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2e et 4e lundis du mois de 17 h à 19 h (salle 11, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 13 novembre 2017 au 11 juin 2018
Pour cette troisième année du séminaire consacré à la question des ressources, l’objectif est de l’aborder à partir de l’articulation des deux notions de « naturel » et de « renouvelable ». Quel rapport s’établit au sein des différentes sociétés historiques et préhistoriques entre 1) les ressources produites et reproduites, comme les grains ; 2) les ressources naturelles mais non renouvelables et donc condamnées à terme à l’épuisement, comme le pétrole, et 3)l’ensemble des ressources que les sociétés tirent de leur environnement censé fixer les limites à ne pas dépasser à leur utilisation, définissant ainsi autant d'équilibres écologiques.
Seront ainsi envisagées, avec l’ensemble des représentations culturelles et symboliques auxquelles ces ressources ont donné naissance, des cas très variés. La réflexion autour de l’eau, au programme de l’année 2016-2017, sera poursuivie mais d’autres exemples seront également traités comme les ressources de la chasse, de la pêche (notamment maritime) ou les ressources minérales (avec leurs substituts qui s’inventent dans le temps), tous mettant en cause la question de leur pérennité avec des équilibres économico-écologiques toujours instables et à réinventer. Le renouvellement de ces ressources auquel la nature seule ne peut plus faire face implique des prises de conscience, des débats qui débouchent parfois sur des solutions techniques entre lesquelles des choix de nature politique doivent être faits.
Mots-clés : Économie, Histoire économique et sociale,
Aires culturelles : Transnational/transfrontières,
Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire et civilisations de l'Europe
Intitulés généraux :
Renseignements :
contacter Jean-Yves Grenier par couriel.
Direction de travaux d'étudiants :
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Réception :
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Adresse(s) électronique(s) de contact : grenier(at)pse.ens.fr
Pour cette troisième année du séminaire consacré à la question des ressources, l’objectif était de réfléchir à l’articulation des notions de « naturel » et de « renouvelable ». Quel rapport s’établit au sein des différentes sociétés historiques et préhistoriques entre les ressources produites et reproduites, comme les grains, et les ressources naturelles mais non renouvelables et donc condamnées à terme à l’épuisement, comme le pétrole ? Trois groupes de questions ont été étudiés.
Le premier porte sur les ressources énergétiques contemporaines. Michel Lepetit (Shift Project) a étudié la question du pétrole au travers des multiples modèles élaborés depuis les années 1970 par des économistes comme William Nordhaus, en particulier dans le cadre de l’Agence internationale de l’énergie, et de leurs difficultés à proposer des évolutions crédibles de consommation énergétique et de penser la question de la décorrélation entre énergie consommée et évolution du Produit Intérieur Brut. Cette question centrale mais insuffisamment explorée est des plus difficiles puisque l’on sait que, depuis au moins la Révolution industrielle, ces deux variables sont fortement liées mais que toute solution au problème de l’épuisement des ressources et du réchauffement climatique passera nécessairement par un dépassement de ce lien. Un retour dans le temps a par ailleurs conduit à s’interroger sur la façon dont les économistes du XIXe siècle – surtout américains et anglais – ont abordé la question des ressources non renouvelables (en particulier le charbon) dans la double perspective de la fixation du prix de ces ressources et de leur rythme d’exploitation.
Le second groupe de questions a concerné les grains. Il s’agit cette fois d’une ressource renouvelable mais d’une production tout aussi indispensable puisque la reproduction, voire la simple survie, des populations en dépend. La question délicate de l’accès à la ressource alimentaire, en particulier dans les périodes de famine, a été étudiée dans l’optique de la notion de capabilities proposée par l’économiste Amartya Sen. Les exemples historiques observés ont été la famine de 1315 et les famines irlandaises de 1847. De son côté, Steven Kaplan (Cornell University) s’est interrogé, à l’occasion de la parution de son livre Raisonner sur les blés. Essais sur les Lumières économiques (2017), sur la question de la gestion d’une ressource souvent rare mais parfois aussi trop abondante dans le contexte de la France du XVIIIe siècle et des modèles de gestion proposés par les économistes, en particulier dans l’opposition entre une économie politique du lieu (Galiani) et une autre de la libre circulation (Turgot, physiocrates).
Le dernier groupe de séminaires a porté sur la question des semences. Ce thème est très important pour envisager comment se renouvelle mais, dans le même temps, se transforme une ressource à la fois migrante et changeante. Charlène Bouchaud (Museum d’Histoire Naturelle) et François Lerouxel (Université Paris IV) ont animé une séance sur le passage de l’amidonnier (céréale vêtue) au blé dur (céréale nue) dans l’agriculture égyptienne au cours de la seconde moitié du premier millénaire. Comment expliquer cette transformation majeure ? Faut-il mettre en avant une explication culturelle, avec l’hellénisation des pratiques locales, ou des arguments de nature plus économique ? La mutation des semences a également été abordée au travers de la question des transformations nécessaires des pratiques agricoles afin de prendre en compte dans la durée la modification progressive et inévitable des semences. La question a été étudiée à partir du cas de la France aux XVIIIe-XIXe siècles et des États-Unis au XIXe siècle. Enfin, Hayat El-Maarouf-Bouteau (spécialiste de biologie végétale, Université Paris VII) a présenté la façon dont la biologie contemporaine analyse la mutation des semences, à partir de questions portant sur la résistance au stress et sur la dormance.
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 2 août 2017.