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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Politiques des sciences

  • Michel Barthélémy, chargé de recherche au CNRS ( IMM-CEMS )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

  • Claude Calame, directeur d'études de l'EHESS (*) (TH) ( AnHiMA )
  • Manuel Cervera-Marzal, ATER à l'EHESS ( CESPRA )
  • Francis Chateauraynaud, directeur d'études de l'EHESS ( GSPR )
  • Sophie Desrosiers, maître de conférences de l'EHESS ( CRH )
  • Sandrine Garcia, professeur à l'Université de Bourgogne ( Hors EHESS )
  • Joël Laillier, maître de conférences à l'Université Paul Sabatier de Toulouse ( Hors EHESS )
  • Plinio Prado, maître de conférences à l'Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis ( Hors EHESS )
  • Christian Topalov, directeur d'études de l'EHESS (*) ( CMH )
  • Jérôme Valluy, maître de conférences à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ( Hors EHESS )
  • Patrick Vassort, maître de conférences à l'Université de Caen, membre de l'équipe CERReV (groupe de recherches Politique, Institution et Symbolique (PoLIS)) ( Hors EHESS )

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

1er jeudi du mois de 17 h à 20 h (salle M. & D. Lombard, 96 bd Raspail 75006 Paris), du 5 octobre 2017 au 7 juin 2018. La séance du 2 novembre se déroulera en salle 13. Pas de séance le 7 décembre ni le 1er février. Séances supplémentaires le 15 janvier, de 17 h à 21 h (salle M. & D. Lombard) et le 17 mai, de 17 h à 20 h (salle BS1_05, 54 bd Raspail). La séance du 1er mars est reportée au 8 mars (salle 1, 105 bd Raspail). La séance du 3 mai est reportée au 24 mai de 18 h à 21 h en salle 8, 105 bd Raspail. La séance du 7 juin se déroulera en salle 1 (105 bd Raspail)

Séance supplémentaire le 14 juin 2018 (de 18 h à 21 h, salle 13, 105 bd Raspail 75006 Paris)

Le séminaire « Politiques des sciences » est un lieu d’enquête collective sur les évolutions que connaissent les pratiques d’enseignement et de recherche dans le cadre fixé par les réformes en cours. Quel sens et quel impact ont ces réformes, examinées dans leurs dimensions à la fois structurelles et locales, du point de vue de ceux qui les subissent et les mettent en œuvre ? Elles se succèdent en s’imposant chaque fois par la force des choses, leur évidence présumée servant à écarter tout débat de fond. Aucune de ces réformes successives n’est évaluée, ni dans ses intentions, ni dans ses effets observables. Seules bénéficient de l’attention des médias les intentions proclamées des réformateurs et des managers de la science, qui forment le grand récit de la réforme et de ses objectifs globaux dans le cadre d’une économie internationale de la connaissance et de l’enseignement universitaire. D’où l’intérêt d’enquêtes de sciences sociales sur ce qui constitue habituellement la face inquestionnée des actions publiques en matière d’enseignement supérieur et de recherche, mais aussi dans d’autres domaines qui sont contraints à des évolutions analogues.

Ce séminaire vise donc à réhabiliter un regard réflexif sur les réformes à partir de leur traduction concrète dans les environnements concernés, sur le mode de l’articulation entre le local et le global, l’action et la structure, les arguments, intérêts et clivages engendrés par les réformes. Il est proposé comme lieu de rencontre et de débat aux personnes et aux divers groupes qui, au sein du monde universitaire, ne se résignent pas au nouvel ordre des choses. Il s’agit, en effet, de contribuer à restaurer la possibilité pour l’université de se penser elle-même au niveau même où elle se fait et ou elle est observable et descriptible, y compris dans son rapport avec le reste de la société et le monde qui l’entoure.

Projet collectif d'enseignement, ce séminaire est destiné à tous les publics de chercheurs et d'étudiants qui souhaitent inscrire une dimension critique dans les métiers de la recherche saisis dans leur diversité.

