Cet enseignant est référent pour cette UE
S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.
1er, 3e et 5e mardis du mois de 19 h à 21 h (salle 8, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 21 novembre 2017 au 29 mai 2018
Nous poursuivrons, pour la deuxième année, le programme d'une réflexion renouvelée sur la question de l’hospitalité, celle qui revient quand, à l'occasion des crises migratoires ou crises de l'asile, « on ne comptait plus sur elle » (R. Scherer). Ce retour et ses divers contextes, situations et justifications, peuvent se lire comme les prémices d'un nouvel ajustement entre mobilité et (multi-)localité. Au-delà de la polémique entre les valeurs et émotions humanitaires et sécuritaires, au-delà de la contradiction entre la « classe des locaux » et celle des « mondiaux » (Z. Bauman), il s'agira de penser la complexité du lien entre les ancrages et les mobilités, sans écarter pour autant la question de l'(in)égalité, posée par la situation contemporaines des migrants précaires. C'est ce qui fait du "droit à la mobilité" une question cruciale dans la perspective d'un « droit mondial » ou d'une « citoyenneté universelle » au-dessus ou à côté des droits nationaux (M. Delmas-Marty, M. Chemillier-Gendreau). Le droit à l'hospitalité (en tant que politique) serait donc la fin de l'hosipitalité (en tant que dépendance hiérarchique locale) au moment où s'établit un nouvel espace social, cosmopolite et décentré, qui fait de la mobilité la condition première de l'expérience du monde.
C’est ce qui nous amènera à interroger aussi la place axiale qu’occupe « l’étranger » − celui qui devient « l'hôte » dans la relation instituée par l’hospitalité du point de vue anthropologique, celui qui disparaît comme autre absolu et imaginaire (« alien ») dans la géopolitique contemporaine, ou celui qui revient comme condition la plus universelle du monde saisi par l'anthropologie.
Nous continuerons à étudier les conditions concrètes dans lesquelles l’hospitalité se déploie, à observer et comparer des situations d’hospitalité dans leurs contextes, analyser la relation d’échange qu’elle enclenche, comprendre où elle commence et quand elle s’arrête, comparer différents statuts d'étranger dans l'histoire et dans le monde contemporain. Des enquêtes de terrain (notamment en lien avec le programme ANR Babels – Ce que les villes font aux migrants, ce que les migrants font à la ville) et des dialogues entre anthropologues, sociologues, philosophes et historiens nourriront la réflexion.
19 décembre 2017 : Sari Hanafi (professeur de sociologie à l'Université américaine de Beyrouth), « La réponse des pays arabes du Golfe à la crise des réfugiés syriens : faits, débats et fatwas »
« Dans les études sur la migration, il y a une lamentation générale de l'érosion de la ‘politique de la compassion’ et du développement de ce que Hannah Arendt (1991) et Rony Brauman (1996) ont appelé la ‘politique de la pitié’ qui a remplacé la compassion, l'empathie et la justice. La pitié comme une convention sociale se produit à distance, alors que la compassion a lieu lorsque la personne qui ne souffre pas est devant la personne qui souffre. Cette conception serait la meilleure pour décrire la réponse des pays arabes du Golfe face à la crise des réfugiés syriens.
Je vais d'abord examiner les statistiques qui contredisent les déclarations officielles des pays arabes du Golfe concernant le nombre de réfugiés syriens qui résident dans leurs pays. Ensuite, je vais examiner brièvement les débats en faveur et à l'encontre des réfugiés syriens dans les sociétés du Golfe à travers les médias conventionnels et sociaux. Enfin, grâce à l'analyse des fatwas émis depuis 2011, je soutiendrai que le paysage des scripts religieux fournit des messages contradictoires sur les migrations, les modes d'incorporation des migrants et l'hospitalité. Trois écoles des Fatwas vont être analysées »
Sari Hanafi est professeur de sociologie à l'Université américaine de Beyrouth (AUB) et rédacteur en chef de Idafat, revue arabe de Sociologie. Il a été directeur du Centre palestinien sur les réfugiés et la diaspora (Shaml). Depuis 2011, il est vice-président de l’Association Internationale de Sociologie. Il a effectué ses travaux dans le domaine de la sociologie des migrations, la sociologie politique, la politique de la recherche, et la sociologie de la religion. Il est l'auteur de nombreux articles et de dix livres. Son dernier ouvrage (co-rédigé avec Rigas Arvanitis) porte sur la recherche dans le monde arabe et le Liban : Knowledge Production in the Arab World: The Impossible Promise, 2016, Routledge (anglais) et Center of Arab Unity Studies (arabe).
