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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

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Savoirs, institutions, économies : histoires connectées et dynamiques globales. Knowledge, Institutions, Economics : connected histories and global dynamics

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

3e vendredi du mois de 15 h à 19 h (salle 2, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 17 novembre 2017 au 15 juin 2018

Ce séminaire vise à discuter – suivant une perspective interdisciplinaire – des trajectoires multiples des circulations des personnes, des idées et savoirs, des institutions et des valeurs au-delà des confins géographiques et politiques. À la différence des programmes déjà existant qui traitent l’histoire globale comme une extension de l’histoire impériale ou de l’économie historique, nous mettons en évidence les connections entre des régions spécifiques et des structures globales. En ayant recours aux comparaisons, connections et aux processus d’intégration globale, nous invitons chercheurs et étudiants à comprendre les forces qui ont contribué à structurer notre monde dans le passé et de nos jours.

The aim of this seminar is to explore, from multidisciplinary perspectives, the various trajectories of cross-border entanglements – of people, knowledge, ideas, institutions, goods, across the globe. Unlike programs that treat global history as an extension of imperial or economic history, our approach emphasizes the entanglements between specific regions and global structures. By focusing on comparisons, connections, and processes of global integration, the program helps students and scholars to understand the forces that have continuously shaped and restructured the world.

Ce séminaire est accessible sur la plateforme d'enseignement de l'Environnement numérique de travail de l'EHESS :

17 novembre : Techniques, produits et dynamiques économiques : convergences ou divergence?

  • Coordinateurs : Alessandro Stanziani, Inès Zupanov

Depuis au moins deux décennies, l’histoire économique et celle des techniques ont proposé un renouvellement important. L’histoire de l’économie a remis en discussion le mythe de la révolution industrielle et de l’unicité britannique. L’accent a été mis sur les échanges de produits et techniques entre l’Asie et l’Europe et sur les possibilités de développements différents tant du point de vue de l’organisation économique que des hiérarchies sociales.

Les deux premières séances sont consacrées à ces questions. La soie, le coton et d’autres textiles seront étudiés à l’échelle globale : les échanges entre Asie et Europe, s’ajoutent à ceux entre ces régions, l’Afrique et les Amériques.

  • Aya Ikegame, Tokyo, "Cosmopolitan Silk: James Anderson and the Madras sericulture project in the late 18th century"

James Anderson (1738-1809), a Scottish surgeon, endeavoured to introduce sericulture (the cultivation of mulberry trees and silk worms) in South India for the very first time in the late 18th century. His project was supported by the East India Company in Madras and a network of colonial botanists who exchanged, transferred, and transplanted 'useful' plants and knowledge throughout the ever expanding British Empire. This global movement of plants was an incentive for and one of the major benefits of global exploration, conquest, and colonisation. However, Anderson, a Scot who embodied the spirit of the Scottish Enlightenment, did not quite fit into the profit seeking machinery of the British Empire. From the extensive correspondences that he published, despite the opposition of Sir Joseph Banks (the most powerful and strategic patron of botanical science), we uncover the fissures, internal contradictions, and limitations of the Empire's governance over nature.

  • Blake Smith, Max Weber Fellow, European University Institute "The Chemical Revolution and the Great Divergence: Cotton Cloth and South Asian Dyes in Late Eighteenth-Century France"

In the last decades of the eighteenth century, chemical knowledge in France underwent a profound transformation that is now widely seen to have created the basis for the modern science of chemistry. One of the first practical ends that scientists associated with this 'Chemical Revolution' pursued was the creation of synthetic replacements for natural dyestuffs imported from South Asia. Critical to the production of indiennes (pieces of cotton cloth woven and dyed in a 'South Asian' style), these dyestuffs had long been of interest to French officials, missionaries and scientists. Leveraging networks of colonial, commercial and religious power, and negotiating with local experts, these agents had sought to generate useful knowledge about South Asian production of dyed cotton cloth since the beginning of the eighteenth century, with mixed success. To late eighteenth-century chemists such as Claude-Louis Berthollet, however, the Chemical Revolution's insights into the composition of substances offered the possibility of bypassing these older, imperial circuits of knowlege-production, resituating the production of knowledge about dyes (and the production of dyes themselves) squarely in France. Berthollet collaborated with the French manufacture of indiennes Christophe-Philippe Oberkampf, and, in his published works, offered readers an image of a scientific, progressive France emancipating itself from its dependence on the supposedly backward methods of South Asia. This paper reads Berthollet's work as a self-conscious staging of the 'Great Divergence' (of industrializing European economies from those of Asia) and as an attempt to disavow the global and imperial.

