individu seulement ou également son environnement social. La relation entre l’expérience esthétique et l’appréhension de soi-même dans le monde naturel et social sera également abordée.

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire semestriel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Philosophie et épistémologie

Intitulés généraux :

  • Jérôme Dokic- Philosophie cognitive
  • Direction de travaux d'étudiants :

    contacter l'enseignant.

    Réception :

    contacter l'enseignant.

    Niveau requis :

    L3

    Site web : http://j.dokic.free.fr/philo/

    Adresse(s) électronique(s) de contact : dokic(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Le séminaire a porté cette année sur la question des images, en prévision du séminaire « Iconicity II » organisé au second semestre. Nous avons commencé par clarifier la question de la conscience d’image, à partir d’une tension théorique qui se manifeste dès lors que nous réfléchissons à l’expérience de voir une image. D’un côté, la perception d’une image semble engager des capacités sensorielles également impliquées dans la perception ordinaire. Voir un chien dans une image et voir un chien réel reposent tous deux sur la capacité de reconnaître l’apparence visuelle d’un chien. D’un autre côté, la perception d’une image semble être essentiellement différente de la perception ordinaire. Voir un chien dans une image n’est en général pas la même expérience que celle qui consiste à voir un chien réel. Pour commencer, nous ne voyons pas l’image d’un chien comme un chien (sauf en situation de trompe-l’œil). La notion de « sentiment de présence » a été introduite (à partir de Husserl) pour rendre compte de ce contraste phénoménologique. Beaucoup d’approches théoriques ont tenté de résoudre cette tension en relâchant l’un de ses pôles. Sartre et Kendall Walton ont considéré que c’est l’imagination du chien plutôt que son expérience sensorielle qui est en jeu dans la perception des images. Ernst Gombrich a argué quant à lui que dans un certain sens de « voir comme », nous voyons bien l’image d’un chien comme un chien. Un autre désaccord théorique, indépendant du précédent, concerne la possibilité de voir simultanément le chien dans l’image et l’image en tant que telle. Selon Richard Wollheim, cette possibilité est réelle, mais d’autres auteurs (dont Sartre et Gombrich) ont prétendu que nous devons nécessairement alterner entre l’expérience de l’image en tant que telle et l’expérience de ce qu’elle dépeint. Dans le séminaire, nous avons tenté de généraliser ces enjeux théoriques aux cas dans lesquels la conscience de l’image paraît transparente eu égard à des propriétés spécifiques. Par exemple, les images d’« affordances » (positives ou négative) et les images de scènes émotionnellement chargées semblent déclencher des réponses motrices et affectives proches de celles qui prévalent dans la perception ordinaire. Nous avons également introduit une notion de « conscience de médiation » (la conscience que nous avons que l’objet de notre expérience nous est présenté à travers une représentation ou quelque autre forme de « support ») qui s’applique aux images mais aussi à des cas où rien n’est à proprement parler perçu comme un intermédiaire (déréalisation, réalité virtuelle, certains cas de trompe-l’œil). Enfin, nous avons proposé une nouvelle définition du sentiment de présence qui, contrairement à d’autres conceptions présentes dans la littérature, n’est pas rapportée exclusivement au fonctionnement du système visuo-moteur. Le sentiment que nous pouvons agir corporellement sur un objet d’une manière ou d’une autre, qui pourrait en partie reposer sur des processus visuo-moteurs dans la voie dorsale, peut dans certains cas susciter le sentiment que l’objet est présent, mais de tels processus ne constituent une condition ni nécessaire ni suffisante du sentiment de présence.

    Publications

    • Avec M. Arcangeli, « Affective memory : a little help from our imagination », dans New Directions in the Philosophy of Memory, sous la dir. de K. Michaelian, D. Debus et D. Perrin, Routledge, 2018.
    • Avec M. Arcangeli et M. Sperduti, « The beautiful, the sublime and the self », dans Advances in Experimental Philosophy of Aesthetics, sous la dir. de F. Cova et S. Réhault, Bloomsbury, 2018.
    • Avec D. Perrin, La cognition incarnée. Recherches sur la Philosophie et le Langage, Paris, Vrin, 2017.
    • Avec M. Sperduti, M. Arcangeli, D. Makowski, P. Wantzen, T. Zalla, S. Lemaire, J. Pelletier et P. Piolino, « The distinctive role of executive functions in implicit emotion regulation », Acta Psychologica, vol. 173, 2017, p. 13-20.
    • Avec J.-R. Martin, « Felt Reality and the Opacity of Perception », Topoi, vol. 36, n° 2, 2017, p. 299-309.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 16 janvier 2018.

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