Les enregistrements audio des séances précédentes sont accessibles à partir de ce lien http://pds.hypotheses.org

Jeudi 5 octobre 2017 : « Ce qui est en exception de l’universel de l’Université »

« L’Université n’est pas une alma mater, mais une vache à lait. Il n’est pas obligatoire que seules les canailles parviennent à la traire. Ne pas la croire, ne pas y croire, ne pas la servir, mais s’en servir, tel serait le mot d’ordre. Y faire entendre, serait-ce au détour, la mise en doute d’un, de plusieurs, de tous les universels faciles, le programme n’est pas facile et n’est pas sans risque. Mais il n’est pas interdit d’être rusé quand on est sage. Il est possible au sage de fendre la foule. »
Ces sont les dernières lignes de l’article de Jean-Claude Milner, « L’Université comme foule » (2014, p. 114)*. Le texte est à l’origine du thème proposé à la présente séance du séminaire « Politique des Sciences ».
Une des thèses centrales de l’article est que l’Université mondiale, existant comme foule et en expansion illimitée, appelle une conduite qui problématise, voire qui ruine l’« axiome » qui la sous-tend, à savoir : l’Un de la forme-marchandise, sous la loi duquel les savoirs et les universitaires sont rassemblés, produisant, administrant, enseignant et apprenant aux fins d’assurer l’accélération des échanges et l’accroissement de la performativité du système.
Cette problématisation « est désormais un devoir ». Dès lors, si l’on admet l’analyse, il conviendra d’élaborer le point de conduite à tenir, en exception de l’universel de l’Université, et apte à mettre en doute ou à ruiner celui-ci.

Avec Jean-Claude Milner

  • Modérateur : Plínio Prado

*Lectures

  • J.-C. MILNER, « L’Université comme foule », paru dans les Cahiers d’études lévinassiennes, 10 (2011) ; version modifiée reprise dans L’universel en éclats, Éditions Verdier, 2014. La version de 2011 est consultable en ligne : http://www.academia.edu/11815502/De_lUniversite_comme_foule
  • —, Le Juif du savoir, Grasset, 2006.
  • —, Considérations sur la France. Entretiens avec Ph. Petit, Éditions du Cerf, 2017.
  • P. PRADO, « Un poète égaré au sein de l’Université. Wittgenstein et l’invention du “non-cours” », Revue Lignes, 30 (2009).
  • —, « Le couple Socrate et Alcibiade. Notes sur la relation enseignante à l’heure du libéralisme cognitif », Mélanges en hommage à René Schérer, Constantin Irodotou (dir.), L’Harmattan, 2015.
  • —, « D’un style d’enseignement à Vincennes. Châtelet, Deleuze, Lyotard », François Châtelet, un philosophe au présent, Nathalie Périn (dir.), Hermann, Paris, 2016.

Jeudi 2 novembre 2017 : « Le processus top-down de la réforme de l’enseignement supérieur et la recherche : des principes à la mise en œuvre sur le terrain  »

Placées sous le mot d’ordre de l’« économie de la connaissance », les missions relatives à l’enseignement et à la recherche, l’organisation des établissements, l’évaluation des activités, les pratiques de gouvernement, entre autres, qui étaient celles de l’université ont été fortement affectées au début des années 2000, en France en particulier, par l’introduction de nouveaux préceptes de concurrence, de compétitivité, de professionnalisation, de gestion budgétaire importés du champ de l’entreprise privée. La question de la formation dispensée dans ces établissements est progressivement devenue l’affaire de nouveaux métiers, porteurs d’une nouvelle expertise fondée sur des critères et priorités autres qu’académiques. L’université s’est alors retrouvée prise au sein d’un mouvement de transformation transnational, et sommée de justifier de son activité et de ses résultats dans des termes et selon des procédures qui étaient étrangers à son mode de fonctionnement et à sa culture de lieu de production et de transmission des savoirs. Appréhender cette mutation de la place de l’université dans la société conduit à mettre l’accent sur les relations entre les acteurs, organisations, institutions qui conçoivent et mettent en œuvre continûment et souvent discrètement les instruments et les modalités de l’acculturation du monde académique aux nouvelles exigences d’ajustement de la formation supérieure aux besoins allégués de l’emploi et de l’économie.

