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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Histoire du Japon moderne et contemporain : permanences et ruptures

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

1er et 3e jeudis du mois de 11 h à 13 h (salle 11, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 16 novembre 2017 au 17 mai 2018

Ce séminaire a pour objectif de présenter des recherches novatrices et des travaux récents en sciences humaines et sociales sur le Japon moderne et contemporain. Les conférences seront données par des membres du Centre de recherches sur le Japon et par des intervenants extérieurs. Les thèmes abordés iront de l'histoire à la sociologie en passant par l'économie, l’anthropologie, l'éducation, ou encore l'insertion du Japon dans diverses dimensions internationales. Le séminaire s'adresse à tous les étudiants de niveau master ou doctorat qui souhaitent approfondir leurs connaissances de la civilisation du Japon, et aux auditeurs libres, après accord des responsables. Les conférences se tiendront en français, en japonais avec traduction française, ou en anglais.

16 novembre 2017 : Amy Stanley (Université Northwestern) : « Tsuneno’s' Tales: Narrating Domestic and Global History in Eurasia, 1600–1900 »

Amy Stanley est professeur à l'Université Northwestern et l'auteur de l'ouvrage Selling Women : Prostitution, Markets, and the Household in Early Modern Japan (University of California Press, 2012) parmi ces dernières publications.
Microhistory and global history are often seen as opposing approaches to historical inquiry, with irreconcilable research methods, central questions, and strategies of narration. This talk combines both approaches, telling the story of an Edo period Japanese woman both as a microhistory and as a global history. The protagonist, Tsuneno, was a divorced woman from a small village in Echigo Province who ran away to Edo and worked as a maidservant. By placing her story of urban migration and service work in a global context, this talk considers how we might find a place for Japanese women in the history of global early modernity. 

7 décembre 2017 : Mary Picone (EHESS-CRJ), « Folklore remix : religion populaire et légendes urbaines réinterprétées dans les films et les séries japonaises contemporaines »

Les légendes pieuses du Moyen Âge (setsuwa 説話) comprennent de nombreux récits d'un genre qu'on pourrait appeler « rencontres avec l'étrange » – des courts récits présentés comme expériences vécues. Avec le temps ce genre évolue dans des formes littéraires élaborées ainsi que sous la forme de recueils d'anecdotes assez simples ou « proto folkloriques », toutes ces formes connaissant un succés populaire grandissant. L'évocation de l'étrange (fushigi 不思議 et d'autres termes) ne se limite pas à la transcription de récits oraux et s'étend aussi aux représentations visuelles.
De nos jours ce genre réapparait sous des formes apparemment nouvelles telles que les légendes urbaines (toshi densetsu 都市伝説). Il est aussi à l'origine de séries télévisées continuées depuis les années 90 et du cinéma dit « J-hôra ». Il prolifère enfin sur internet sous la forme de milliers de « shinrei 心霊 vidéo » tournées par des amateurs.
Nous présenterons des exemples concrets de transcriptions orales ainsi que leur dramatisation. Enfin nous analyserons dans une perspective ethnologique quelques caractéristiques de ces matériaux difficiles à cerner ainsi que leurs modes de recueil et de diffusion. 

18 janvier 2018 : Mélanie Hours (Université Toulouse II Jean Jaurès), « La redécouverte de la pauvreté au Japon »

Après des décennies d’éclipse, la question de la pauvreté au Japon a soudainement ressurgi au milieu des années 2000, en faisant l’un des sujets les plus brûlants médiatiquement. Le taux de pauvreté relative dans l’archipel, révélé en 2005, avait de quoi créer une onde de choc dans une société où, jusque-là, le terme même de « pauvreté » avait quasiment disparu du langage courant. Depuis, la pauvreté ne cesse d’augmenter et de se complexifier tandis que se diffuse un sentiment d’insécurité sociale dans une population où les travailleurs précaires représentent plus du tiers des salariés.
Nous examinerons d’abord les raisons pour lesquelles la pauvreté est restée invisible si longtemps ainsi que les éléments qui ont permis sa redécouverte. Nous nous interrogerons enfin sur les formes de pauvreté qui, aujourd’hui, jouissent d’une reconnaissance sociale et sur celles qui demeurent invisibles. Cela nous amènera à réfléchir à la notion de pauvreté telle qu’elle est comprise dans l’archipel. 

