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3e jeudi du mois de 13 h à 17 h (bd Raspail 75006 Paris), cf. calendrier des séances et salles ci-dessous
Depuis 2010, le séminaire « Mémoires et patrimonialisations des migrations a porté, d’un point de vue théorique et empirique, sur les articulations dynamiques entre mémoires singulières des migrations, mémoires collectives et patrimonialisations. En tenant compte des apports des thématiques explorées les années précédentes, le séminaire 2017/2018 portera ici plus spécifiquement sur les formes alternatives (tourisme de la mémoire, espaces cultuels notamment interreligieux, espaces fictionnels, artistiques et virtuels, public history…) d’évocation et de production sur le passé des déplacements.
Comment ces initiatives s’articulent ou non avec des formes institutionnalisées (initiatives de réconciliation et de réparation, expressions de repentir, d’excuses, commémorations, enseignement, actions patrimoniales…) ? Quelles sont leurs visées : une meilleure connaissance du passé, une reconnaissance institutionnelle, la construction d’un échange et d’un partage des expé et des émotions ou au contraire de frontières et d’exclusions Et quels sont les effets concrets de ces actions sur des souvenirs qui circulent et interagissent dans un espace public mondialisé ? Parmi ces modes alternatifs de médiation de l’histoire, une attention particulière sera prêtée aux formes historiographiques, artistiques et patrimoniales portées par des individus, qui travaillent à la mise en visibilité des mémoires transnationales et translocales et des liens diasporiques : notamment via les pratiques artistiques, littéraires, numériques, les musées communautaires ou encore les pratiques touristiques. À travers cette thématique, il s’agira de questionner comment ces médiations alternatives et les représentations qu’elles reconstruisent, produisent ou non du commun à partir de souvenirs, d’ expériences, d’outils, d’espaces et de temporalités hétérogène.
La présence des chercheurs parmi les acteurs oeuvrant à la construction et à la mise en visibilité de ces mémoires, nous oblige par ailleurs à questionner les postures d’engagement sur le terrain (rapports aux associations, aux institutions publiques qui portent cette mémoire...) ainsi que les différentes approches disciplinaires qui déterminent le type de production mémorielle.
Jeudi 16 novembre 2017 (salle AS1_24, 54 bd Raspail 75006 Paris) : après une introduction générale, nous écouterons : Nicolas Prévot (Université Paris Nanterre), « Du "Patrimoine Musical des Nanterriens" au webdocumentaire “INOUI, Musiques du monde de Nanterre”. Un projet de formation et de recherche-action en ethnomusicologie »
Cette communication porte sur un projet de formation et de recherche-action en ethnomusicologie autour du « Patrimoine musical des Nanterriens », projet qui a donné lieu au webdocumentaire « INOUI, Musiques du monde de Nanterre » (dans le cadre du Labex « Les Passés dans le Présent »). Depuis 2010, il s'est agi de créer avec des étudiants en ethnomusicologie un corpus audiovisuel sur les pratiques musicales et dansées des habitants de Nanterre, ville pluriculturelle et chargée d'histoire. Au-delà de l'archivage de répertoires et de récits de vie, l'ambition de ce projet est de valoriser et de faire vivre les pratiques des Nanterriens, parfois détenteurs d'un savoir traditionnel remarquable que souvent leurs propres voisins ignorent.
Jeudi 21 décembre 2017 (salle AS1_24, 54 bd Raspail 75006 Paris) :
Méropi Anastassiadou (INaLCO, CERMOM), « Touristes-pèlerins en quête de leur patrimoine identitaire en Grèce et en Turquie »
Avec ses deux guerres mondiales et sa révolution d’octobre 1917, le XXe siècle a été marqué par des mouvements de populations spectaculaires. En Méditerranée orientale en particulier, il a créé une multitude de « villes de fantômes » -pour reprendre la formulation consacrée par l’historien Marc Mazower, dans son livre homonyme, à Salonique et ses juifs.
À l’aube du XXIe siècle, dans le sillage de la globalisation confirmée par la fin de l’URSS et de la guerre froide, alors que voyager devient de plus en plus facile et rapide, les enfants et petits-enfants des « fantômes » reviennent en nombre au point de départ de leur trajectoire familiale et –en partie- individuelle.
Dans cet exposé, il s’agira de cerner les modes d’ores et déjà établis d’une forme de quête identitaire assez répandue dans les pays étudiés, la Grèce et la Turquie, et qui passe, entre autres, par la territorialisation de la mémoire.
Sera présenté essentiellement le cas des chrétiens orthodoxes de Grèce qui se rendent en Turquie et en miroir celui des musulmans de Turquie qui cherchent leurs racines en Grèce.
Des indications seront également données sur les voyages que réalisent de plus en plus de descendants des fantômes vers les haut-lieux du judaïsme sépharade en Grèce.
Marina Calvo (LESC, Université Paris Ouest Nanterre) avec Béatrice Riquelme (auteur), « Raconter son histoire en exil : expériences d’une ethnographie collaborative entre la France, l’Espagne et l’Algérie »
Notre intervention abordera les particularités d’un terrain de recherche dans lequel les interlocuteurs sont aussi les narrateurs de leur histoire d’exil. Dans le contexte de la diaspora d’Européens suite à l’indépendance algérienne, nous exposerons les méthodes et les médiations de l’ethnographe dans un terrain multi situé (en France, en Espagne et en Algérie). Travaillant avec des producteurs de mémoires multiples (collectifs engagés, collecteurs de témoignages ou généalogistes), notre ethnographie se situe explicitement dans une approche collaborative articulée autour de notre expérience propre - en tant que chercheure et professionnelle - et celle des interlocuteurs. Ces derniers s’érigent en narrateurs et acteurs d’une interprétation alternative de l’Histoire. Nous aborderons la place de l’ethnographie et les rôles de l’ethnographe dans ce processus.