S’intéresser à l’infrastructure organisationnelle qui s’est mise en place dans le sillage du mot d’ordre global de faire de l’université un élément crucial de l’économie de la connaissance, est le moyen de comprendre de quelle manière des principes politiques généraux se traduisent en l’énoncé et la mise en acte par une variété d’acteurs des consignes agissant au niveau de l’encadrement et de la réalisation de leurs activités professionnelles quotidiennes. L’occasion est donnée d’examiner la manière dont la coordination et la régulation des activités s’opèrent, via la mise en place de leviers d’action, d’incitation et d’influence adéquats, entre des acteurs œuvrant à des échelles (transnationale, nationale, locale) et dans des milieux différents (politiques, économiques, académiques), à des fins d’homogénéisation des dispositifs et des pratiques. Et de s’interroger sur ce qui reste du lien inconditionnel de l’université avec le savoir, en termes de prise autonome sur le réel, dans une université devenue l’instrument des politiques économiques nationales intriquées dans la mondialisation.

Pour évoquer ces questions, le séminaire politiques des sciences reçoit, en visioconférence depuis l'université de Chypre : Sophia Stavrou, sociologue, université de Chypre. Plus d’informations + bibliographie : http://ucy.academia.edu/SophiaStavrou

  • Modération : Michel Barthélémy

Lecture conseillée pour préparer la séance :

  • Sophia Stavrou (2016): Pedagogising the university: on higher education policy implementation and its effects on social relations, Journal of Education Policy. http://dx.doi.org/10.1080/02680939.2016.1188216
  • Sophia Stavrou (2017), L’université au diapason du marché, Academia L’harmattan.

Lundi 15 janvier 2018 : Comment recrute-t-on les chercheurs ?

Au printemps dernier, une crise a secoué l'Institut des sciences humaines et sociales du CNRS. Sa direction a écarté de nombreux candidats classés par les sections du Comité national de la recherche scientifique, particulièrement en section 36 (Sociologie, normes et règles), où tous les candidats sociologues classés en rang utile du concours de CR2 ont été éliminés. Un ample mouvement de protestation a suivi, qui s'est exprimé notamment au conseil scientifique de l'InSHS et à celui du CNRS.

Cette séance de Politiques des sciences reviendra sur l'épisode en discutant de ses enjeux, qui sont vastes : quels sont, quels devraient être les rôles respectifs des sections et des directions dans le recrutement des chercheurs ? Dans quels termes cette question se pose-t-elle pour le recrutement des enseignants-chercheurs ? Par quelles méthodes et procédures juger au mieux des qualités des dossiers des candidats ? Que signifient les notions de « jugement des pairs », « procédure collégiale », « expertise » ? Faut-il défendre le principe de la désignation de la majorité des membres des commissions par élection ? Faut-il défendre la nomination des « experts » par l'autorité administrative ?

On sait bien qu'à « Politiques des sciences », on soutient certaines opinions sur ces questions. Mais l’objectif de cette séance est le débat : nous avons sollicité des collègues qui ont des points de vue variés, qui ont souvent aussi une expérience directe des instances de recrutement, au CNRS et à l’université. Nous avons aussi invité des candidats, qui ont sans nul doute leurs propres points de vue sur l'institution.

 Voir la composition et l'organisation de la séance en détail : http://pds.hypotheses.org/2526

Jeudi 8 mars 2018 : Qui gouverne l’enseignement supérieur et la recherche en sciences humaines et sociales ? Une approche par les réseaux d’institutions et leur dynamique (2005-2014)

Nous explorons les relations entre les diverses institutions nationales de gouvernement de l’enseignement supérieur et la recherche (ESR) en étudiant les individus qui les ont peuplées au cours de trois périodes-clefs des « réformes » en cours : 2005-2006 (à la veille de la mise en œuvre du « pacte pour la recherche » édicté en 2004 par François Fillon) ; 2009-2010 (l’acmé des réformes de la période Sarkozy sous le ministère de Mme Pécresse) ; 2013-2014 (la consolidation des réformes sous Hollande et le ministère de Mme Fioraso). Notre outil de travail est la base de données « Qui gouverne la science ? », qui comprend toutes les institutions nationales de l’ESR de caractère général et spécifiquement en SHS aux dates indiquées.

Nous avons limité l’enquête en nous intéressant à deux genres de positions particuliers : les individus qui appartiennent simultanément à plusieurs institutions (les « pluri-appartenants ») et ceux qui, d’une période à l’autre, restent dans le système, soit dans la même institution, soit en passant d’une institution à l’autre (les « permanents »).