  • John Styles, School of Humanities University of Hertfordshire

For much of the eighteenth century the inhabitants of colonial British America enjoyed a privilege denied their British counterparts on the other side of the Atlantic – exemption from the prohibitions and taxes on printed and painted Indian calicoes imposed in Great Britain at the start of the century. Every kind of Indian textile could be imported and used in the British American colonies, as long as it was shipped from India via London. British consumers had to make do with prints either on linen, or on the half-cotton, half-linen fabrics woven in Lancashire as substitutes for calico.

This paper focuses on the material characteristics of the printed fabrics which circulated in eighteenth-century British America. It argues these fabrics were less ‘Indian’ than has sometimes been supposed, despite the Indian origins of the decorative techniques employed and, indeed, of many of the fabrics themselves. It goes on to suggest the distinctive shape of the colonial market for printed fabrics became a crucial stimulus to the inventions in cotton spinning which led the British industrial revolution in textiles.

15 décembre : Liliane Hilaire Perez, Larissa Zakharova, Arnaud Passalacqua, Maurice Cassier, Soraya Boudia, Guillaume Carnino

  • Présentation conjointe de deux ouvrages, Histoire des techniques. Mondes, sociétés, cultures (XVIe-XVIIIe siècles) (sous la direction de Guillaume Carnino, Liliane Hilaire-Pérez et Aleksandra Kobiljski) et Les Techniques et la globalisation au XXe siècle (sous la direction de Liliane Hilaire-Pérez et Larissa Zakharova)

Les catalogues des bibliothèques proposent des milliers de références aux livres qui portent le mot « mondialisation » ou « globalisation ». Il s’agit en général d’études sur les effets de la mondialisation sur des aspects divers de la vie sociale, économique, culturelle et politique des différentes régions du monde. Les deux ouvrages que nous proposons de présenter, Histoire des techniques (mondes, sociétés, cultures xvie- xviiie s.), PUF, Nouvelle Clio, 2016 et Les techniques et la globalisation au xxe siècle, PUR, série « Techniques, savoirs, sociétés », 2017, invitent à se démarquer de cette production car ils proposent d’examiner le rôle des techniques, envisagées comme des objets et aussi comme des manières de faire, dans les processus de la globalisation. Le thème est neuf. Alors que l’héritage des histoires mondiales et diffusionnistes avait fait la part belle aux schèmes du progrès technique civilisateur - sous-entendu européen, c’est récemment que les techniques ont acquis leur place au sein de l’histoire connectée et globale, de l’histoire des échanges, des hybridations et des circulations de savoir. Les enjeux sont multiples.

D’une part, ces études remettent en question les mythes fondateurs de l’histoire des techniques, à commencer par la linéarité du changement technique associée à l’idée de progrès et au modèle diffusionniste. À l’inverse d’une approche centrée sur la division entre mondes modernes et traditionnels, on insiste de plus en plus sur les interférences entre générations techniques, à différentes échelles. D’autre part, face au retour des récits unifiants confondant la longue durée et le long terme, comme celui de la Petite divergence, l’histoire globale des techniques propose de délier l’analyse des techniques d’une compréhension réduite aux dynamiques de la croissance. Il s’agit non seulement d’évaluer ce que signifie une technique efficace rapportée à une économie des besoins, mais aussi d’apprécier les valeurs (religieuses, politiques, sociales, esthétiques…) attribuées, dans une société donnée, aux pratiques, aux produits et aux ensembles techniques – soit une anthropologie des techniques.

