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Vendredi de 11 h à 13 h (salle 5, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 9 mars 2018 au 8 juin 2018. La séance du 6 avril se déroulera en salle 6 (105 bd Raspail 75006 Paris). La séance du 8 juin est reportée au 15 juin (même horaire, même salle). La séance du 13 avril est annulée. La séance du 4 mai se dérouera en salle A07_46 (54 bd Raspail 75006 Paris)
Le séminaire proposera d’étudier les cartes de l’Éthiopie et des autres territoires de la Corne de l’Afrique produites entre la fin du XVIIe siècle et la première moitié du XXe siècle. La lecture critique de ces documents comme sources historiques permettra d’examiner plusieurs questions telles que les méthodes et conditions d’acquisition de connaissances géographiques par les explorateurs ; les pratiques de mémorisation et d’énonciation de savoirs spatiaux locaux ; les contraintes et distorsions liées aux techniques de représentation graphique et l’évolution de ces techniques ; les dynamiques spatiales des pouvoirs, des réseaux religieux ou des circulations marchandes ; l’organisation des limites territoriales et l’émergence des frontières internationales. Pour analyser les documents cartographiques ainsi que d’autres sources d’informations spatiales et des données d’enquête recueillies sur des terrains de recherche actuels, il faudra varier les échelles d’observation entre des phénomènes très localisés et des problèmes de plus vaste extension. Des outils d'humanités numériques seront employés pour explorer ces corpus. Outre cette thématique principale, le séminaire restera ouvert à des séances pouvant porter sur d’autres objets ayant trait à l’actualité des recherches effectuées dans la Corne de l’Afrique.
Conférences de Wolbert G. C. Smmidt
Wolbert G.C. Smidt est historien et ethnologue, spécialiste des sociétés de la Corne de l’Afrique. Enseignant depuis 2010 à l’Université de Mekelle, il y a créé le programme doctorat d’histoire et d’études du patrimoine. Il co-dirige avec Vincent Fourniau et Eloi Ficquet une thèse en co-tutelle entre l’EHESS et l’Université de Mekelle. Il est engagé dans de nombreux programmes de coopération scientifique, en Éthiopie, au Japon (professeur associé au Musée d’ethnologie d’Osaka) et en Allemagne (professeur associé à l’Université d’Erfurt). Il co-dirige avec Eloi Ficquet le programme de recherche franco-allemand Ethiomap Exploring historîcal maps ofthe Horn of Africa.
Mots-clés : Anthropologie historique, Anthropologie sociale, Ethnicité, Ethnographie, Ethnologie, Fait religieux, Géographie, Graphisme, Histoire des sciences et des techniques, Humanités numériques, Spatialisation, territoires, Textes,
Aires culturelles : Afrique, Musulmans (mondes),
Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire semestriel (24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire et civilisations de l'Afrique
Intitulés généraux :
Direction de travaux d'étudiants :
la direction des travaux est assurée sur prise de rendez-vous à l'issue du séminaire ou par messagerie électronique.
Réception :
les étudiants sont reçus au Centre d'études en sciences sociales du religieux, 10 rue Monsieur-le-Prince, 75006 Paris, sur prise de rendez-vous par courrier postal ou électronique.
Niveau requis :
si elle est appréciée, la connaissance de langues en usage dans la Corne de l'Afrique n'est pas exigée et l'ouverture comparatiste sur d'autres espaces linguistiques, culturels et religieux est encouragée. Pour les étudiants de master, la validation portera sur la sélection et l'analyse critique d'une source, ou bien la collecte de données sur un culte.