Jeudi 15 mars 2018 (amphithéâtre François-Furet, 105 bd Raspail 75006 Paris) :
Maureen Burnot (Ladec, Université Lyon 2) et Pascale-Marie Milan (Larhra, Université Lyon 2/Université de Laval, Québec), « “Quand le poisson sort de l'eau” : produire des images de la migration avec des migrants. Retour sur un atelier d'anthropologie audiovisuelle participative mené par l'association Tillandsia »
Marina Chauliac (IIAC, DRAC Auvergne-Rhône-Alpes) et Irène Dos Santos (CNRS, URMIS), « Faire trace de la migration. Co-production et postures du chercheur »
Thomas W Dodman (Columbia University), « Nostalgies et identités coloniales »
conclusion
Mots-clés : Anthropologie, Circulations, Diaspora, Histoire, Mémoire, Migration(s), Minorités, Patrimoine, Politique, Sociologie, Transnational,
Aires culturelles : Afrique, Arabe (monde), Contemporain (anthropologie du, monde), Europe, Europe centrale et orientale, France, Ibérique (monde), Maghreb, Méditerranéens (mondes), Transnational/transfrontières,
Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)
Intitulés généraux :
Centre : IIAC-CEM - Centre Edgar Morin
Renseignements :
Évelyne Ribert, IIAC-CEM, par courriel ou tél. : 01 53 63 51 79
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous.
Réception :
sur rendez-vous par courriel : Michele Baussant : michele.baussant(at)gmail.com ; Marina Chauliac : marina.chauliac(at)culture.gouv.fr ; Irene dos Santos : irene.dossantos(at)cnrs.fr ; Évelyne Ribert : ribert(at)ehess.fr.
Niveau requis :
master.
Site web : http://www.iiac.cnrs.fr/rubrique2.html
Adresse(s) électronique(s) de contact : ribert(at)ehess.fr
Depuis 2010, le séminaire a engagé une réflexion sur les mécanismes qui visent à transformer les mémoires singulières des migrations en mémoires collectives et en une forme de patrimoine. L’année 2017-2018 a porté sur les formes alternatives (tourisme de la mémoire, espaces cultuels notamment interreligieux, espaces fictionnels, artistiques et virtuels, public history…) d’évocation et de production sur le passé des déplacements. Cette problématique a été abordée lors de séances de quatre heures confrontant des perspectives diverses, aussi bien artistique, militante que scientifique et, le cas échéant différents types de recherche : recherche-action, ethnographie collaborative, atelier d’anthropologie audiovisuelle participative. Deux séances ont également été dédiées à la présentation des travaux d’étudiants.
Les six interventions de Nicolas Prévot, Nicolas Puig, Gilles de Rapper, Marina Calvo et Béatrice Riquelme, Élise Bérimont, Maureen Burnot et Pascale-Marie Milan ont permis de confronter une grande diversité de supports d’évocation et de production alternatifs sur le passé migratoire : web documentaire, film, photographie, récit d’auteur, archives visuelles et musicales. La visée de la majorité des projets de co-production artistique et scientifique est de témoigner, de rendre audibles des populations et des individus (migrants, réfugiés) déshumanisés, de provoquer de la rencontre et créer de la solidarité.
L’intervention d’Élise Bérimont, artiste ayant travaillé avec des collégiens autour de la pensée d’Aimé Césaire, et dont la visée du projet était de témoigner de l’histoire de la décolonisation du XXe siècle, a soulevé nombre de questions sur l’articulation entre formes institutionnalisées du passé (école, Panthéon) et des médiations alternatives : les nombreuses incompréhensions tant au niveau pédagogique qu’institutionnel du projet ; la faible adhésion des enseignants à l’expérimentation artistique.
Les interventions de Méropi Anastassiadou et Maroussia Ferry s’inscrivaient dans des approches plus classiques de restitution et d’analyse d’expériences, transgénérationnelles migratoires et d’exil en Georgie post-soviétique, en Grèce et en Turquie.
La question des postures d’engagement sur le terrain a traversé la majorité des interventions. Celle de Marina Calvo, ethnologue, et Béatrice Riquelme, auteure, a discuté la place de l’ethnographie et les rôles de l’ethnographe dans la production et la mise en visibilité d’interprétations alternatives de l’Histoire. Enfin, il ressort de l’intervention de Marina Chauliac et d’Irène Dos Santos, ethnologues, le triple questionnement autour de l’engagement personnel, la négociation de la place du chercheur sur le terrain, et l’influence du dispositif de production artistique sur le travail de recherche.
L’année 2018-2019 portera sur deux thèmes : 1) les liens entre accueil des migrants, mémoires des migrations et rapports au passé ; 2) les patrimoines dits « communs », afin d’analyser les actions institutionnelles et les initiatives alternatives, notamment artistiques, visant à la production d’un commun, à partir de ce patrimoine culturel (re)découvert, réintégré et repensé comme national et partagé dans des espaces sociaux où les populations concernées ne sont plus ou peu présentes.
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 8 juin 2018.