Ces perspectives invitent à caractériser les formes contemporaines de globalisation des techniques, notamment l’accélération des phénomènes d’intégration et le renforcement des acteurs institutionnels transnationaux, générant l’encastrement des techniques dans une multiplicité d’intérêts que désigne la globalisation. Pour autant, ce serait une illusion de penser que la multiplication et la dématérialisation des flux grâce à l’Internet, abolirait les frontières entre les États alors qu’une multiplicité de lignes de démarcation étatiques réapparaissent. De même, l’interconnexion ne signifie pas une homogénéisation des mondes sociotechniques. Cette tension au sein même de la globalisation conduit à questionner l’hétérogénéité des espaces et à identifier l’émergence de zones d’intensification (dynamiques Est-Ouest en Europe au xxe siècle, flux Sud-Sud plus récemment). Cela suppose une étude rapprochée, contextualisée des techniques et un effort d’identification des circuits, des passeurs et des logiques qui sous-tendent les appropriations des techniques à l’international – des données souvent absentes des récits totalisants visant à indexer l’avance ou le retard technique de tel pays ou « civilisation ».

Le développement des études en histoire globale des techniques invite à prendre conscience de la mise en cause permanente des processus d’interconnexion, d’emprunt et d’adaptation sous l’effet de puissants mouvements de reterritorialisation des savoirs (notamment sous l’effet du nationalisme en histoire), jusqu’à engendrer l’effacement des échanges qui ont prévalu à l’émergence de bien des techniques. Plus largement, le processus de  « naturalisation » des techniques est un phénomène général qui incite à considérer avec prudence les phénomènes de globalisation. C’est en effet l’oubli et l’effacement récurrents des circulations techniques qu’il convient aussi d’interroger.

19 janvier : Sciences sociales globales ? Catégories et méthodes universelles ou décentralisées ?

  • Coordinateur : Alessandro Stanziani

L’histoire globale et connectée a souvent critiqué l’eurocentrisme de l’histoire conventionnelle ; cette approche fait désormais partie du bagage des historiens, quoique avec des approches et résultats assez différents les uns des autres. Cependant, ce même processus apparait bien différent au sein des sciences sociales, surtout la sociologie, les sciences politiques et l’économie, où les catégories et modèles occidentaux sont toujours considérés valables pour l’ensemble de la planète. Cette séance se propose de discuter ces questions en prenant en considération précisément les démarches globales dans les différentes sciences sociales et en économie.

  • Stéphane Dufoix, Université Paris X Nanterre "De la globalisation de la sociologie"

Presque depuis son apparition formelle en Europe occidentale et en Amérique du nord dans le dernier quart du XIXe siècle, la sociologie a connu des formes d’internationalisation, comme en témoigne notamment la création de l’Institut international de sociologie par René Worms dès 1893, avant  de devenir un objet de politique internationale avec la création de l’International Sociological Association en 1949 sous l’égide de l’Unesco. Pour autant, si cette internationalisation correspond en effet à la multiplication du nombre de pays dans lesquels la sociologie se développe et s’enseigne,elle se signale également par une profonde inégalité entre la part occupée par les pays occidentaux et celle qui revient aux pays non occidentaux. Au sein de ces derniers émergent, au moins depuis les années 1950, des appels à la constitution de sociologies nationales avant que, là aussi sous l’égide de l’Unesco, ne se multiplient dans les années 1970 des appels à l’indigénisation des sciences sociales. La fin des années 1980 a perpétué ce paradoxe sous la forme tout à la fois de l’émergence du concept de globalisation, promouvant ou constatant bien souvent une unification du monde et des manières de le penser, et du succès croissant des conceptions décentrées de la science sociale (Cultural, Subaltern, Postcolonial, Decolonial Studies…). Cette situation, qui correspond à la naissance siamoise de deux perspectives sur la globalisation, est au cœur des débats actuels sur les possibilités d’une sociologie mondiale.