Cette approche permet de travailler dans deux directions : 1/ quels sont les rapports entre institutions (réseaux statiques) et comment ils évoluent au fil du temps (réseaux dynamiques) ? 2/ quels sont les trajectoires des individus au sein de ce système et qui sont ceux pour lesquels une enquête biographique peut être intéressante ? Ainsi, l’analyse de réseaux est utilisée à la fois pour produire des descriptions globales (les rapports entre institutions) et choisir les individus pertinents pour des descriptions à l’échelle individuelle en vue de dégager des types de carrière.

Séance animée par Joël Laillier (Université Paul Sabatier, Toulouse et IDHES, Paris) et Christian Topalov (EHESS)

5 avril : Réformes anti-démocratiques et alignements en cascade dans l'ESR : Comment réinventer des prises critiques ? I. & II.

  • I. Regards pluriels sur une situation désastreuse et ses évolutions possibles

Les deux prochaines séances du séminaire Politiques des sciences (5 avril et 3 mai) ont pour premier objectif d’articuler un retour critique, collectif et polyphonique sur les luttes dans l’ESR. Depuis 2004, différents moments de mobilisation et de contestation ont marqué la mise en place des réformes, sans que les principaux concernés, chercheurs, enseignants, étudiants, praticiens des métiers multiples de l’ESR, aient pu infléchir ce qui apparaît de plus en plus comme un programme écrit de longue date. De multiples travaux, de nombreuses enquêtes collectives ont examiné en détail les transformations à l’œuvre et il nous a semblé important de faire un point sur plus d’une décennie de politique de l’ESR, pas seulement en France, tout en partageant des réflexions et des propositions sur les voies de sortie, de bifurcation ou d’inflexion disponibles ou à (ré)inventer collectivement. Actualiser l’inventaire des expériences de mobilisation et des enthousiasmes nés dans leur sillage – la plupart déçus – n’est pas un luxe, car la mémoire des luttes passées a tendance à se perdre. Elle se perd car ce qu’il reste de résistance à la destruction méthodique et anti-démocratique de l’ESR est en proie à l’usure et, surtout, à l’anéantissement par les alignements successifs, l’acceptation de nouvelles contraintes et la multiplication des arrangements et des compromis, qui prennent parfois l’allure de véritables compromissions. Il n’y a pourtant aucune fatalité ni « TINA », comme l’illustrent les récents revirements dans le « périmètre » artificiel de PSL. Bricolages, préservation d’espaces d’autonomie informels ou sous les radars, subversions ou refus des règles établies par les managers de la « recherche », blocages, sabotages, le répertoire d’action mérite d’être réexploré, discuté, étendu, pour qu’émergent de nouvelles stratégies et d’autres perspectives. Redonner des prises et retrouver du sens sont des priorités partagées dans de multiples univers professionnels. Peut-on les associer ou les faire converger avec des visions et des programmes qui assument leur charge politique ? Quels sont les échelles, les leviers, les ressorts de l’action et de la refonte collective de ce qui constitue un bien commun parmi les plus précieux : la création, la transmission et la mise en discussion des connaissances ? Le chapitre des bifurcations reste-t-il ouvert à l’espérance ?

Discussion animée par Francis Chateauraynaud (EHESS) et Arnaud Saint-Martin (CNRS et RogueESR) avec :

  • Johanna Siméant-Germanos (ENS) : « Où il ne suffit plus de ne pas être dupe». 
  • Bruno Andreotti (Université Paris 7) : « Rater encore. Rater mieux ».
  • Jean-Louis Bothurel (co-animateur du livret ESR de la France Insoumise) : « Économie de la connaissance et soumission du savoir ».

Textes en support : 

3 mai : Séance reportée à une date fixée ultérieurement Réformes anti-démocratiques et alignements en cascade dans l'ESR : Comment réinventer des prises critiques ?

