Cet enseignant est référent pour cette UE
S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.
1er, 3e et 5e mardis du mois de 17 h à 20 h (salle 2, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 5 décembre 2017 au 3 juillet 2018. La séance du 27 février se déroulera en salle 1. Séance supplémentaire le 9 janvier (de 17 h à 20 h, salle 3, 105 bd Raspail 75006 Paris). La séance du 27 février est annulée
Depuis plusieurs années, ce séminaire s’essaie à proposer un cadre théorique permettant de rendre intelligibles les transformations historiques qu’ont connues – et que connaissent – les institutions monétaires du capitalisme. Notre fil directeur n’a pas varié : à contrecourant de l’hypothèse de neutralité de la monnaie, nous analysons le rapport monétaire comme étant l’institution à l’origine de la valeur économique, celle qui en fixe les traits primordiaux. Pour ce faire, nous nous sommes fortement appuyés sur l'analyse marxiste de la valeur et de la monnaie, tout particulièrement sur sa distinction entre économie marchande et économie capitaliste. Ce cadre conceptuel sera rappelé au cours des premières séances de l'année 2017-2018. L'apport de Suzanne de Brunhoff sera particulièrement étudié. La mise en avant, au cœur de notre réflexion, du concept de « puissance sociale de l'argent » nous a conduit cependant à nous écarter du marxisme traditionnel et à proposer une approche originale dont on rappellera les grandes lignes.
Après ces séances introductives, le séminaire en viendra à l'analyse de diverses configurations historiques. Il s'agira, comme les années passées, de se centrer sur certains épisodes qui illustrent d'une manière exemplaire ce rôle que joue la monnaie dans la constitution des corps politiques et dans l'accès de certains groupes sociaux à l'hégémonie. L'hyperinflation allemande des années vingt sera étudiée de même que l'évolution des monnaies grecques aux VIIe et VIe siècles. On s'intéressera également aux positions défendues par John Maynard Keynes quant à la monnaie internationale lors des débats ayant conduit à l'accord de Bretton-Woods en 1944.
Mots-clés : Capitalisme, Classes sociales, Économie politique, Histoire économique et sociale, Institutions, Socio-économie, Valeur,
Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire annuel (48 h = 2 x 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Économie
Intitulés généraux :
Renseignements :
par courriel.
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous par courriel.
Réception :
sur rendez-vous par courriel.
Niveau requis :
Master 1 d'économie, histoire ou sociologie.
Adresse(s) électronique(s) de contact : andre.orlean(at)ens.fr
Les neuf premières séances (chacune durant trois heures) de notre séminaire pour l’année 2016-2017 ont été consacrées à la théorie marxiste de la valeur et de la monnaie. Pour lire Marx, nous nous sommes appuyés en particulier sur Isaac Roubine (Essais sur la théorie de la valeur de Marx) et Rosa Luxemburg (Introduction à l’économie politique). La distinction entre production marchande et production capitaliste a retenu une grande part de notre attention. Puis la lecture du chapitre 2 du Capital, « Des échanges », nous a permis d’expliciter ce qui nous est apparu comme les limites de la théorie marxiste de la monnaie ; point de vue développé dans notre texte : « Réflexions sur la théorie marxiste de la monnaie ». Contrairement à la vision marxienne qui dit que la monnaie est le produit du monde des marchandises, nous défendons l’idée que la composante proprement politique du rapport monétaire est essentiel, comme en témoigne l’importance de la confiance. C’est ce point de vue qui nous conduit à écrire que « la communauté monétaire est un corps politique ». Les séances suivantes ont été consacrées à l’illustration et l’approfondissement de cette thèse à partir de l’examen de l’invention de la monnaie grecque en suivant Jean-Pierre Vernant (Les origines de la pensée grecque), Édouard Will (« De l’aspect éthique des origines grecques de la monnaie ») et Michel Foucault (Leçons sur la volonté de savoir). Cela a été également l’occasion d’une lecture approfondie de Karl Polanyi (La subsistance de l’homme) et d’Alain Testart (Aux origines de la monnaie).
À partir de la séance du 3 avril 2018, le séminaire a entendu une série d’exposés proposés par les étudiants : en règle générale, deux exposés par séance. Cette seconde partie du séminaire est passionnante par la multiplicité des thèses qui y sont présentées et la vivacité des débats auxquels elles donnent lieu. Cette année ont été abordés les auteurs suivants : David Graeber, Alfred Sohn-Rethel et Silvio Gesell ; mais également le thème des dettes publiques européennes, de la Réserve fédérale états-unienne et de l’euro.
Pour ce qui est de mon travail personnel de recherche, valeur et monnaie restent mes questions prioritaires. L’analyse des textes qu’Aristote a consacrés à la monnaie (le livre V de l’Éthique à Nicomaque et le livre premier de Politique) a pris une large partie de mon temps tant la littérature secondaire à leur sujet est immense. Mais elle m’a également apporté beaucoup. Une partie du livre à la rédaction duquel je travaille depuis un an sera consacrée à cette analyse. Par ailleurs, j’ai continué à m’intéresser à l’histoire monétaire, que ce soit la question ardue du bimétallisme grâce au livre d’Angela Redish (Bimetallism) ou l’histoire anglaise jusqu’au début du XVIIIe siècle grâce à celui de Christine Desan (Making Money).
Publications
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 21 février 2018.