Rémi Bazenguissa-Ganga, Imaf "La globalisation des sciences sociales et humaines à partir des Suds"

  • Rémy Bazenguissa-Ganga (IMAF-EHESS)

Je pose d’abord l’expérience humaine de la participation à un monde commun comme le préalable à toute réflexion sur l’apport des sciences à la compréhension de ce même monde. Pourtant on constate que, dans la configuration actuelle de leurs activités cognitives,  les sciences sociales et humaines se sont construites et développées en occultant l’existence d’autres formes de pensées. Cette occultation a octroyé à des groupes de spécialistes occidentaux un droit quasi exclusif, dont ils se prévalent, pour revendiquer un monopole sur les savoirs à vocation universelle portant sur les Humains. De manière plus explicite, ce développement a abouti à la mise en place, dans la longue durée, des procédures d’exclusion, à la fois hors et dans l’Occident, de certaines catégories sociales, de la position de producteurs de savoirs scientifiques valides. Ces exclusions frappent, de manière exemplaire, l’Autre, le non-Occidental mais concernent également divers groupes sociaux qui se déclinent en Occident, en termes de race, de genre, de classe, etc. Actuellement, à la suite de la reconfiguration du monde, entraînée par l’émergence d’un nouveau lieu de certification des savoirs scientifiques sur le monde – les Etats-Unis reprenant la position hégémonique de la Grande-Bretagne et de la France –, ces catégories d’exclu(es) résonnent ensemble dans ce qu’on peut convenir maintenant d’appeler les Suds. Invoquer cette notion pour cerner un genre d’acteur historique est, bien sûr, une rhétorique tactique plus qu’une stratégie analytique pour mieux préciser l’idée de l’articulation des modalités de productions des savoirs à des positions induisant des perspectives sur le monde ; positions  qui autorisent et justifient leur validité. Deux perspectives du travail de recherche méritent ainsi d’être distinguées qu’il est possible de caractériser par l’opposition entre les deux termes de location : sur et à partir de. La première, classique, qui met l’accent sur l’extériorité, est celle que soutient et privilégie la logique d’exclusion. La seconde, à partir de, plus internaliste, prétend reposer sur un mode plus intime d’acquisition et de production des savoirs. Je scruterai davantage la seconde perspective en raison de sa complexité et plus grande vertu heuristique. En effet, cette dernière se révèle assez ambiguë car elle recouvre à la fois deux attitudes : être de ou au nom de. Etre de allègue d’une authenticité de l’ordre de l’intime et au nom de adosse la validité de sa parole à la revendication de la traversée de la distance vers l’autre. Cela permet de mieux rendre compte de la façon dont certains scientifiques affirment occuper effectivement les positions des Suds, soit du simple fait identitaire en tant qu’il/elle en est membre, soit seulement pour leur réceptivité à leur égard. Cela permet aussi de constater que les prises de positions énoncées dans la perspective à partir de ont produit deux effets majeurs sur l’ordre des savoirs sur les êtres humains. Elles ont contribué, d’une part, à faire reconnaître l’existence d’autres ordres épistémiques et, de l’autre, à la reconfiguration du dispositif de recherche scientifique par des innovations disciplinaires. Cet exposé vise à souligner le rôle de ces effets dans la globalisation des sciences sociales et humaines.

  • Alessandro Stanziani, CNRS (CRH-Esopp) et EHESS-PSL "Est-il possible (et souhaitable) de décentraliser l’économie politique ?"

L’économie politique est de manière systématique accusée de s’appuyer sur des catégories et modèles occidentaux qu’elle imposerait au reste du monde. Cette observation, en bonne partie fondée, mérite d’être questionnée tant dans ses démarches épistémologiques actuelles que dans son héritage historique. Cette intervention se propose de montrer la manière dont une certaine approche à l’économie s’est progressivement imposée au fil du temps et les raisons de cette issue. En même temps, nous mettrons également l’accent sur les échanges au fil du temps entre catégories et approches à l’économie au sein de plusieurs mondes européens –loin d’être homogènes dans leur eurocentrisme économique présumé !- ainsi qu’entre « mondes » différents – Europe occidentale, Russie, Inde, mondes coloniaux-. Ces interactions souvent inégales seront mises à l’avant plutôt que la recherche des valeurs « indiennes », « islamiques » ou « africaines » en matière d’économie. Ce qui pose finalement la question des relations entre économie et anthropologie.