  • II. Perspectives d'action à court et moyen terme aux différentes échelles

Cette deuxième séance du séminaire Politiques des sciences (la précédente ayant eu lieu le 5 avril dernier) a également pour premier objectif d’articuler un retour critique, collectif et polyphonique sur les luttes dans l’ESR. Depuis 2004, différents moments de mobilisation et de contestation ont marqué la mise en place des réformes, sans que les principaux concernés, chercheurs, enseignants, étudiants, praticiens des métiers multiples de l’ESR, aient pu infléchir ce qui apparaît de plus en plus comme un programme écrit de longue date. De multiples travaux, de nombreuses enquêtes collectives ont examiné en détail les transformations à l’œuvre et il nous a semblé important de faire un point sur plus d’une décennie de politique de l’ESR, pas seulement en France, tout en partageant des réflexions et des propositions sur les voies de sortie, de bifurcation ou d’inflexion disponibles ou à (ré)inventer collectivement. Actualiser l’inventaire des expériences de mobilisation et des enthousiasmes nés dans leur sillage – la plupart déçus – n’est pas un luxe, car la mémoire des luttes passées a tendance à se perdre. Elle se perd car ce qu’il reste de résistance à la destruction méthodique et anti-démocratique de l’ESR est en proie à l’usure et, surtout, à l’anéantissement par les alignements successifs, l’acceptation de nouvelles contraintes et la multiplication des arrangements et des compromis, qui prennent parfois l’allure de véritables compromissions. Il n’y a pourtant aucune fatalité ni « TINA », comme l’illustrent les récents revirements dans le « périmètre » artificiel de PSL. Bricolages, préservation d’espaces d’autonomie informels ou sous les radars, subversions ou refus des règles établies par les managers de la « recherche », blocages, sabotages, le répertoire d’action mérite d’être réexploré, discuté, étendu, pour qu’émergent de nouvelles stratégies et d’autres perspectives. Redonner des prises et retrouver du sens sont des priorités partagées dans de multiples univers professionnels. Peut-on les associer ou les faire converger avec des visions et des programmes qui assument leur charge politique ? Quels sont les échelles, les leviers, les ressorts de l’action et de la refonte collective de ce qui constitue un bien commun parmi les plus précieux : la création, la transmission et la mise en discussion des connaissances ? Le chapitre des bifurcations reste-t-il ouvert à l’espérance ?

Discussion animée par Francis Chateauraynaud (EHESS) et Arnaud Saint-Martin (CNRS et RogueESR) avec :

  • Mariannick Dagois (PRAG, Paris 8) : "SLU: l'association et son site, reflet ou acteur des mobilisations de l'Université?"
  • Christophe Granger (historien – Chercheur associé au Centre d’histoire sociale du XXe siècle, Paris 1 Panthéon-Sorbonne) : « Comment peut-on encore être universitaire : propositions pour ceux qui ne se résignent pas »
  • Patricia Pol (sciences de gestion, Université Paris-Est) : "Quelles alternatives pour un partage internationaliste des savoirs ? Sortons de nos séminaires"

Textes en support :

  • Christophe Granger, La destruction de l’université française, Paris, La Fabrique, 2015. En lien : « Dans les ruines fumantes de l’Université », par Jérôme Lamy et Arnaud Saint-Martin, Carnet Zilsel, 16 janvier 2016, https://zilsel.hypotheses.org/2380 
  • Patricia Pol, « Le débat universitaire en France », Revue internationale d’éducation de Sèvres [En ligne], 45 | septembre 2007, mis en ligne le 23 juin 2011, consulté le 26 avril 2018. URL : http://journals.openedition.org/ries/255 ; DOI : 10.4000/ries.255

24 mai : Réformes anti-démocratiques et alignements en cascade dans l'ESR : Comment réinventer des prises critiques ?

