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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Formes sémiotiques, parole et praxis énonciatives

  • Antonino Bondi, postdoctorant à l'ENS Lyon ( IMM-LiAS )
  • Yves-Marie Visetti, directeur de recherche émérite au CNRS ( IMM-LiAS )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

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Vendredi de 11 h à 13 h (salle 4, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 16 février 2018 au 8 juin 2018. La séance du 13 avril est annulée. La séance du 4 mai aura exceptionnellement lieu en salle A06_46, 54 bd Raspail 75006 Paris

Ce cours-séminaire entend confronter et si possible rapprocher deux grandes lignes de pensée concernant l’activité de langage – en réalité et plus largement, toutes les productions sémiotiques.

La première ligne replace l’activité de langage au sein d’une expérience génériquement appréhendée comme une perception d’emblée sémiotique : on pose que tout sens doit être perçu dans les formes mêmes où il se dessine, et que de plus ces formes procèdent d’une pluralité de régimes sémiotiques, tendus entre expressivité et normativité.

La seconde ligne considère comme fondamentale la socialité des productions sémiotiques, tant pour la constitution des formes que pour celle des psychismes qui y répondent. Les propositions majeures sont ici celles des théories dialogistes ou polyphonistes, partiellement reflétées dans les linguistiques dites énonciatives, ainsi que dans divers courants de l’analyse du discours.

Les sujets de la parole sont ainsi captés d’emblée par des praxis énonciatives, qui les confrontent à diverses instances (plus ou moins abstraitement caractérisées), à des normes esthétiques et éthiques, à des finalités rhétoriques conditionnées par une économie des valeurs sémiotiques et sociales mises en jeu.

Le cours exposera quelques-unes des bases nécessaires au montage d’un champ problématique associant ces deux lignes de pensée. D’une part en reprenant des questionnements classiques de la linguistique et de la sémantique textuelle, dans le cadre d’une théorie des formes sémantiques où les champs de significations se laissent appréhender suivant un modèle homologue à celui d’un déploiement perceptif et expressif (l'exemple des proverbes sera ici tout particulièrement examiné). D’autre part, en examinant si des notions phénoménologiquement étayées comme celles de sujet de la parole, d’autrui et d’altérité, d’événement expressif, de voix, d'ethos, de modalisation, sont à même d’éclairer cet entrecroisement de dimensions sémiotiques, sociales et subjectives.

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire semestriel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Linguistique, sémantique

Intitulés généraux :

Renseignements :

par courriel.

Direction de travaux d'étudiants :

sur rendez-vous.

Adresse(s) électronique(s) de contact : antoninobondi80(at)gmail.com, yves.visetti(at)ehess.fr

Compte rendu

Le séminaire s’est attaché à confronter deux grandes lignes de pensée concernant l’activité de langage – en réalité et plus largement, toutes les productions sémiotiques.
La première ligne replace l’activité de langage au sein d’une expérience génériquement appréhendée comme une perception d’emblée sémiotique : on pose que tout sens doit être perçu dans les formes mêmes où il se dessine, et que de plus ces formes procèdent d’une pluralité de régimes sémiotiques, tendus entre expressivité et normativité.
La seconde ligne considère comme fondamentale la socialité des productions sémiotiques, tant pour la constitution des formes que pour celle des psychismes qui y répondent. Les propositions majeures sont ici celles des théories dialogistes ou polyphonistes, partiellement reflétées dans les linguistiques dites énonciatives, ainsi que dans divers courants de l’analyse du discours.
Les sujets de la parole sont ainsi captés d’emblée par des praxis énonciatives, qui les confrontent à diverses instances (plus ou moins abstraitement caractérisées), à des normes esthétiques et éthiques, à des finalités rhétoriques conditionnées par une économie des valeurs sémiotiques et sociales mises en jeu.
Les cours ont présenté quelques-unes des bases nécessaires au montage d’un champ problématique associant ces deux lignes de pensée. La linguistique, plus généralement toute sémiotique, a été ainsi présentée à la façon d’une esthétique modale des champs de la parole, organiquement liée à une éthique de la réponse et de l’appel, à une intrigue du sens se poursuivant à travers des genres et des jeux institués. Un des concepts-clés, ici, est celui de motif (ou de motivation), qu’on a retravaillé à partir de quelques éléments épars dans l’œuvre de Merleau-Ponty, de façon à l’inscrire dans un dispositif sémiogénétique tout à fait général, transversal à une diversité de régimes langagiers, plastiques, musicaux.
On a ainsi repris des questionnements classiques de la linguistique et de la sémantique textuelle, pour présenter les rudiments d’une linguistique phénoménologique, couchée dans les termes d’une théorie des formes sémantiques dans laquelle les champs de significations se laissent appréhender suivant un modèle homologue à celui d’un déploiement perceptif et expressif. On ouvre de cette façon sur une description détaillée de la valeur pour différents formants linguistiques (lexique, expressions idiomatiques, proverbes). Cette approche s’étend à certains concepts fondamentaux de la sémiotique textuelle établissant la continuité et la cohésion du discours (acteurs ; motifs narratifs et topoï ; isotopies).
On a ensuite examiné si des notions comme celles de sujet de la parole, d’autrui et d’altérité, d’événement expressif, de voix, de modalisation, étaient à même d’éclairer l’entrecroisement de dimensions sémiotiques, sociales et subjectives qui sont constitutives de la parole. On a ici principalement puisé dans les théories et dialogistes et énonciativistes, en se plaçant dans la suite d’auteurs tels que Bakhtine, Voloshinov, Vigotskij, en discutant également les approches praxématiques et la linguistique de A. Culioli. En même temps, nous avons essayé de repenser, dans un cadre qui soit phénoménologiquement et sémiotiquement mieux étayé, l’événement expressif et la prise de parole comme dispositif de constitution-institution des sujets parlants : dispositif à la fois social et corporel, dialogique et normatif.
Ce que la langue française appelle « voix », et qui engage de multiples dimensions, corporelles, stylistiques, morales, institutionnelles, s’offre alors comme un point d’entrée favorable pour de telles analyses.

Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 3 mai 2018.

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