16 février : Antonella Romano, Pablo Blitstein "La Chine à l’horizon de l’histoire globale"

  • Pablo Blitstein, « Deux sinocentrismes dans la Chine du long 19e siècle »

Cette intervention voudrait analyser et comparer deux types de sinocentrisme historiographique qui ont marqué  la Chine du long 19e siècle. Elle portera, dans un premier temps, sur le sinocentrisme de la dynastie des Qing. Il s’agira d’en explorer l’idée, déjà ancienne au moment de la fondation de la dynastie au 17e siècle, que l’histoire du monde tournait autour de l’histoire de la monarchie. Dans un deuxième temps, cette intervention abordera un type de sinocentrisme développé en même temps que le nationalisme chinois vers la fin du 19e siècle. Ce dernier, qui consistait à faire de la « nation Han » le centre de l’histoire impériale et préimpériale, a été formulé pour contester le sinocentrisme monarchique et « mandchou » de la dynastie des Qing. Il ne s’agissait pas de déguiser le sinocentrisme ancien avec les habits du nationalisme moderne ; au contraire, par le biais même du nationalisme, ce sinocentrisme nouveau s’inscrivait dans des « conversations » transcontinentales (entre l’Est Asiatique, l’Europe et les Amériques) qui empêchaient les nationalistes d’accorder à leur « Chine » la même centralité que la dynastie des Qing s’était attribuée. Quelques exemples nous offriront ainsi matière à réflexion non seulement sur les différents sinocentrismes dans la Chine du 19e siècle, mais aussi, pour ainsi dire, sur les fondements non chinois du sinocentrisme chinois.        

  • Antonella Romano, « Placer la Chine sur la carte du monde : un moment d’histoire européenne et ses effets historiographiques »

Le 16e siècle européen a été un moment de construction de son horizon global sur ses deux extrémités, occidentale avec les Amériques, et orientale, avec la « Chine ». La réflexion portera sur les modalités historiques de définition et d’intégration de la Chine dans cet horizon (missions diplomatiques, récits de voyages, entreprises commerciales et missionnaires) et les sources qui en ont été produites. Elle ouvrira aussi quelques pistes de discussion sur le legs historiographique de cette production multiple où il s’agira notamment de réfléchir à ce que des formes différentes d’eurocentrisme, et leurs variantes nationales (ou autres), ont légué en termes de strates d’images successives de la Chine et de sa « singularité ». Elle pointera quelques dossiers historiques qui invitent à penser à nouveaux frais, et dans une perspective différente, les « espaces » du rapport entre l’Europe et la Chine.    

16 mars : Présentations de doctorants.

18 mai :  Antonella Romano, Julie Brumberg (EPHE LEM)

  • "Histoire globale de la logique : enjeux, problèmes, méthodes", un projet présenté par Julie Brumberg-Chaumont (LEM, EPHE), Claude Rosental (CEMS, EHESS) et Antonella Romano (CAK, EHESS).

