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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Construire une histoire de la santé publique

  • Patrice Bourdelais, directeur d'études de l'EHESS (*) ( CRH-ÉSOPP )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

  • Anne Rasmussen, directrice d'études de l'EHESS (en cours de nomination) ( Hors EHESS )

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

2e et 4e vendredis du mois de 15 h à 18 h (salle 1, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 9 février 2018 au 8 juin 2018. Séance supplémentaire le 15 juin (même horaire, même salle). La séance du 13 avril se déroulera en salle AS1_23 (54 bd Raspail 75006 Paris)

Le séminaire se consacre à la construction de la santé publique du XIXe au XXIe siècle dans une perspective historienne. Il prend pour objet les processus politiques – de la police médicale à l’hygiène publique et à la gouvernance sanitaire contemporaine – et les dynamiques sociales à l’œuvre dans l’élaboration d’un ensemble de savoirs, de pratiques, d’institutions et de dispositifs de santé publique. Il s’intéresse à l’élaboration des catégories d’analyse qui en rendent compte et aux débats historiographiques qui en relèvent.

9 février 2018 : Patrice Bourdelais et Anne Rasmussen, Présentation du séminaire ; « Un cas d’école pour l’histoire de la santé publique ? Les fièvres typhoïdes, XIXe-XXe siècle »

23 février 2018 : Gaëtan Thomas (EHESS), « Simplifier l'enfance. La construction du calendrier vaccinal, 1959-1969 »

9 mars 2018 :

  • Valentine Hoffbeck (Université de Strasbourg), « Handicap mental et eugénisme : la génétique psychiatrique au service de la biologisation des faits sociaux (France-Allemagne,  années 1920-1930) »
  • Marianna Scarfone (Université de Strasbourg), « Médecine sociale, eugénisme et hygiène mentale en Italie dans l’entre-deux-guerres »

23 mars 2018 :

  • Dylan Simon (UMR Géographie-Cités, CNRS-Université Paris 1-Université Paris 7, équipe EHGO),  « La géographie médicale comme écologie humaine. À propos de Max Sorre (1880-1962) »
  • Annick Opinel (UMR 1181, Institut Pasteur-Inserm-Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines), « Géographie médicale, médecine coloniale, identité tropicale : questions terminologiques et géopolitiques »

13 avril 2018 : Fabrice Cahen (INED, Esopp), « Médecine et santé publique face à l'infertilité (France, 1920-1980) : au-delà des questions “bioéthiques” »

25 mai 2018 : Nathalie Sage-Pranchère (Centre Roland Mousnier, UMR 8596, CNRS-Université Paris IV), « “Pour le bien de l’humanité” » : la mission laïque des sages-femmes françaises au XIXe siècle »

8 juin 2018 : Yankel Fijalkow (École nationale d’architecture Paris-Val de Marne), « Le parc de logements potentiellement indignes (PPI), processus de catégorisation et politiques locales, 1995-2016 »

15 juin 2018 : Patrice Bourdelais et Anne Rasmussen, Conclusions

Mots-clés : Migration(s),

Aires culturelles : Europe,

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire semestriel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire et civilisations de l'Europe

Intitulés généraux :

  • Patrice Bourdelais- Population, épidémies, santé
  • Renseignements :

    séminaire accessible aux étudiants de master et de doctorat, en particulier de la mention SPPS et histoire et civilisation.

    Direction de travaux d'étudiants :

    sur rendez-vous avec les enseignants.

    Réception :

    contact : les enseignants ou Zeina Bechar, secrétariat de la mention Santé, population, politiques sociales.

    Niveau requis :

    l'inscription nécessite un projet de recherche écrit.