1er février 2018 : César Castellvi (EHESS/Paris Diderot), « Faire carrière dans la presse quotidienne japonaise, un regard sociologique »

Au regard des bouleversements que connait l’industrie de la presse en France ou aux États-Unis, la situation des entreprises de presse japonaises peut paraitre enviable. La presse quotidienne a jusqu’à présent été quasiment épargnée par les faillites de journaux et les licenciements massifs de reporters. Pour l’instant, la structuration de cette activité professionnelle autour d’une logique d’entreprise forte a réussi à protéger ses principaux acteurs d’une crise dont les nuages se font pourtant de plus en plus menaçants.
Un regard plus fin sur le cheminement des carrières des reporters et sur les pratiques au travail révèle pourtant que le modèle du reporter salarié a changé depuis ces vingt dernières années. Ces changements trouvent leur origine dans les deux mouvements que sont le déclin du lectorat et les transformations qu’a connu le marché du travail japonais depuis le milieu des années 1990.
Les conséquences de ces deux mouvements sur le recrutement, la formation et la mobilité professionnelle, ainsi que sur certaines pratiques éditoriales, sont aux cœurs de notre travail de thèse dont nous présenterons les principaux résultats.
À partir de matériaux provenant d’observations et d’entretiens menés lors d’une enquête de terrain au Japon entre 2013 et 2016, cette communication se déroulera en trois temps : on commencera par décrire la logique organisationnelle qui structure le journalisme de presse. Ensuite, on mettra en avant la manière dont cette logique a évolué en se focalisant sur deux objets : la généralisation de la visibilité par l’intermédiaire de la signature des journalistes et le déclin du prestige d’un segment professionnel particulier, les fait-diversiers chargés de couvrir les affaires criminelles.

15 février 2018 : Aline Henninger (INaLCO/CEJ), « La socialisation à l’amour et à la sexualité chez les écoliers japonais »

Malgré les travaux récents de différents sociologues japonais ou les études nationales de l’Association japonaises pour la recherche sur l’éducation sexuelle (JASE) les enquêtes qualitatives sur la socialisation à la sexualité des jeunes enfants et préadolescents demeurent rares. Les protocoles d’enquêtes utilisés lors de mon travail de doctorat portant sur la socialisation de genre à l’école élémentaire au Japon apportent plusieurs données actualisées sur ce sujet précis. Lors d’un travail de terrain de 5 mois dans quatre écoles (d’octobre 2013 à juin 2014), j’ai préféré considérer l’observation participante comme réellement participante, comme la pratiquent et la conseillent notamment les anthropologues anglo-saxons spécialistes de l’enfance. De ce fait, lors des entretiens et lors du terrain, les écoliers ont évoqués euxmêmes les moments où ils sont confrontés pour la première fois à l’amour et à la sexualité.
L’objectif de cette présentation est de comprendre comment les représentations genrées, androcentrées et hétéronormées se produisent, et par quels processus les enfants les intériorisent. Autrement dit, comment les écoliers japonais se représentent et vivent la sexualité (comprise au sens large, de l’affectivité à l’amour, et de l’éducation sexuelle à la sexualité génitale) ? Pourquoi la sexualité constitue un enjeu pour les écoliers japonais ? Comment le marquage précoce des normes consacre l’hétérosexualité comme un régime de genre obligatoire ? Quel est le rôle des groupes de pairs lors de la socialisation à l’amour et à la sexualité ?
Je montrerai dans quelle mesure le rôle des pairs et des médias sont déterminants pour cette socialisation. D’une part, toute tentative de transgression des normes touchant à la sexualité est fortement critiquée par les enfants, qui s’érigent comme les gardiens de l’ordre moral. Cette participation active des enfants dans l’imposition de l’unique hétérosexualité est d’autant plus remarquable que ces derniers déconstruisent sans cesse et rejettent également les normes de genre dans les autres domaines de la socialisation de genre. D’autre part, les représentations de la sexualité sont tributaires de celles de l’homosexualité, notamment masculine. Les images et les représentations caricaturales des personnes queer à la télévision influencent énormément les représentations de l’homosexualité chez les écoliers, qui en viennent à associer une apparence féminine à une virilité défaillante, alors synonyme d’homosexualité masculine, repoussoir ultime des représentations d’une (hétéro)sexualité « normale ».

1er mars 2018 : Morishita Tôru (Université de Yamaguchi), « Les vassaux de la ville de Hagi »

Les cités castrales (jôkamachi), qui constituaient l’armature urbaine du Japon de l’époque d’Edo, furent conçues pour rassembler les vassaux au pied du château de leur seigneur. Une grande partie de la superficie de la ville de Hagi, dont le site avait été d’ailleurs choisi pour des motifs militaires, était donc occupée par des demeures de guerriers, même si dès l’origine, tous ne purent pas être dotés de terrain par leur seigneur. La cité de Hagi reflétait donc dans son espace même, l’organisation vassalique de la maison seigneuriale des Môri et ses évolutions. Nous montrerons que tout en reprenant la structure générale des cités castrales, cette ville recelait aussi quelques particularités, comme la possibilité pour les guerriers de vendre leurs terrains, et que l’analyse des modes d’habitat nous en apprend aussi beaucoup sur les changements qui affectèrent la condition guerrière.