L’histoire intellectuelle, comme toutes les autres histoires, est mise en question par les études globales : l’est-elle de manière différente ou nouvelle ? Propose-t-elle d’autres réflexions sur le global ? Au-delà des grands débats qui traversent le domaine, ce séminaire entend réfléchir à ces questions à partir du dossier de la logique. Il s’agit de présenter différents projets réalisés au cours de ces vingt dernières années ou en cours, qui visent un renouveau méthodologique des études consacrées à la logique, au carrefour de la sociologie de laboratoire, de l’histoire des savoirs, de l’histoire de la pédagogie et de l’éducation, de l’anthropologie, et de l’histoire sociale, en explorant les possibles insertions de ces projets dans une approche globale. Le projet « Homo Logicus, la logique aux limites de l’humanité », lancé depuis 2016, s’attache ainsi à comprendre la façon dont la logique, comme « logique naturelle » (capacité logique) ou « logique artificielle » (discipline d’enseignement), a joué (et joue encore) un rôle de marqueur anthropologique, de sélection sociale, et de standardisation intellectuelle. Il a contribué à un désenclavement de l’histoire de la logique, à une relecture critique des histoires générales de la logique jusqu’ici produites, et à une mise en valeur différente de l’importante question du «prélogique » et de la « logique des autres » dans et à partir de l’histoire de l’anthropologie. Parce qu’il mobilise l’histoire coloniale, impériale et missionnaire des rencontres entre l’Europe et d’autres espaces, ainsi que l’histoire des interactions culturelles à l’intérieur de l’espace européen, ce projet en rencontre un autre, l’« Europe de la Logique, les traditions aristotéliciennes médiévales et modernes en contexte », lancé en 2017, sur le terrain d’une possible histoire globale des cultures logiques aristotéliciennes. Il rencontre également les travaux réalisés ces dernières années dans le domaine de la sociologie historique de la logique, ainsi que certaines enquêtes menées sur les représentations et les usages de la logique dans l’histoire des sciences sociales. Les animateurs de la séance présenteront quelques textes particulièrement significatifs pour la démarche qu’ils ont voulu entreprendre et quelques éléments des dossiers qu’ils ont mis en œuvre dans leurs recherches personnelles. 

15 juin :  Ce que occidentalisation veut dire.  Alessandro Stanziani, organisateur

Thématique : l’eurocentrisme est une notion que l’histoire globale mentionne le plu souvent comme présupposé même de sa démarche critique. En grande partie justifiée, cette démarche exige néanmoins une clarification, sur au moins deux niveaux : l’eurocentrisme ne constitue pas une catégorie cohérente au sein de la pensée « occidentale » et il faudra l’examiner de près, suivant les périodes, les auteurs, les pays. En même temps, il est important de prendre en considération la présence de « ismes » dans d’autres contextes : sinocentrisme, indocentrisme, russo centrisme , africa-centrisme, américa-centrisme etc.

Entre ces deux éléments, une connexion possible est à étudier : la manière dont certaines régions pensent se « moderniser » en adoptant-ou refusant- des éléments considérés comme « occidentaux. Nous allons discuter de cette démarche dans trois contextes : la Russie sous Pierre le Grand ; la Chine républicaine ; la Turquie issue des cendres de l’Empire ottoman

Williard Sunderland, Peter’s Horizons: Russian History as World History in the 18th Century

Peter the Great "Westernized" Russia, but did he do it the way that we think he did? And what does "Westernization" mean anyway?  Is it the same as "Europeanization" or even globalization, and how did these abstract processes operate in the Russian case?  This paper proposes taking a more obviously multi-national and trans-imperial  approach to the "West"ernization question" through a wide-ranging reexamination of the cross-cultural actors, networks, and transfers that defined the emergence of the new Petrine order. 

  • Xavier Paulès, EHESS, Modernisation en Chine Républicaine, début du XXe siècle
  • Emmanuel Szurek, L’Occidentalisation en Turquie

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Intitulés généraux :

  • Catarina Madeira Santos- Expériences coloniales, pouvoirs africains et instances de savoir dans les « Afriques lusophones », XVIIe-XXIe siècle
  • Natalia Muchnik- Les diasporas à l’époque moderne, XVIe-XVIIIe siècle : comparaisons, connexions
  • Xavier Paulès- Une histoire sociale des plaisirs. Opium et jeux de hasard dans la Chine de la première modernité (1850-1949)
  • Antonella Romano- Sciences, savoirs et religions. L'Europe catholique et le monde moderne
  • Jean-Frédéric Schaub- L’institution des autorités : histoires comparées
  • Silvia Sebastiani- L’Atlantique des Lumières. Race, genre, histoire
  • Alessandro Stanziani- histoire globale des régimes économiques
  • Emmanuel Szurek- Histoire linguistique (Turquie-Europe, XIXe-XXe siècles)
  • Jean-Paul Zuñiga- Travailler dans la ville. Acteurs, espaces et dynamiques de production dans l'Amérique espagnole (XVIIIe siècle)
  • Renseignements :