  • II. Perspectives d'action à court et moyen terme aux différentes échelles

Cette deuxième séance du séminaire Politiques des sciences (la précédente ayant eu lieu le 5 avril dernier) a également pour premier objectif d’articuler un retour critique, collectif et polyphonique sur les luttes dans l’ESR. Depuis 2004, différents moments de mobilisation et de contestation ont marqué la mise en place des réformes, sans que les principaux concernés, chercheurs, enseignants, étudiants, praticiens des métiers multiples de l’ESR, aient pu infléchir ce qui apparaît de plus en plus comme un programme écrit de longue date. De multiples travaux, de nombreuses enquêtes collectives ont examiné en détail les transformations à l’œuvre et il nous a semblé important de faire un point sur plus d’une décennie de politique de l’ESR, pas seulement en France, tout en partageant des réflexions et des propositions sur les voies de sortie, de bifurcation ou d’inflexion disponibles ou à (ré)inventer collectivement. Actualiser l’inventaire des expériences de mobilisation et des enthousiasmes nés dans leur sillage – la plupart déçus – n’est pas un luxe, car la mémoire des luttes passées a tendance à se perdre. Elle se perd car ce qu’il reste de résistance à la destruction méthodique et anti-démocratique de l’ESR est en proie à l’usure et, surtout, à l’anéantissement par les alignements successifs, l’acceptation de nouvelles contraintes et la multiplication des arrangements et des compromis, qui prennent parfois l’allure de véritables compromissions. Il n’y a pourtant aucune fatalité ni « TINA », comme l’illustrent les récents revirements dans le « périmètre » artificiel de PSL. Bricolages, préservation d’espaces d’autonomie informels ou sous les radars, subversions ou refus des règles établies par les managers de la « recherche », blocages, sabotages, le répertoire d’action mérite d’être réexploré, discuté, étendu, pour qu’émergent de nouvelles stratégies et d’autres perspectives. Redonner des prises et retrouver du sens sont des priorités partagées dans de multiples univers professionnels. Peut-on les associer ou les faire converger avec des visions et des programmes qui assument leur charge politique ? Quels sont les échelles, les leviers, les ressorts de l’action et de la refonte collective de ce qui constitue un bien commun parmi les plus précieux : la création, la transmission et la mise en discussion des connaissances ? Le chapitre des bifurcations reste-t-il ouvert à l’espérance ?

Discussion animée par Francis Chateauraynaud (EHESS) et Arnaud Saint-Martin (CNRS et RogueESR) avec :

  • Mariannick Dagois (PRAG, Paris 8) : "SLU: l'association et son site, reflet ou acteur des mobilisations de l'Université?"
  • Christophe Granger (historien – Chercheur associé au Centre d’histoire sociale du XXe siècle, Paris 1 Panthéon-Sorbonne) : « Comment peut-on encore être universitaire : propositions pour ceux qui ne se résignent pas »
  • Patricia Pol (sciences de gestion, Université Paris-Est) : "Quelles alternatives pour un partage internationaliste des savoirs ? Sortons de nos séminaires"

Textes en support :

  • Christophe Granger, La destruction de l’université française, Paris, La Fabrique, 2015. En lien : « Dans les ruines fumantes de l’Université », par Jérôme Lamy et Arnaud Saint-Martin, Carnet Zilsel, 16 janvier 2016, https://zilsel.hypotheses.org/2380 
  • Patricia Pol, « Le débat universitaire en France », Revue internationale d’éducation de Sèvres [En ligne], 45 | septembre 2007, mis en ligne le 23 juin 2011, consulté le 26 avril 2018. URL : http://journals.openedition.org/ries/255 ; DOI : 10.4000/ries.255

7 juin : La démocratisation de l’Université et de l’Éducation nationale condition de leur refondation

Dans un contexte marqué par la «guerre contre le terrorisme» et la banalisation de l’état d‘urgence, sévissent l’autoritarisme des pouvoirs publics et les violences sociétales. Dans l’Education nationale, les enseignant-e-s du primaire en résistance pédagogique n’ont pas été réhabilités malgré la reconnaissance de leur démarche. Les pétitions s’accumulent pour demander l’arrêt de poursuites disciplinaires pour cause de conflits du travail, voire des grèves de la faim et des suicides de professionnels.

À cette gestion brutale de personnels hautement qualifiés, s’ajoute un mépris fréquent de la représentation syndicale. Le décret d’application de la réforme des collèges a été publié le jour– le 19 mai 2015 – où une partie de la corporation (50 % en collège, selon l’intersyndicale) faisait grève et manifestait pour sa renégociation.

Pour avoir exprimé publiquement leur opposition à la loi sur le Travail (loi El Khomri), des lycéens ont fait l’objet de conseils de discipline. A l’Université, la mobilisation des étudiant-e-s et des enseignant-e-s à l’égard du dispositif Parcours Sup et de la loi relative à l’orientation et à la réussite des étudiants (ORE) a donné lieu à une répression de la part de présidents de Conseils universitaires et des forces de l’ordre, voire de commandos fascisants.

La promulgation de la loi Sécurité intérieure le 30 octobre 2017 parachève ce dispositif. Des fonctionnaires pourront être radié·e·s, au motif que leur comportement ne serait pas compatible avec leurs fonctions. Le régime policier qu’inaugure cette loi correspond dans les faits à des éléments programmatiques du FN.

