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Mardi de 13 h à 15 h (salle 5, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 14 novembre 2017 au 12 juin 2018. La séance du 10 avril est annulée
Quelle terminologie, quelles méthodes pour l’histoire des migrations à l’ère transnationale ? Le séminaire abordera cette année des questions des mots et des approches pour souligner la diversité des expériences – entre structures et agency, entre contraintes et actions individuelles – des migrants aussi bien que la multiplicité des regards des chercheurs sur le processus. L’historiographie des migrations, aux États-Unis et en France, a lui-même migré à travers l’Atlantique, non sans quelques vagues. Deux questions en particulier attireront notre attention : 1) l’émergence du concept du transnationalisme ainsi que ses limites ; 2) la mobilisation des ressources – des hommes, des femmes, des passeurs – et les rouages mêmes du mouvement.
21 novembre 2017 : José Moya (professeur à Barnard College, directeur du Forum on Migration, directeur d’études invité à l’EHESS), « Migration and the Great Divergence : The Euro-Atlantic World and East/South Asia, 1800-1930 »
28 novembre 2017 : José Moya (professeur à Barnard College, directeur du Forum on Migration, directeur d’études invité à l’EHESS), « Gender and Migration : A Search for Explanatory Patterns »
20 mars 2018 : Donna R. Gabaccia (Professeure à l’Université de Toronto, Scarborough), « Gendering Migrations in World History »
Mots-clés : Comparatisme, Démographie, Diaspora, Discrimination, Économie politique, État et politiques publiques, Ethnicité, Genre, Globalisation, Histoire, Histoire économique et sociale, Migration(s), Minorités, Transnational, Travail, Urbaines (études), Ville,
Aires culturelles : Amérique du Nord, Amériques, Atlantiques (mondes), Europe, France, Transnational/transfrontières,
Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire annuel (48 h = 2 x 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire et civilisations de l'Europe
Intitulés généraux :
Renseignements :
CRH-EHESS, 54 bd Raspail 75006 Paris, bureau B416, tél. : 01 49 54 23 41 ou par courriel.
Direction de travaux d'étudiants :
mercredi de 15 h à 17 h et sur rendez-vous.
Réception :
sur rendez-vous.
Niveau requis :
séminaire destiné aux étudiants de master et de doctorat.
Site web : http://crh.ehess.fr/index.php?/membres/membres-statutaires/120-green-nancy-l
Adresse(s) électronique(s) de contact : nlg(at)ehess.fr
Quelles méthodes pour l’histoire des migrations à l’ère transnationale ? Le séminaire a commencé par une mise en perspective des multiples échelles d‘analyse utilisées dans ce champ d’études, du local au national et au transnational. Chaque niveau permet différentes approches, insistant tantôt sur les individus, les groupes, ou les États, mais on doit interroger la nature mouvante de l’historiographie.
Au niveau des quartiers ou des groupes, que ce soit aux États-Unis ou en France, certains débats (anciens déjà) concernant des « entrepreneurs ethniques » ou les « niches ethniques » ont pu être revisités. Hacina Ramdani (Université Lumière Lyon 2), par exemple, pose la question de la mobilité (ou non) des filles et des fils d’immigrés qui ont étudié à l’université à Lyon. La question du local entraîne également des questions concernant les interactions entre groupes (les rapports interculturels n’étant pas seulement entre immigrés et autochtones) et l’économique des migrations. Depuis les causes de départ aux logistiques du voyage à l’insertion économique à l’arrivée, nous avons examiné l’économie familiale, les usages du crédit ainsi que « l’industrie » de migration. Les actions des individus se situent entre choix individuels et familiaux et politiques des États et sont liées aussi aux dépendances aux intermédiaires (d’agents de voyages aux passeurs peu scrupuleux) et aux rapports changeants entre le public et le privé. Depuis le début du XXe siècle et les cartels des compagnies maritimes jusqu’à la privatisation de certaines fonctions de contrôle étatiques à la fin du siècle, il s’agit d’examiner l’histoire du « business » des migrations à nouveaux frais. Cindy Hahamovitch (University of Georgia) a pu nous rappeler la façon dont les exploitants agricoles dans le sud des États-Unis ont recruté des travailleurs étrangers puisqu’expulsables en cas de grève. Nous sommes également revenus sur ce que nous appelons les « lieux de passage » : les zigzags à travers plusieurs pays, les incertitudes, les coûts du voyage et la mobilisation des ressources, tous combinant contrainte et agentivité dans la mobilité.
Deux autres approches importantes, concernant le genre et le transnational, ont fait l’objet de plusieurs séances. José Moya (Barnard College/Columbia University) et Donna Gabaccia (Université de Toronto, Scarborough) ont présenté leurs travaux sur le genre, depuis l’âge paléolithique dans un grand survol (Moya) ou depuis l’esclavage (Gabaccia), soulignant tous les deux l’importance de la longue durée et les ratios hommes/femmes pour comprendre la mobilité humaine. Comme l’a dit Moya, nous sommes tous des descendants des migrations et du mixage, tandis que Gabaccia nous rappelle les effets épistémologiques de l’usage de différentes séries statistiques (flux v. stock). J’ai présenté une partie de mes propres travaux sur le sujet (pour les seuls XIXe-XXe siècles) en préparation d’un livre.
Enfin, le transnational permet d’autres perspectives, que ce soit les interactions philanthropiques, par exemple celles des Américains en France durant la Seconde Guerre mondiale (Shannon Fogg, Missouri University of Science and Technology) ou les géographies tsiganes vers et à travers l’Amérique du Nord (Adèle Sutre, EHESS). Nous avons présenté les grandes lignes d’un ouvrage à paraître sur les « Limites du transnational », revenant sur l’histoire et l’usage du concept, entre opportunités et difficultés dues non seulement aux politiques d’immigration bien connues mais également à des frictions depuis les pays d’arrivée, les multiples obstacles en route, et les problèmes éventuels une fois les migrants installés… et néanmoins toujours obligés de manœuvrer entre différentes juridictions.
Un certain nombre de ces thèmes ont été présentés lors de colloques à l’étranger : à l’Università di Padova ; au Delphi Economic Forum ; au congrès annuel de l’American Historical Association, Washington, D.C.
Publications
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 10 avril 2018.