    Adresse(s) électronique(s) de contact : Patrice.Bourdelais(at)ehess.fr, Anne.Rasmussen(at)unistra.fr

    Compte rendu

    Depuis plusieurs années, ce séminaire élabore une réflexion sur la construction des problèmes publics de santé, dans une perspective historienne, du XIXe au XXIe siècle. C’est un lieu de discussion des renouvellements historiographiques dans le champ de la santé, autant que des sources et méthodes qui prennent pour objet des savoirs, des pratiques, des institutions et des dispositifs sanitaires. Il les met en relation avec des questionnements issus des sciences sociales appliqués aux enjeux de santé publique du temps présent. Les travaux qui ont été présentés cette année relevaient de trois ensembles thématiques que le séminaire explore au long cours.
    Le premier a porté sur un enjeu cardinal de l’histoire classique de la santé publique, la lutte contre les maladies infectieuses par la vaccination, « technologie sanitaire » de crise ou de routine. Nous y avons présenté des recherches originales sur un domaine pathologique peu fréquenté en histoire de la santé, celui des fièvres typhoïdes, archétype de la « maladie évitable ». Au début du XXe siècle, en Europe, ces épidémies de bas bruit sont un cas d’école pour les politiques publiques confrontées à la concurrence des moyens prophylactiques, entre hygiène, vaccination de masse, et containment autoritaire. Gaëtan Thomas a prolongé ces observations dans l’après-1945 en interrogeant les implications d’une politique qui justifie et régule les vaccinations de l’enfance. À travers l’invention empirique du calendrier vaccinal, il envisage la routinisation d’un dispositif de santé, et le travail statistique qui le fonde, aux fins de rationaliser et simplifier les opérations vaccinales.
    Un deuxième ensemble thématique a fédéré des recherches qui se saisissent de populations en tant qu’objets d’intervention médicale et sanitaire. Ces séances ont mis en débat le cadrage biopolitique de ces interventions, dont les catégories d’analyse ont été jugées pertinentes ou au contraire réfutées. Une séance a été consacrée aux déclinaisons européennes, au cours de l’entre-deux-guerres, des pratiques eugénistes déployées dans les corpus d’hygiène mentale et sociale. Valentine Hoffbeck a comparé les conceptions de la génétique psychiatrique, en Allemagne et en France, dans la prise en charge du handicap mental des enfants. Marianna Scarfone a rendu compte du répertoire d’actions bio-psycho-sociales qui ancre « l’hygiène mentale » dans le contexte du régime fasciste. Dans un autre registre, celui des politiques de lutte contre l’infertilité menées en France depuis les années 1920, Fabrice Cahen a présenté ses travaux sur l’histoire de la régulation collective de la vie humaine comme production sociale, où des institutions et des politiques publiques jouent sur les choix reproductifs. Une troisième séance a mis en discussion les déterminismes à l’œuvre dans les savoirs de la géographie médicale et leur théorisation de l’écologie humaine au XXe siècle. Les approches relationnelles qui associent homme et environnement ont été au cœur des réflexions de Dylan Simon, analysant les variations du « complexe pathogène » dans l’œuvre du géographe Max Sorre, et de celles d’Annick Opinel, s’intéressant aux mutations terminologiques et cognitives de la notion d’« identité tropicale ».
    Le troisième axe du séminaire a poursuivi son enquête de long cours sur les métamorphoses de l’humanitaire aux XIXe et XXe siècles (dans la lignée des recherches consacrées à la Croix-Rouge) et sur les politiques publiques de prise en charge de la vulnérabilité. Le sujet a d’une part été abordé par le versant de la professionnalisation à l’œuvre dans les dynamiques de médicalisation. Nathalie Sage-Pranchère a ainsi étudié la progressive institutionnalisation de la profession de sages-femmes au XXe siècle et mis en valeur les tensions qui ont travaillé sa laïcisation et son autonomisation. Les politiques publiques de prise en charge de la vulnérabilité ont d’autre part donné lieu à une séance consacrée aux théories et pratiques de lutte contre le mal-logement. Yankel Fijalkow a tracé une histoire des catégorisations par lesquelles l’État social s’est doté, aux XIXe et XXe siècles, à l’échelle locale, d’instruments de mesure de la dégradation de l’habitat : du casier sanitaire des maisons de Paris jusqu’à la notion, dans les années 1990, de « parc de logements potentiellement indignes », on passe de l’idée d’acculturer les populations à celle de rationaliser le cadre physique du bâtiment, selon une recomposition normative dont témoigne le caractère problématique de la notion d’« indignité ». Le séminaire a enfin débattu des développements historiographiques récents qu’a connus, en particulier, le problème de la dépendance des personnes âgées et des politiques sociales de protection qu’il suscite.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 11 avril 2018.

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