    ce séminaire s'adresse aux étudiants maîtrisant suffisamment la langue anglaise. Il s'inscrit dans le projet Global Collaborative History de : EHESS, Princeton, Université de Tokyo et Humboldt (Berlin). Les participants sont invités à lire des textes avant chaque séance.

    Réception :

    par courriel ou tél. : 01 49 54 24 44 ; bureau B 04_08, 54 bd Raspail 75006 Paris

    Adresse(s) électronique(s) de contact : alessandro.stanziani(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Le séminaire a discuté – suivant une perspective interdisciplinaire – des trajectoires multiples des circulations des personnes, des idées et savoirs, des institutions et des valeurs au-delà des confins géographiques et politiques. À la différence des programmes déjà existants qui traitent l’histoire globale comme une extension de l’histoire impériale ou de l’économie historique, ce séminaire a mis en évidence les connexions entre des régions spécifiques et des structures globales. En ayant recours aux comparaisons, connexions et aux processus d’intégration globale, nous avons invité chercheurs et étudiants à comprendre les forces qui ont contribué à structurer notre monde dans le passé et de nos jours. En particulier, nous avons discuté des relations entre « techniques, produits et dynamiques économiques » à une échelle globale. Depuis au moins deux décennies, l’histoire économique et celle des techniques ont proposé un renouvellement important. L’histoire de l’économie a remis en discussion le mythe de la révolution industrielle et de l’unicité britannique. L’accent a été mis sur les échanges de produits et techniques entre l’Asie et l’Europe et sur les possibilités de développements différents tant du point de vue de l’organisation économique que des hiérarchies sociales. Les deux premières séances sont consacrées à ces questions. La soie, le coton et d’autres textiles seront étudiés à l’échelle globale : les échanges entre Asie et Europe s’ajoutent à ceux entre ces régions, l’Afrique et les Amériques. Avec : Aya Ikegame, Tokyo, Blake Smith, European University Institute, John Styles, School of Humanities University of Hertfordshire, Liliane Hilaire Perez, Larissa Zakharova, Arnaud Passalacqua, Maurice Cassier, Soraya Boudia, Guillaume Carnino.
    La bonne partie des séances ont été consacrées aux outils et méthodologies pour pratiquer l’histoire connectée et globale, à commencer par les relations entre histoire et sciences sociales et la possibilité pour ces dernières (anthropologie, sociologie, économie) de développer des notions et des approches moins eurocentriques. Avec Stéphane Dufoix, Université Paris-X Nanterre, Rémi Bazenguissa-Ganga, EHESS. L’interface entre histoire, philologie et philosophie s’est poursuivie avec Antonella Romano, Julie Brumberg-Chaumont (LEM, EPHE) et Claude Rosental (CEMS). Différents projets réalisés au cours de ces vingt dernières années ou en cours visent un renouveau méthodologique des études consacrées à la logique et ont été mis en relation avec l’histoire globale.
    Nous avons également discuté des relations entre transferts et comparaisons dans une séance où les étudiants ont présenté leurs travaux. Dans cette même mouvance, deux séances ont été consacrées à la manière dont la « modernisation » et l’« occidentalisation » ont été pensées dans des contextes historiques différents, en particulier en Chine au tournant du XVIIIe et XIXe siècle, en Turquie à cette même époque et en Russie un siècle plus tôt. Avec Xavier Paulès, Emmanuel Szurek et Williard Sunderland. Dans ce même cadre, une séance particulière a été consacrée aux réflexions européennes sur la Chine depuis le XVIe siècle (Antonella Romano, Pablo Blitstein).

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 23 janvier 2018.

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