16 janvier 2018 : Alessandro Monsutti (anthropologue, professeur à l’Institut des Hautes études internationales et du développement, IHEID, Genève), « Les désillusions de l’hospitalité ou la mobilité comme acte politique »
Les réactions de certaines franges de la population européenne face à ce qui a été dénommé la « crise migratoire » a mis à mal les idéaux d’hospitalité hérités des Lumières. En s’appuyant sur une recherche ethnographique itinérante conduite parmi les requérants d’asile et réfugiés afghans, on se demandera si la mobilité des segments les plus défavorisés de la population humaine n’offre pas un témoignage de l’immoralité du monde dans lequel nous vivons.
6 mars 2018 : Mireille Delmas-Marty (juriste, professeur émérite au Collège de France), « L'hospitalité peut-elle devenir un principe juridique ? »
Mireille Delmas-Marty est professeur émérite au Collège de France (chaire « Études juridiques comparatives et internationalisation du droit »). Elle a notamment publié Résister, responsabiliser, anticiper ou comment humaniser la mondialisation (Seuil, 2013) et Aux quatre vents du monde. Petit guide de navigation sur l’océan de la mondialisation (Seuil, 2016).
3 avril 2018 : Marjorie Gerbier-Aublanc (chercheure postdoctorale, EHESS-Babels-Ville de Paris), « L’hospitalité comme épreuve. L’hébergement de migrant.e.s chez des particuliers en région parisienne »
Depuis 2015, en raison de l’actualité des politiques migratoires, l’hébergement de migrant.e.s chez des particuliers a pris de l’ampleur et ses multiples formes ont gagné en visibilité dans les médias. Dans cette présentation, je m’intéresserai aux pratiques d’hébergement qui se sont développées dans le cadre de programmes associatifs et de collectifs citoyens à Paris et en Ile-de-France. Partant d’une enquête socio-ethnographique effectuée entre janvier et novembre 2017, je propose de discuter deux représentations de la relation d’hospitalité. D’une part, dans leur grande générosité, nombre d’hébergeurs défendent l’inconditionnalité de l’accueil proposé à leur domicile. D’autre part, les coordinateurs de programmes tendent à présenter l’accueil de migrant.e.s aux hébergeurs potentiels comme un événement sans incidence sur leur vie ordinaire. Croisant ces discours avec les entretiens et observations réalisés auprès de particuliers hébergeurs et de personnes hébergées, je montrerai que ces représentations s’avèrent illusoires et que la relation d’hospitalité peut être vécue comme une épreuve par ses différents protagonistes.
29 mai 2018 : Simona Cerutti (directrice d’études de l’EHESS, CRH-LaDéHiS), « Étrangers à quoi ? Réflexions autour des conditions d'extranéité dans les sociétés de l'époque moderne »
La pluralité des significations attachées à la notion d'étranger dans les sociétés de l'époque moderne, tient moins à une supposée polysémie du terme qu'à la pluralité d'instances sociales productrices d'appartenance. On ne s'intègre pas à la société « en général », mais plutôt à un groupe, à un corps, à une formation sociale. Le séminaire essayera de reconstituer cette pluralité de conceptions de l'extranéité en s'appuyant sur des études de cas, où la comparaison entre le nord et le sud de la Méditerranée joue un rôle important.
Mots-clés : Anthropologie, Anthropologie culturelle, Anthropologie sociale, Architecture, Circulations, Citoyenneté, Comparatisme, Culture, Développement, Dynamiques sociales, Enquêtes, Épistémologie, Espace, État et politiques publiques, Éthique, Ethnographie, Ethnologie, Globalisation, Gouvernance, Migration(s), Monde, Politique, Spatialisation, territoires, Transnational, Urbaines (études),
Aires culturelles : Afrique, Amérique du Sud, Amériques, Arabe (monde), Atlantiques (mondes), Contemporain (anthropologie du, monde), Europe, France, Méditerranéens (mondes), Transnational/transfrontières,
Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Intitulés généraux :
Renseignements :
contact par courriel.
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous uniquement.
Niveau requis :
étudiants en master et doctorat, élèves et auditeurs libres.
Site web : http://www.iiac.cnrs.fr/spip.php?page=article-annuaire2&id_article=1812
Site web : https://ehess.academia.edu/MichelAGIER
Adresse(s) électronique(s) de contact : agier(at)ehess.fr
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 26 mai 2018.