En l’absence de véritable remédiation aux discriminations liées aux origines et aux échecs scolaires qui en résultent, au chômage de masse pour les jeunes, à la montée de l’extrême-droite dans l’électorat, incivilités et faits de violence de la part de publics scolaires se manifestent de manière toujours plus prégnante, singulièrement dans le secondaire.

L’absence de démocratisation de la gouvernance de l'Education Nationale et de promotion de ses ressources humaines est l'une des raisons du semi-échec de sa refondation (loi d’orientation et de programmation, 2013). Dans le même temps, la remise en cause des libertés académiques et la censure sur des sujets controversés se banalisent à l'Université, singulièrement dans le champ des sciences humaines et sociales. Ces politiques institutionnelles participent du déséquilibre du pays et de l’affaiblissement de l’Etat social et de droit, pendant que les pouvoirs régaliens (les forces de l’ordre) ont été accrus d'une manière significative.

Cette séance du séminaire « Politiques des sciences » portera sur le système managérial mis en place à l’Université et dans l’Education nationale, ainsi que sur les voies et moyens de la restauration des métiers et des conditions de leur exercice.

  • Bruno Andreotti (physicien, professeur à l’Université Paris Diderot, chercheur au laboratoire LPS de l’ENS et membre honoraire de l’Institut universitaire de France. Co-coordinateur du groupe Jean-Pierre Vernant), Analyser les processus de dépossession des universitaires: néomanagement et théorie du capital humain- Cas de Parcoursup et de la loi ORE
  • Eric Debarbieux (universitaire en sciences de l’éducation, président de l’Observatoire international de la violence à l’école et ancien délégué ministériel à la prévention de la violence scolaire), La condition enseignante dans le fonctionnement pyramidal de l’Education nationale
  • Martine Boudet (professeure agrégée de Lettres modernes, spécialiste d’anthropologie culturelle (académie de Toulouse), membre du Conseil scientifique d’Attac France- Coordinatrice de la séance), Eléments programmatiques pour la défense et la promotion du monde enseignant (Education nationale)

Références de lecture :

Sauvons l’Université (SLU) : « Violences policières (et autres) contre les manifestations et blocages étudiants (dossier, mars 2018) » http://www.sauvonsluniversite.fr/spip.php?article8203

Valluy Jérôme, « Libertés académiques bafouées : il faut réagir »
https://blogs.attac.org/commission-enseignement-recherche/article/libertes-academiques-bafouees-il-faut-reagir

14 juin : « HAL et les autres archives ouvertes : libre accès aux savoirs, centralisation des données et quantifications néo-managériales ou marketing académique ? » 

Interventions préliminaires :

  • Chloé Girard (sc.info-com / Paris 10),
  • Hugo Harari-Kermadec (sc.économique, ENS-Cachan),
  • Pablo Rauzy (sc.informatique / Paris 8),
  • Jérôme Valluy (sc.politique et sc.info-com / Paris 1, Costech-UTC)

Depuis un peu plus de vingt ans, la communication scientifique internationale ne cesse d’évoluer dans un contexte numérique où l’accès ouvert devient une valeur orientant les conceptions socio-techniques : archives ouvertes des chercheurs, revues électroniques et nouvelles offres éditoriales en accès ouvert… Simultanément la numérisation des publications scientifiques et didactiques, anciennes et récentes, accélère la marginalisation des formes anciennes d’éditions et bibliothèques liées à la technologie d’impression sur papier. Dans ce contexte, les établissements français d’enseignement supérieur et de recherche développent des plateformes institutionnelles de publication initiale et/ou réédition en accès ouvert aux finalités multiples : valorisation des activités internes, promotion de l’image d’établissement, concentration des (méta)données de la recherche, surveillance des chercheurs, accès aux ressources documentaires, libre accès aux savoirs… Sur impulsions de segments de la profession documentaliste et de dirigeants d’universités, bon nombre d’établissements  préparent des dispositifs  de dépôt en accès ouvert sur « archives institutionnelles »… en examinant deux solutions, qui n’en font souvent qu’une seule, favorisant la centralisation des données : 1) HAL ou 2) une archive locale connectée à HAL.  Cinq ans plus tôt, l’un de ses concepteurs indiquait sur l’évolution de HAL-SHS: « Même si HAL est un outil d’auto-archivage et non d’évaluation, il est de fait utilisé dans ce sens. » …ce qui ne va pas sans poser des problèmes, en SHS où les évaluations bibliométriques de chercheurs et équipes, comme quantifications néo-managériales utilisées en gestion des ressources humaines, sont très contestées depuis plus de dix ans. Par ailleurs, l’observation des dépôts sur HAL dans diverses disciplines font apparaître un grand nombre de fiches signalétiques sans texte intégral dont les finalités pourraient être tournées vers la promotion des publications plus que leur mise à disposition en accès ouvert. L’objet de cette séance du séminaire « Politiques des sciences » est de s’interroger sur l’évolution du système HAL dans le domaine des arts, lettres, sciences humaines et sociales ainsi que sur sa place actuelle tant vis à vis des débats sur le libre accès aux savoirs que des multiples dispositifs socio-techniques d’accès ouvert aux publications et de revenir à cette occasion sur des enjeux connexes plus anciens et toujours essentiels de concentration de données et quantifications néo-managériales.