15 mars 2018 : Shigeyuki Makihara 牧原成征 (professeur à l’Université de Tokyo, spécialiste de l’histoire sociale du Japon prémoderne), « Les femmes commerçantes dans les villes de l'époque d'Edo »

Une des spécificités principales de la société du Japon prémoderne est l'existence un peu partout dans le pays des « cités castrales » (jôkamachi) appartenant à de grands féodaux (les daimyô), où se concentraient ses vassaux, des marchands et des artisans. Pour réfléchir sur le commerce durant cette période, il est donc utile de se pencher sur les marchands de ces cités castrales.

À la base, on y commerçait sous deux formes principales. La première consistait dans l’établissement d’un marché à des jours donnés chaque mois dans des quartiers où se rendaient les marchands ; l’autre à vendre des produits déterminés dans certains secteurs. Ceci permettait d’assurer la prospérité de chaque communauté urbaine, mais le premier mode paraît la forme originelle, dont la seconde serait dérivée.

Progressivement les marchands qui se rassemblaient sur ces marchés ou dans ces quartiers formèrent des corporations, mais lorsqu’on consulte leurs registres, on n’y trouve que des hommes. Cet état de fait est profondément lié au système de reconnaissance officiel des statuts, des communautés urbaines ou des marchés, mais ne signifie pas pour autant que les femmes ne s’adonnaient pas au commerce. Par exemple à Morioka, capitale de la principauté de la maison Nanbu, sur le marché de Tamachi, il existait un espace dédié aux marchandes appelé « onna-machi », c’est-à-dire le « quartier des femmes » : ce sont donc ces particularités du commerce dans les cités castrales qui feront l’objet du séminaire.

5 avril 2018 : Caroline Taïeb (EHESS), « La discrimination à l'encontre des burakumin dans le Japon contemporain »

Depuis les années 1980, aucune recherche en français n’a été faite sur la discrimination à l’encontre des burakumin qui perdure aujourd’hui encore au sein de la société japonaise. Toutefois, même si elle reste relativement méconnue, plusieurs sociologues français y font référence dans leurs travaux. Car, bien que cette discrimination puise son origine dans l’histoire du Japon, les mécanismes d’exclusion et de ségrégation qu’elle mobilise sont semblables à ceux existant vis-à-vis d’autres groupes minoritaires. À travers les résultats d’une enquête quantitative et de deux enquêtes qualitatives menées auprès des non-burakumin et des burakumin au Japon entre 2012-2014 et 2015-2017, nous expliquerons les raisons qui conduisent la discrimination à se maintenir. C’est pourquoi, cette intervention s’articulera autour de deux thèmes : la discrimination dans le mariage, qui reste l’une des expressions les plus tenaces de ce rejet de l’autre malgré les mesures mises en place par le gouvernement japonais. Puis dans un second temps, nous verrons quelles sont les représentations des non-burakumin à l’encontre des burakumin qui contribuent à renforcer les frontières entre les deux groupes. Ainsi, cela nous permettra de comprendre comment l’évitement des buraku et de ses habitants se perpétue de façon insidieuse malgré l’abolition, depuis plus de 150 ans, d’un système statutaire mis en place durant l’époque d’Edo (1600-1868). 

3 mai 2018 : Christopher Hill (Université de Michigan), « Endô Shûsaku reads Frantz Fanon : Deimperialization Meets Decolonization »

The Japanese novelist Endô Shûsaku and the Martiniquan anticolonial theorist and activist Frantz Fanon each studied in Lyon in the early 1950s. Endô's stories and essays from the time show that he was reading the then-obscure Fanon closely. While it is unclear how Endô encountered Fanon, the use he made of Fanon's work shows them examining the collapse of empires from asymmetrical positions, with Fanon writing about the struggle against European colonialism and Endô about the de-imperialization of Japan by countries struggling to maintain control of their own imperium. The encounter between Endô and Fanon illustrates not only unexamined connections in the history of imperialism but also the possibility of creating new transnational histories that deepen our understanding of a heterogeneous, polycentric world.

 

17 mai 2018 : Catherine Phipps (Université de Memphis), « Waterfront Empire : Japan's Special Trading Ports and Power, 1858–1899 »

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Intitulés généraux :

  • Guillaume Carré- Histoire économique et sociale du Japon prémoderne
  • Centre : CCJ-CRJ - Centre de recherches sur le Japon

    Renseignements :

    contacter les enseignants par courriel.

    Direction de travaux d'étudiants :

    les étudiants peuvent prendre rendez-vous par courriel.

    Réception :

    les étudiants peuvent prendre rendez-vous par courriel.

    Adresse(s) électronique(s) de contact : aleksandra.kobiljski(at)ehess.fr, carre(at)ehess.fr

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 7 mai 2018.

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