Site web : http://ethiomap.huma-num.fr
Adresse(s) électronique(s) de contact : eloi.ficquet(at)ehess.fr
Le séminaire a été consacré à l’étude critique des représentations cartographiques des territoires éthiopiens et voisins de l’Éthiopie, produites depuis le XVIe siècle par des observations directes de visiteurs étrangers à ces territoires (missionnaires, commerçants, explorateurs savants, géographes). Les cartes qui résultent de ces observations assemblent des savoirs géographiques locaux avec des positions obtenues par différentes méthodes de relevé et de calcul géodésique. De façon cumulative, ces informations nouvelles ou corrigées intègrent le canevas, plus ou moins remanié, des cartes précédemment publiées. La mise en œuvre du programme de recherche franco-allemand « ETHIOMAP : Exploring historical maps of the Horn of Africa » financé par l’ANR et la DFG, associant l’EHESS et le centre de recherches de Gotha de l’Université d’Erfurt, a permis de réunir sous forme numérisée une collection importante de documents cartographiques dispersés dans plusieurs fonds à travers l’Europe. Pour étudier ce corpus, un outil logiciel d’indexation des données cartographiques a été mis au point pour mener des analyses approfondies sur les différents niveaux d’information qui se superposent et se combinent sur la surface d’une carte. Pour ouvrir le séminaire, Wolbert Smidt, co-responsable de ce programme et enseignant invité à l’EHESS, a présenté plusieurs cas d’études régionaux. Il a d’abord retracé les dynamiques spatiales et politiques des territoires d’Éthiopie du nord, aujourd’hui réunis sous la désignation de Tigray devenue générique, en portant une attention particulière aux désignations de lieux du pouvoir, souvent comprises comme de simples toponymes, mais illustrant des dispositifs complexes d’organisation territoriale dont les cartes conservent la trace. Ce questionnement s’est poursuivi sur le cas de la ville d’Addis Abeba, qui avant d’être établie comme capitale du pouvoir royal éthiopien était un espace sacré et politique du peuple Oromo, notamment connu sous le nom de Finfinnee, et dont la cartographie rend compte. Enfin, Wolbert Smidt a examiné Ies représentations cartographiques des côtes méridionales de la mer Rouge et de leur arrière-pays depuis le XVIIIe siècle, en portant l’attention sur des constructions territoriales enchevêtrées entre zones de contact et régions frontalières à l’articulation de I’Éthiopie historique, des réseaux marchands de l’océan Indien et des extrémités de l’Empire Ottoman. Par la suite, quelques séances ont dû être annulées ou déplacées en raison d’un mouvement de protestation d’étudiants contre la réforme de l’accès à l’enseignement supérieur. Deux séances ont porté sur des recherches en cours en région Afar, dans les basses terres orientales de l’Éthiopie, pour retracer les dynamiques de peuplement, d’exploitation agricole et de contrôle politique du territoire d’Awsa du XVIe siècle à nos jours. Outre l’analyse de matériaux d’histoire orale sur les narrations de l’espace, ces séances ont aussi porté sur l’utilisation de différentes fonctionnalités du logiciel Google Earth pour constituer des collections de toponymes et les comparer. Toujours dans une perspective d’anthropologie historique, Fesseha Berhe, doctorant en co-tutelle à l’Université de Mekelle et à l’EHESS a présenté son enquête sur la population Doba’a, qui a cessé de former une entité politique distincte depuis le XVIIIe siècle, mais dont des éléments structurels continuaient d’être identifiés dans la cartographie, fournissant des points d’accès à l’interrogation de savoirs. La dernière partie du séminaire a porté sur la lecture détaillée de plusieurs cartes, chacune constituant un cas d’étude. En 1683, l’orientaliste Hiob Ludolf publiait une carte intitulée « Habessinia ou Abassia, appelé par erreur Royaume du Prêtre Jean, d’après les informations données dans les cartes du Père Tellez avec des corrections aussi minutieuses que possible sur de nombreux noms erronés, ainsi que de nombreux noms ajoutés sur la base du récit digne de foi de Grégoire d’Abyssin, leurs positions n’étant pas toujours certaines ». Les différentes opérations de savoir indiquées dans cette description ont été analysées. En 1790, la carte de la mer Rouge et des pays riverains, publiée par James Bruce en annexe du récit de son séjour à la cour de Gondar vingt ans plus tôt, associe deux échelles discursives et géographiques, couvrant l’ensemble du bassin du Nil ainsi qu’un réseau très dense de points découvrant la région du lac Tana. Dans les années 1840, le géographe et linguiste Antoine d’Abbadie a mis au point des méthodes et des instruments de collecte systématique d’observations géodésiques associés à des méthodes de calcul innovantes et des transcriptions minutieuses des toponymes. Enfin le séminaire s’est terminé sur la comparaison de deux cartes monumentales de l’Afrique, réalisées dans le contexte du partage colonial de l’Afrique, la SpezialKarte Afrika en 10 feuilles, échelle 1:4,000,000 par Hermann Habenicht (Gotha, 1885-1892) et la carte d’Afrique à l’échelle 1:2,000,000, 63 feuilles, par Richard de Regnauld de Lannoy de Bissy (Paris, Service Géographique de l’Armée, 1881-1889).
Publications
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 3 mai 2018.