Textes des intervenants :

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Intitulés généraux :

  • Claude Calame- Littérature et société en Grèce ancienne
  • Francis Chateauraynaud- Modèles sociologiques pour l’analyse des processus de mobilisation
  • Sophie Desrosiers- Textiles et sociétés
  • Christian Topalov- La ville : sciences, pouvoirs, sociétés
  • Renseignements :

    contacter Michel Barthélémy ou Sophie Desrosiers.

    Direction de travaux d'étudiants :

    Michel Barthélémy, sur rendez-vous uniquement.

    Réception :

    Michel Barthélémy sur rendez-vous.

    Niveau requis :

    le séminaire est ouvert à toutes les personnes intéressées.

    Site web : http://pds.hypotheses.org

    Adresse(s) électronique(s) de contact : michel.barthelemy(at)ehess.fr, sophie.desrosiers(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Le séminaire poursuit sa réflexion critique autour de la mise en question de l’université comme lieu de production et transmission de savoirs spécifiques au profit de sa transformation en instrument d’une « économie de la connaissance ». Le séminaire a reçu Jean-Claude Milner pour analyser cette question et celle de la marge de manœuvre étroite que la transformation de fond que subissent les structures et les pratiques institutionnelles de l’enseignement supérieur et de la recherche laisse encore subsister dans ses marges pour permettre au principe de l’Université de survivre, dans une logique de résistance, y compris contre elle-même et ses frontières académiques internes en partie artificiellement constituées. Sophia Stavrou, quant à elle, a présenté le résultat de recherches empiriques conduites auprès de différents établissements universitaires et de ses acteurs, à différents niveaux. Elle décrit la manière dont la disciplinarisation des acteurs de l’université est conduite à travers ce qu’elle qualifie de « pédagogisation » des universitaires appelés à reconsidérer leurs pratiques professionnelles et à les évaluer sous l’angle des critères du nouveau management public, issus des entreprises du secteur privé. La dépossession des universitaires en tant que communauté spécifique auto-organisée, des modalités d’évaluation endogènes de ses pratiques de recherche et de formation au profit d’entités mettant en avant d’autres considérations que celles forgées dans le monde académique, va de pair avec la moindre participation des membres de la communauté universitaire dans les instances de décision des établissements eux-mêmes. L’équipe de « Qui gouverne la science ? » présente l’état de ses travaux sur les instances et les acteurs, provisoires ou permanents, de l’évaluation du monde académique, instances issues des « réformes » de l’enseignement supérieur et de la recherche engagées depuis les années 2000. Les chercheurs invités par Arnaud Saint-Martin et Francis Chateauraynaud s’interrogent sur les prises critiques qu’il demeure possible aux membres de la communauté universitaire d’inventer pour lutter contre les effets qu’ils jugent néfastes pour l’université, la recherche et la formation, des réformes néolibérales en cours. Martine Boudet et ses invités abordent la question de la démocratie à défendre et renouveler dans le champ de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur. Cependant que Jérôme Valluy et ses invités débattent de la question de l’édition numérique dans le champ académique. Les enregistrements audio des séances sont à retrouver sur le site https://pds.hypotheses.org/

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 8 juin 2018.

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